Depuis plusieurs années, l'opération "Movember" sensibilise l'opinion aux cancers touchant les hommes, en leur proposant de se laisser pousser la moustache. Noémie Canova, barbière à Colmar, espère lever le tabou autour des dépistages de ces maladies, grâce à l'humour.
Chaque mois de novembre depuis une quinzaine d'années, l'opération Movember, originaire d'Australie, sensibilise aux cancers masculins, comme celui de la prostate ou des testicules. Comment ? En incitant les hommes à se laisser pousser la moustache.
À Colmar, une barbière perpétue la campagne de sensibilisation. Noémie Canova s'est installée dans la cité de Bartholdi il y a deux ans. Dans son salon "Moustache et Compagnie", où tout le personnel est féminin, novembre n'est pas un mois comme un autre.
"Je fais le Movember depuis plusieurs années, et je communique à mes clients, mais aussi sur mes réseaux sociaux. Je les invite à se faire pousser la moustache pour la bonne cause", explique la barbière, originaire de Saint-Dizier, en Haute-Marne.
Noémie Canova voit cette opération comme un défi : "Je dis à mes clients : 'Allez les gars, on se fait pousser la moustache !', ensuite, ils font le job et me disent qu'il vont en parler à leur équipe de foot, à leurs collègues... Je crois beaucoup au bouche à oreille."
Selon la barbière de 32 ans, l'enjeu est de briser le tabou des cancers masculins : "Pour nous les femmes, et entre autres grâce à Octobre Rose, il est de plus en plus normal de faire un dépistage du cancer du sein. Pour les hommes, il y a encore un tabou à ce niveau. C'est moins évident pour les hommes de se faire toucher la prostate ou les testicules." Face à cela, elle a un remède : l'humour.
Sur le dernier post Facebook du salon, on peut lire "Le cancer n'est pas un jeu. Au lieu de dire que votre dame vous les casses régulièrement, inspecter les plus souvent". Un jeu de mot bien senti, et qui est loin d'être le seul : "J'en ai encore plein, pour tout le mois de novembre!", sourit la barbière.
Partager l'opération Movember résonne comme une évidence pour Noémie Canova : "Un membre proche de ma famille a été touché par un de ces cancers, donc j'ai à cœur de faire passer le message. De plus, j'ai toujours vécu entourée d'hommes, je n'ai eu que des frères, des cousins, donc je suis tout de suite plus à l'aise avec la gent masculine."
Un regard féminin apprécié
Le fait qu'un salon au personnel 100 % féminin porte l'opération Movember peut surprendre. Pour la gérante, au contraire, c'est tout à fait normal : "Forcément, on s'imagine le barbier comme un gros barbu tatoué... Ici, on est quatre, et que des nénettes ! Mais les clients aiment ce regard féminin, ils veulent savoir ce qu'aiment les femmes. C'est super important."
On fait beaucoup de pub pour Octobre Rose, ce qui est très bien, mais j'aimerais qu'on parle autant des cancers masculins que des cancers féminins.
Noémie CanovaGérante de "Moustache et Compagnie", à Colmar
Ce regard féminin est d'autant plus demandé pendant le Movember : "Les clients me demandent des conseils sur l'entretien, me disent que la moustache gratte et que madame n'aime pas trop..."
Le 2 novembre, pour la première journée de l'opération, cinq clients sur vingt-cinq ont parlé du Movember à la barbière : "C'est encore peu, beaucoup de gens ne sont pas au courant. On fait beaucoup de pub pour Octobre Rose, ce qui est très bien, mais j'aimerais qu'on parle autant des cancers masculins que des cancers féminins."
L'an dernier, 20 % des clients du salon avait franchi le pas en se laissant pousser la moustache. Noémie Canova compte sur ce mois de novembre pour faire connaître le Movember au plus grand nombre.