Dans une lettre communiquée ce jeudi, l'association des Alsaciens réunis met en avant "l'absence de volonté des autorités françaises d'entendre la revendication des Alsaciens". Objectif annoncé : porter la question alsacienne devant les instances internationales.
Les Alsaciens réunis, association basée à Altkirch (Haut-Rhin) ayant pour but "de défendre et promouvoir la Région Alsace dans ses limites térritoriales actuelles et milite pour plus de démocratie participative" souhaitent interpeller les instances internationales et notamment l'ONU dont ils veulent rencontrer le secrétaire général, le Portugais Antonio Guterres.
Cette association régionaliste milite depuis 2014, notamment contre la réforme territoriale qui a réuni l'Alsace, la Lorraine et la Champagne Ardenne dans la nouvelle grande région Grand Est. Ses militants n'en sont pas à leur premier coup d'éclat. En janvier 2015, les Alsaciens réunis annoncaient avoir déposé une plainte auprès du Conseil de l’Europe pour violation par la France de l’article 5 de la Charte européenne. En mai 2016, ils manifestaient pour classer l'Alsace au patrimoine mondial de l'Humanité. Et plus récemment, en novembre 2017, ils manifestaient pour le retour de l'arche de Noël d'origine.
La lettre des Alsaciens réunis au secrétaire général de l'ONU
"Monsieur le Secrétaire Général,En janvier 2015, la France a décidé de manière particulièrement non démocratique de fusionner plusieurs régions françaises au mépris de la Charte européenne de l'autonomie locale, traité international ratifié par elle en 2007 sous l’égide du Conseil de l'Europe, selon lequel : « Pour toute modification des limites territoriales locales, les collectivités locales concernées doivent être consultées préalablement, éventuellement par voie de référendum là où la loi le permet.».
Entre autres, la Région Alsace, mondialement connue, pont historique entre la France et l'Allemagne, symbole de la paix et de l'humanisme en Europe, a ainsi disparu et cessé d’exister sur les plans institutionnel et politique, sans le consentement de la population et de ses représentants. Chaque jour, la forte identité, la culture, le patrimoine et même l'économie et la structure sociale de l’Alsace sont mis en péril par les décisions prises au niveau de la région dite du « Grand Est ». Des milliers d'Alsaciens ont manifesté et se sont opposés à la décision arbitraire. En 2015, 117 000 Alsaciens ont signé une pétition papier contre la suppression de leur région. Des artistes,intellectuels et membre de la société civile ont signé des tribunes. Selon un sondage du 18 mai 2017, 84% des Alsaciens souhaitent le rétablissement de la Région Alsace :
Le 24 mars 2016, 46 Etats membres du Conseil de l'Europe sur 47, à l’exception de la France, ont déclaré que la France a violé la Charte européenne et ses engagements internationaux, ce qui n'est pas acceptable pour la communauté internationale de la part d’un pays tel que la France se dit « la patrie des droits de l'homme » :
Monsieur le Secrétaire Général, compte tenu de l'absence de volonté des autorités françaises d'entendre leurs revendications répétées et légitimes, les Alsaciens vous demandent formellement la possibilité de vous rencontrer. Ils vous prient de bien vouloir prendre en considération la question alsacienne et de la mettre à l'ordre du jour du prochain Forum sur les questions relatives aux minorités du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, qui se tiendra à Genève le 3 décembre 2018.
Sincèrement,
Les Alsaciens Réunis
Président
Sébastien Dell'Era
Le Vice Président.
Chris Sprauel
Copie à :
- Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme
- Conseil de l'Europe, Congrès des pouvoirs locaux et régionaux
- Médias français nationaux, régionaux et locaux"