Des températures négatives sont annoncées pour le mardi 6 avril. Dans les vergers, comme celui de la famille Dettling à Westhoffen (Bas-Rhin), on se prépare à affronter le gel avec inquiétude.
Dernier jour de mars 2021. Des records de chaleur sont enregistrés en Alsace. Moins d'une semaine après, ces températures printanières très élevées vont redescendre sous le zéro.
Météo Suivi Alsace (MSA) annonce sur Twitter des températures minimales comprises entre -7 et -2°C (voir ci-dessous). Les gelées devraient faire leur apparition le mardi 6 avril. Elles devraient durer deux jours.
Dimanche de Pâques ensoleillé, avant une détérioration des conditions météo dès lundi (retour de la pluie, vent compris entre 40 - 60 km/h et refroidissement marqué à l'arrière du front). Risque de gel entre mardi et jeudi ( mauvaise nouvelle pour les arbres fruitiers notamment). pic.twitter.com/edpbfImQK7
— Météo Suivi Alsace (@msa6768) April 3, 2021
Ce gel est qualifié de "mauvaise nouvelle pour les arbres fruitiers". Lesquels ont beaucoup bénéficié de l'ensoleillement et des températures clémentes de la mi-mars.
À la ferme Dettling, à Westhoffen (Bas-Rhin, voir sur la carte ci-dessous), on ne cache pas son inquiétude. L'exploitation agricole est connue dans toute la région pour ses nombreux vergers de poires ou de cerises.
"Le gel fait éclater les cellules des fruits", explique Daniel Dettling à France 3 Alsace. "On nous annonce du -2, alors qu'on a encore de jeunes fruits. À ce stade, on est en pleine floraison." Et le gel peut détruire les fragiles pistils et étamines de ces fleurs. Selon les espèces, la destruction de la fleur fera qu'il n'y aura aucun fruit, ou alors "juste" un rendement moindre.
En 2020 aussi, il avait fallu lutter contre les gelées, qui avaient fait "d'énormes dégâts". L'un des principaux moyens de lutte avait été... la bougie. "On avait reçu une alerte de notre service météo. On s'était levé à 2 heures du matin pour allumer des grandes bougies sous les arbres, disposées à l'avance." Selon le vent ou la couverture nuageuse, les 300 bougies peuvent permettre de gagner trois à quatre degrés. Coût "non-négligeable" de l'opération : 3.000 euros pour espérer sauver la récolte.
Les réjouissances de Sainte-Sophie
Une autre méthode existe, mais dépend de l'irrigation. "Et on n'a pas accès à beaucoup d'eau dans ce secteur, donc on ne peut pas." Asperger les fruits avec de l'eau va permettre de former une croûte de glace qui, paradoxalement, va les protéger du froid mordant.
"On est inquiets. On attend la Sainte-Sophie - c'est le 25 mai - pour ne plus avoir de gelées." Toute la production fruitière ne pourra pas être sauvée, aussi priorité est donnée aux espèces "à forte valeur ajoutée" : poires, pêches, abricots, cerises. Il y aura des pertes en ce qui concerne les pommes.
"Nous ne sommes pas tous égaux : certains secteurs alsaciens sont totalement épargnés et ont de très bons rendements. Pas nous." Et une fois que le gel n'est plus un problème, c'est la sécheresse dont il faut tenir compte. "Ce n'est pas facile, mais c'est comme ça", déclare Daniel Dettling.