Alerte à la bombe dans les aéroports : la galère des vacances annulées et pas remboursées (ou presque)

Une centaine d'alertes à la bombe a été recensée depuis la mi-octobre dans les aéroports français. Quatre dans le seul aéroport de Bâle-Mulhouse : stress, vacances de la Toussaint gâchées et galère des passagers pour se faire rembourser les frais. Témoignage d'une mère de famille et conseils.

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Leur vol pour Ténérife devait décoller à 13h05, le jeudi 26 octobre. Mais une alerte à la bombe à l'aéroport de Bâle-Mulhouse a tout gâché. L'avion de Marie-Catherine, de son mari et de leurs trois adolescents, est resté cloué au sol avec trois cents autres passagers à bord, pendant quatre heures.

"On savait qu'il y avait eu déjà trois alertes à la bombe à Bâle-Mulhouse, dans les quinze jours précédents, mais on ne pensait pas qu'il y en aurait une le jour où on devait partir." explique Marie-Catherine qui avait réservé cinq billets d'avion aller-retour pour sa famille, un appartement en Airbnb (location de vacances) pour une semaine et une voiture de location sur place, à Ténérife.

"L'embarquement était presque terminé" se souvient Marie-Catherine,"il manquait seulement une dizaine de passagers dans l'avion, quand le pilote nous a informés qu'il y avait une alerte à la bombe dans l'aéroport."

À partir de ce moment-là, plus moyen pour eux d'avoir des informations précises. "À travers les hublots, on voyait le tarmac se vider, mais on s'est dit que le décollage aurait quand même lieu. Quand on demandait aux hôtesses comment la situation évoluait, elles nous répétaient qu'il fallait patienter."

Au bout de trois heures et demie, le pilote leur annonce que le vol est annulé et qu'ils doivent quitter l'avion. Partout on entendait : "Il faut qu'on annule ceci, il faut qu'on annule cela". Pour certains passagers, une partie de la famille était déjà arrivée sur place, l'autre était bloquée dans cet avion. D'autres encore, habitants de Ténérife, cherchaient désespérément à rentrer depuis une dizaine de jours. Ils avaient déjà eu droit à la précédente alerte à la bombe à l'aéroport de Bâle-Mulhouse.

"On a conscience qu'il existe des situations beaucoup plus graves actuellement, mais on voudrait quand-même se faire rembourser les frais de ces vacances, qu'on n'a pas eues."

Marie-Catherine, privée de vacances suite à une alerte à la bombe à l'aéroport

Finalement, au bout de quatre heures, tous ont été évacués par bus, puis déposés sur des parkings à une dizaine de kilomètres de Bâle. D'où ils ont dû revenir pour récupérer leur voiture, une fois l'aéroport rouvert.

Ces passagers sont bien conscients que leur situation n'est pas parmi les plus graves actuellement. Mais ils voudraient quand même récupérer l'argent qu'ils ont dépensé, sans rien avoir en retour, excepté des tracas et des vacances annulées.

La galère des remboursements

"J’ai écrit à la plate-forme Airbnb, qui m'a répondu que l'alerte à la bombe n'était pas leur problème, qu'il y a des délais d'annulation avant une date de location, et que le jour même, il n'y a plus de remboursement." Pour la famille de cinq personnes de Marie-Catherine cela représente 2000 euros.

"On avait aussi réservé une voiture pour 270 euros. La compagnie de location de véhicules nous a remboursé 70 euros. Mais ça fait 200 euros de perdus. 

L'assurance de leur carte bleue ne veut pas non plus prendre en charge les frais d'annulation, pour motif qu'il n'y a eu ni décès, ni maladie, ni cas de force majeure. "Elle nous répond que cela relève de la responsabilité de l’aéroport."

La mère de famille a donc essayé de contacter l'aéroport de Bâle-Mulhouse : "L'aéroport est notre dernier recours, mais leur boîte aux lettres électronique est saturée." Également contacté par France 3 Alsace, le service de communication de l'aéroport de Bâle-Mulhouse affirme ne pas avoir eu connaissance de ce genre de demande, après l'annulation d'un vol à cause d'une alerte à la bombe. 

Quels recours dans ces situations? 

Contacté par France 3, un conseiller de la chambre de consommation d'Alsace et du Grand Est explique que "Dans ce cas de figure, tout réside dans la qualification de l'événement. Est-il qualifié ou non de cas de force majeure ? En conséquence, il y aura ou pas de prise en charge."

Pour être considéré comme cas de force majeure, un événement doit cumuler trois conditions :

  • L'extériorité : le motif doit venir de l'extérieur, il échappe au contrôle des personnes concernées
  • L'imprévisibilité, on ne peut pas le prévoir 
  • L'irrésistibilité, il est insurmontable.

Une attestation de l'aéroport, certifiant que l'avion ne pouvait pas décoller, pourrait peut-être déclencher la reconnaissance de cas de force majeure, pour certaines assurances. D'autres pourraient, selon le juriste de la chambre de consommation, demander que ce soit un tribunal qui juge s'il y avait ou non, cas de force majeure. Celui-ci vérifiera alors si l'aéroport a décidé lui-même d'annuler le vol ou s'il a eu des ordres d'une instance supérieure, comme la préfecture. Les passagers ne sont probablement près de voir leur argent. "Cela peut durer des mois" précise-t-il. 

Reste pour chacun, la possibilité de vérifier avec son assurance personnelle (de responsabilité civile), si la protection juridique peut l'aider dans ses démarches. Autre possibilité encore, le regroupement de victimes, pour faire les demandes à plusieurs et avoir davantage de poids. 

Seul point positif relevé par la famille de Marie-Catherine : "En trois jours, Easy jet nous a remboursés l'aller-retour, soit 1070 euros, sans faire d'histoire." reconnaît soulagée la mère de famille.

Une épopée qui a fini par des vacances à domicile, pour elle, son mari et leurs trois adolescents. "Après avoir dormi chez mes parents en Alsace (tout le monde n'a pas eu la chance d'être hébergé gratuitement), on est rentré à la maison, à Dijon. On avait les maillots de bain dans la valise et on a passé la semaine en bottes et en cirés, sous la pluie."

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