Arnaud Boissières, le skippeur de la Mie Câline qui devait boucler son cinquième Vendée Globe a démâté, jeudi 30 janvier, au large des îles du Cap Vert.
Le bateau est sécurisé. Mais le Vendée Globe d'Arnaud Boissières, skippeur de La Mie Câline, ne l'est pas du tout. Jeudi 30 janvier au matin, son bâteau a démâté à 2 500 milles de l'arrivée, au large du Cap Vert. "Mon Vendée Globe s'arrête là, putain !", a-t-il lancé, dépité, dans une vidéo publiée ce matin.
Les conditions de navigation subies par le navigateur au moment du drame étaient rudes. "On est dans les alizés", prévenait-il dans une vidéo prise dans la nuit, alors que son bateau se trouvait au beau milieu de l'Atlantique.
C'est la loose, c'est la misère... Je viens de démâter !
Arnaud Boissières
"C'est pas le moment le plus sympa, ça craque de partout, ça fait du bruit, je ne sais pas comment faire pour essayer de dormir tout à l'heure. Ce n'est pas facile". À ce moment-là, "Cali" semblait encore pouvoir s'en sortir, attendant la traversée de la tempête. "Encore trente-six heures comme ça", craignait-il, en plein dans la houle, dans un brouhaha effrayant.
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Comment a-t-il démâté ?
Mais le navigateur a visiblement démâté entre-temps. "C'est la loose, c'est la misère... Je viens de démâter. Il y a tout qui est en vrac !", lance-t-il encore dans une nouvelle vidéo, où l'on aperçoit son mât complètement décroché, sa voile flottant dans l'eau. Dans son malheur, Arnaud Boissières a néanmoins réussi à sécuriser son bateau, nous affirme son équipe. "Il a démâté dans des conditions de vent assez soutenues, dans un angle de vent où le bateau est rapide et où les vagues étaient assez formées et surtout de face", nous explique Hubert Lemonnier, le directeur de la course.
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Pourra-t-il terminer son cinquième Vendée Globe consécutif ?
C'est tout de même un gros coup dur pour celui qui est le seul à avoir terminé quatre fois la course de façon consécutive. Il pourrait ne pas réaliser un cinquième exploit. Il se trouvait à la 27e position au moment de l'accident. On l'attendait sur la ligne d'arrivée entre le 8 et le 9 février.
Jeudi après-midi, le Sablais d'adoption, présent sur le Vendée Globe à chaque édition depuis 2008, n'avait pas déclaré l'abandon. Il pourrait tout de même bien tenter de terminer la course.
"Ça va être compliqué pour lui de continuer la course, mais on sait qu'il a pu sécuriser quelques éléments de son bateau, pour pouvoir éventuellement faire un gréement de fortune (baume, voile, out rigger, et liberty kite, une espèce de cerf-volant qui sert à avancer en cas d'avarie)", indique Hubert Lemonnier.
Mais cette neuvième voile de secours ne doit en principe pas être utilisée en course : si Arnaud Boissières l'utilise, il s'expose à des réclamations, et donc à une disqualification.
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Quelles sont les options qui s'offrent à lui, s'il décide de ne pas abandonner et donc de ne pas bénéficier d'une assistance ?
"Une fois que le skippeur aura fait un état des lieux plus complet de son bateau, il aura l'option de faire route vers la terre la plus proche : les alizés de Nord-Est vont l'emmener naturellement vers les Antilles, en une dizaine de jours, mais s'il arrive à naviguer à la voile, il pourrait essayer de remonter un peu au vent vers les Açores, et peut-être, si tout allait bien, vers les Sables d'Olonne !", liste le directeur de course.
Naviguer avec un gréement de fortune pourrait néanmoins mettre un certain nombre de temps. Si cela s'est déjà produit, le bateau de La Mie Câline est quand même loin de l'arrivée. "S'il arrive aux Açores, il pourrait pourquoi pas réussir à réparer ou à trouver un mât, et à continuer vers la France." La suite de la course nous le dira.
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