Rund Um. Rencontrer l'artiste c'est forcément plonger dans un univers parallèle. Ce matin-là, nous avions rendez-vous dans une galerie strasbourgeoise. Raymond Waydelich y est arrivé avec de nouvelles sérigraphies tout à son image. Un mariage de mythologie et d'amour pour l'Alsace.
Quand vous avez rendez-vous avec Raymond Waydelich, vous ne savez jamais à quoi vous attendre. Artiste de renom international, il navigue entre différents mondes qui lui sont propres et auxquels il est fidèle depuis des dizaines d'années. Ce lundi matin-là, la rencontre a eu lieu à la galerie l'Estampe à Strasbourg. Une galerie avec laquelle l'artiste travaille depuis 30 ans.
Sous son bras, une pochette renfermant ses nouvelles sérigraphies. Des dessins imprimés en noir et rouge qui reprennent les codes bien connus de l'artiste. Des figures mythologiques, des animaux et des marqueurs alsaciens. "Tu vois là, c'est la saucisse à tartiner ! Elle est internationale. Sans saucisse à tartiner, rien ne va !" lance-t-il amusé au directeur de la galerie.
"Tous ceux qui lisent le mot "Schmerwurscht", le relient à un souvenir particulier. Qui n'a rien à dire à propos de la saucisse à tartiner ? On en faisait des tartines, le matin, que l'on trempait dans le café. C'est incroyable, quand tu y penses, mais vrai" poursuit-il. Quel rapport entre la saucisse à tartiner et l'art contemporain me demanderez-vous ? Le souvenir que nous procure les objets peints. Car Raymond Waydelich adore farfouiller dans notre mémoire pour y trouver des émotions.
Raymond Waydelich, archéologue du temps
Pour garder une trace, à l'image des vestiges romains, l'artiste a creusé un caveau du futur sur le parvis de la cathédrale de Strasbourg. Le 23 septembre 1995, un trou a ainsi été fait pour y enterrer des milliers d'objets de notre temps : des chèques, des plats alsaciens, des revues sur l'environnement, des préservatifs... Un caveau "à n'ouvrir qu'en 3790" prévient Raymond Waydelich.
Le temps qui est, le temps qui passe... Le temps marque l'oeuvre de ce "marchand de bonheur" comme il se nomme. Né à Strasbourg en 1938, Raymond Waydelich n'aime pas l'école et découvre assez tôt son talent pour le dessin. Une carrière internationale s'ouvre très vite à lui. Venise, Allemagne, Japon, USA, il expose partout mais décidera de rester en Alsace. Ses racines.
Une Alsace présente dans toute son oeuvre et à travers une inconnue aussi, Lydia Jacob, couturière strasbourgeoise du début du XXe siècle, dont il a découvert par hasard un carnet. Une femme imaginaire qui le guide dans ses créations depuis des décennies.
Une partie de l'univers de cet artiste mondialement connu est à découvrir lors de la 25e édition du salon d'art contemporain St-Art de Strasbourg à la fin du mois de novembre 2021.