Il ne faut pas se fier à la douceur printanière de ces derniers jours. Un net rafraichissement est prévu à partir de mercredi, avec le retour de gelées matinales le week-end prochain. Un scénario que les producteurs de fruits de la région surveillent de près.
A Bolsenheim, dans le verger de Jean-Marie Keller, tous les arbres sont en fleurs : les pommiers, poiriers, cerisiers, pêchers, abricotiers. En tout, une quarantaine d’arbres chez cet arboriculteur amateur, secrétaire général de la Fédération des producteurs de fruits du Bas-Rhin. « Le spectacle est magnifique » dit-il. Mais il tempère aussitôt « Comme le dit ma belle-mère, on les voit fleurir, mais on ne sait pas ce qu’on va récolter »
Effectivement, il suffirait de quelques fortes gelées, à -3 ou -4°C pour que les bourgeons brûlent. « Que voulez-vous, on prend ce que la nature nous donne » philosophe-t-il.
La faute au changement climatique ?
Les gelées tardives sont toujours possibles. « Mais là, c’est la série noire, reconnait Hervé Bentz, responsable du verger expérimental d’Alsace, le Verexal, qui fonctionne comme un centre de référence pour la filière. Nous avons eu de très fortes gelées en 2017, puis en 2019, 2020, 2021. On aimerait bien que ça se calme un peu »
Pour cette année, c’est surtout le printemps précoce qui a sonné l’alerte dans les vergers « Le coup de chaud a fait galoper la nature, explique Hervé Bentz. D’habitude, les pommiers n’arrivent à ce degré de floraison que vers le 15 avril. Mais là, avec le rafraichissement annoncé, ça va sans doute freiner les choses, et on va revenir à une évolution normale ».
Pour l’instant, tout va bien
Malgré la chute prévue du mercure, il n’y a pas encore péril en la demeure. Surtout si la période de gel ne dure pas trop longtemps, et si le thermomètre reste aux alentours de 0 ou -1°C. Les fleurs supportent ces températures selon Hervé Bentz. "En revanche, plus on avancera dans la saison, et plus ce sera compliqué, car les petits fruits sont plus fragiles que les fleurs »
C’est précisément ce qui s’était produit l’an dernier. Des gelées début avril, et surtout, un temps maussade, froid, et humide qui s’est installé pendant plusieurs semaines. Les végétaux se sont quasiment mis en dormance, les petits fruits n’étaient plus nourris. « Hors, c’est comme pour un nouveau-né, vous le privez de nourriture, il ne survit pas » résume Hervé Bentz.
L’an dernier, ce sont surtout les abricotiers qui ont été victimes du mauvais temps. Quasiment aucune production. Mais c’est tout l’inverse cette année. Le potentiel est énorme, car les arbres qui n’avaient rien donné se sont bien reposés, et la récolte promet d’être abondante. Sauf nouveau caprice de la météo.