Rund Um. Avec la crise sanitaire, des restaurateurs ont exploré de nouvelles pistes pour atteindre leur clientèle. A Mertzwiller et Wilwisheim, des restaurateurs ont décidé d'installer des distributeurs automatiques de pizzas ou de plats cuisinés le long de routes passantes et et sur les parkings de zones commerciales.
Franck Labbé teste une dernière fois sa recette de "Biewespaetzle", une recette de sa grand-mère à base de pommes de terre cuites et crues, le gnocci alsacien. Ce plat très prisé par sa clientèle, fait partie des plats qu'il proposera dans le distributeur automatique installé devant son restaurant, "Le Relais du bois", à Mertzwiller. D'autres plats qui figurent sur sa carte seront ainsi proposés 24 heures sur 24. "On y trouvera notre cordon bleu, les Dàmpnudle, des burgers..., poursuit Franck Labbé. L'avantage de ces distributeurs c'est que les clients vont y trouver les plats qui sont sur notre carte à toute heure du jour et de la nuit. Ce n'est pas une concurrence du restaurant, c'est un plus destiné notamment aux personnes qui travaillent en équipe, rentrent tard le soir ou n'ont pas le temps de cuisiner parce qu'ils sont en télétravail".
Franck Labbé a déjà eu l'occasion de tester un premier distributeur. Installé à l'entrée de son village, il propose des pizzas faites maison, froides à réchauffer chez soi ou chaudes, chauffées par un four intégré au distributeur à raison de 50 centimes supplémentaires. "Il faut compter de 60 à 70 000 euros pour un distributeur. C'est un investissement équivalent à l'ouverture d'un nouveau restaurant par exemple", précise Franck Labbé.
L'installation de deux distributeurs a été mûrement réfléchie par ce jeune restaurateur durant le confinement. "Nous avons fait des repas à emporter pendant tout le covid. Aujourd'hui, nos clients fidèles reviennent au restaurant, mais pas tous. Certains ont beaucoup investi dans leur intérieur et préfèrent rester chez eux. C'est à eux aussi que s'adresse cette nouvelle offre".
Pour faire face au travail supplémentaire que représente la préparation des plats pour les distributeurs, Franck Labbé a embauche deux personnes: une cuisinière ( ancienne infirmière reconvertie à la cuisine) ainsi qu'un pizzaïolo. "Ces salariés travaillent en journée, ils n'ont pas d'horaires décalés. C'est bien pour eux, pour leur qualité de vie, et c'est bien pour nous d'avoir une main d'oeuvre motivée".
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30 kilomètres plus au sud, à Wilwisheim, un distributeur bleu a été installé sur un parking de boutique bio il y a quinze jours seulement par Jean Jenner. "Nous n'avons pas encore eu le temps de finaliser l'habillage du distributeur et de mettre notre logo", nous explique ce jeune homme de 25 ans. "J'ai une application qui me permet de vérifier où en sont mes ventes, ce qui reste dans le distributeur. Si jamais quelqu'un d'autre que moi s'amuse à ouvrir le distributeur, je suis prévenue par une alarme".
En 2020, Jean Jenner rejoint l'entreprise fondée par ses parents...au pire moment. La Maison Jenner, spécialisée dans l'organisation de mariages et d'évènements, voit son carnet de commandes fondre comme neige au soleil au fur et à mesure du renforcement des mesures sanitaires. "Nous avons d'abord essayé de tenir en faisant de la livraison de repas à domicile, nous explique Marie-Paule Jenner. Et quand Jean nous a rejoint, il nous a parlé des distributeurs. Il nous a dit que les jeunes étaient très friands de ce mode de consommation. J'étais très sceptique. Mais je dois dire aujourd'hui qu'il avait raison".
Jean Jenner n'en est pour l'instant qu'à son premier distributeur mais il compte très vite en installer d'autres. "Le tout est de trouver un axe passant et de trouver un accord avec le propriétaire du terrain parce qu'il faut que nous ayons accès à l'électricité. Les plats doivent être refroidis autour de 5 degrés". Le jeune homme, ambitieux, est certain que ces distributeurs se développeront dans le paysage alsacien.
