Colère des agriculteurs : et si le regroupement des petites exploitations était une solution ?

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Denis Nass, agriculteur à Gommersdorf (Haut-Rhin) et président de la Chambre d'agriculture d'Alsace
Sujet Rund Um en alsacien sous-titré ©France Télévisions

Alors que le Salon de l'agriculture ouvre ses portes en pleine crise agricole, rencontre avec Denis Nass, président de la Chambre d'agriculture d'Alsace. Il revient sur son engagement d'agriculteur et sur les problèmes que la profession va devoir surmonter. Pour lui, l'entraide entre les petites exploitations serait la solution.

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Pour rencontrer Denis Nass sur son exploitation, il faut se rendre dans le Sundgau, région tout au sud de l'Alsace. C'est là, à Gommersdorf, qu'il élève avec son épouse plus d'une centaine de vaches laitières comme le font d'autres familles dans le village. Gommersdorf est le plus gros producteur de lait du Grand Est, comptez 395 habitants et quasiment dix fois plus de vaches. Denis Nass est également le maire de la commune.

C'est en 1995 qu'il décide de reprendre l'exploitation de son père. Loin d'être une évidence pour lui qui jusque-là travaillait dans le domaine industriel et voyageait à travers le monde. "Lors d'un voyage en Chine, j'ai compris qu'ils n'avaient pas besoin de nous dans le développement industriel, par contre ils nous admiraient pour notre agriculture" et c'est ainsi qu'il a décidé de se former avec son épouse avant de reprendre la ferme.

Aujourd'hui son quotidien est rythmé par les traites, les vêlages, la vente de veaux (souvent à perte malheureusement) et son travail de président de la Chambre d'agriculture d'Alsace. Une vie bien remplie qu'il aime passionnément, car il y croit, lui, à l'agriculture française. Une agriculture dans la tourmente qui a besoin de solutions rapides pour sortir de la crise. 

 

L'important n'est pas seulement le revenu, mais l'organisation dans le travail

Denis Nass

Aujourd'hui, l'éleveur gagne environ 0,45 centimes par litre de lait. Lait qu'il vend à la coopérative Sodiaal. Un prix en augmentation qui ne règle pas tout. "L'important n'est pas seulement le revenu, mais l'organisation dans le travail. Pour vivre, ça suffirait. Mais être tous les jours à la traite et auprès des bêtes, ce n'est pas toujours facile. Les samedis, les dimanches, toute l'année... C'est ça, la difficulté. Il faudrait pouvoir s'organiser à 2 ou 3 exploitations pour travailler ensemble, et ainsi s'offrir un week-end sur deux de libre." Créer des petits regroupements d'agriculteurs serait pour lui une piste pour améliorer le quotidien des paysans. 

Des agriculteurs qui, selon lui, devraient également se diversifier dans le photovoltaïque et la production d'électricité ou de gaz (méthaniseur) pour s'assurer un meilleur revenu et soutenir le développement durable.

Redevenir compétitif

 

Autre cheval de bataille : l'explosion de la concurrence déloyale. "Ces dix dernières années, on a constamment demandé aux agriculteurs d'améliorer la qualité de leurs productions, ce qu'ils ont fait. Et là, on leur dit que le consommateur ne peut plus payer ces produits. Ça signifie que ceux qui font des produits de qualité, n'arrivent plus à les vendre. C'est une situation problématique, car de l'autre côté, on importe énormément de produits qui ne répondent pas aux mêmes contraintes, au même cahier des charges", pour exemple les 50% de poulet importé. Pour l'agriculteur, cela ne peut pas continuer ainsi. Il faut le soutien de l'État pour gagner en compétitivité, car derrière ce problème se cache une autre menace.

Si la situation reste en l'état, les jeunes ne voudront plus reprendre les exploitations. Ces dix dernières années, en France, 110 000 fermes ont disparu et l'Alsace n'échappe pas à cette réalité. Pour un jeune, c'est très compliqué de s'installer. Denis Nass montre du doigt les bâtiments autour de lui. "Ces bâtiments représentent beaucoup d'argent, sans parler du capital à investir pour racheter les bêtes et le matériel. Tout ça coûte une fortune. Pour qu'un jeune puisse racheter une ferme, il faudrait la lui vendre
 à perte." Serait-ce le signe de la fin de notre modèle agricole?

Des questions difficiles qui attendent à présent des réponses concrètes, et surtout à la veille du Salon de l'agriculture qui ouvrira ses portes le samedi 24 février.

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