Dans un documentaire de 54 minutes, l'ancien pilote alsacien Cyril Jeanniard nous emmène à bord d'un Vespa un peu spécial. Sa destination s'appelle Laurent, un homme dont il a trouvé les papiers d'identité dans un sac acheté au marché aux puces en 2016.
Ancien pilote de rallye-raid, le Colmarien Cyril Jeanniard a réalisé son premier film, "Laurent". L'histoire d'une carte d'identité datant de 1994, et dont il cherche à retrouver le propriétaire, à bord d'un engin entre le Vespa et le side-car.
L'histoire commence en 2016, quand Cyril Jeanniard achète un sac à dos dans un marché aux puces. Jusqu'ici, le récit peut paraître tout à fait normal. Sauf qu'un an plus tard, ce passionné de moto retrouve dans ce sac un portefeuille avec à l'intérieur, les papiers d'un certain Laurent. Le document date de 1994, attire la curiosité du pilote de moto, mais reste sur un coin de son bureau.
"Avant cette découverte, j'avais l'habitude de faire chaque année un périple en mobylette, avec à chaque fois un objectif : aller à la mer, faire de la pétanque...", explique l'ancien pilote, qui perd l'usage de ses jambes dans un accident au Dakar, en janvier 2018.
Aucune recherche sur internet
Après son accident, Cyril Jeanniard retombe sur ce fameux portefeuille : "Je me suis dit que ça pouvait faire un sujet. C'était évident : bien sûr, je vais lui ramener en mobylette!", se souvient-il.
C'est alors que démarre la conception d'un projet fou, celui de retrouver ce fameux Laurent, avec le peu d'indices qu'il a en sa possession, à savoir le nom de Laurent et une adresse : "Il était au lycée à l'époque du document. Et j'ai fait l'effort de ne rien rechercher sur internet, j'ai voulu tout faire en mobylette."
Je me suis dit que je n'étais pas à l'abri d'une belle histoire. Alors j'ai décidé de filmer mon voyage.
Cyril Jeanniard
En cherchant un side-car pour son trajet, Cyril Jeanniard tombe sur un Vespa-side sur la Côte-d'Azur. Après six mois à l'aménager à la main en fonction de son handicap, le voici fin prêt pour rendre à Laurent ce fameux portefeuille. Le Vespa n'étant pas assez robuste pour faire toute la route, le Colmarien emmène avec lui un ami, Didier, ainsi que cinq caméras...
"Avant de partir, je me suis dit que je n'étais pas à l'abri d'une belle histoire. Alors j'ai décidé de filmer mon voyage", ajoute le pilote de 50 ans. Après avoir trouvé un monteur de Saint-Étienne (Loire) "sur Leboncoin", Cyril a appris comment filmer, lui qui n'avait jamais fait de vidéo.
Neuf jours condensés dans 54 minutes
C'est ainsi que du 14 au 23 juin 2021, il a filmé des heures et des heures de son périple : "Je suis d'abord parti en direction de l'adresse inscrite dans ses papiers, sûrement celle de ses parents à l'époque, dans le nord de l'Alsace. La maison était vendue depuis vingt ans, mais les propriétaires actuels ont contacté le père de Laurent."
Cyril Jeanniard apprend alors que Laurent travaille aujourd'hui dans un palace en Suisse : "Nous sommes donc partis en direction de Berne, à travers l'Alsace et le Jura. À dix kilomètres de l'arrivée, on tombe en panne vers un restaurant. Et il s'avère que le patron connaissait le responsable du palace où travaille Laurent", s'amuse-t-il.
Au total, Cyril et son ami auront parcouru 650 kilomètres : "C'est sûr qu'il y a moins de route entre Colmar et Berne. Mais avec tous les détours et les pannes, on a fait du chemin!"
Aujourd'hui, le film a fini d'être monté et n'est pas encore disponible au public. Cyril Jeanniard l'a proposé à plusieurs festivals et chaînes de télévision, et espère faire une avant-première dans un cinéma avec tous ceux qui ont participé de près ou de loin au projet : "Laurent va bien sûr venir voir le film, ses parents aussi", se réjouit-il.
J'ai appris qu'au-delà des paysages ou autres, le voyage, c'est les gens.
Cyril Jeanniard
Pour Cyril Jeanniard, ce film est "une micro-aventure en bas de chez soi". "Je ne m'attaque pas à nettoyer le camp de base de l'Everest. Mais j'ai appris qu'au-delà des paysages ou autres, le voyage, c'est les gens."
En attendant de pouvoir diffuser son film de 54 minutes, le Colmarien réfléchit déjà à un nouveau projet. Celui d'un "docu-stop" dans lequel il rejoindrait la mer, cette fois-ci seul, ou presque...