Votre nom de famille est-il couramment porté dans les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin ? Les données de l'Insee permettent de suivre l'attribution des patronymes à la naissance, décennie par décennie
Kempf, Schwartz, Schmitt (ou Schmit, et encore Schmidt)… En Alsace, les noms de famille ont une sonorité bien particulière. Contrairement au classement national où les Martin, les Bernard et les Thomas tiennent le haut de l’affiche, la région fait la part belle aux noms à consonance germanique. Grâce aux données des registres d'état civil, il est en effet possible de savoir département par département quels noms ont prospéré depuis plus de 100 ans.
Comment est établi ce classement ?
Nous nous sommes servis de la base de données établie par l’Institut national de la statistique et des études économique (Insee), consultable en ligne. Elle couvre la période allant de 1891 à 2000, à l’exception des personnes nées avant 1946 et qui sont décédées avant 1972.
Ces chiffres ne comprennent – pour chaque département – que les noms qui ont été donnés au moins trente fois durant ce laps de temps. Chaque entrée correspond à une naissance inscrite au répertoire ou dans les registres d’état civil : aucune occurrence pendant une décennie ne signifie donc pas que personne ne vivait sous ce nom en Alsace durant cette période, mais que personne n’est né à ce moment-là sous ce nom.
Pour obtenir des résultats à l’échelle de l’Alsace, nous avons fait la somme des données établies pour le Bas-Rhin et le Haut-Rhin. Il est possible que certains noms ne soient pas répertoriés dans la base alors qu’ils ont pu apparaître plus de trente fois à l’état civil dans la région, simplement si ce n’est pas le cas à l’échelle de l’un des deux départements que nous avons inclus (ils ont alors été intégrés par l’Insee au sein de la catégorie "Autres noms").
Quels sont les noms les plus attribués en Alsace ?
En tête de liste se trouvent les Meyer (22.864 entrées depuis 1891), suivis par les Muller (22.069) et les Schmitt (17.486). Le classement des vingt noms les plus portés dans la région (sur un total de 8.365 noms inclus dans la base de données) est globalement dominé par les patronymes alsaciens. Il faut attendre la neuvième place pour trouver les Martin (5.413 personnes sur la période), pourtant premiers à l’échelle nationale.
Parmi ces noms très populaires, et sans grande surprise, dominent ceux qui désignent à l’origine un métier (les ancêtres des Meyer ont pu être des fermiers, les Weber des tisserands), une caractéristique physique (les petits Klein, les blancs Weiss, les jeunes Jung), mais aussi quelques noms d’animaux (Fuchs ou Wolff).
Orthographes multiples
Certains noms se retrouvent sous différentes orthographes en haut de classement. En témoignent les Clauss et Claus ou les Schaeffer, Schaefer, Schafer. "En alsacien, on a tendance à doubler la consonne", souligne Christian Wolff, secrétaire général du Cercle généalogique d’Alsace, qui rappelle aussi qu’il n’était pas rare, à une époque, de trouver plusieurs écritures sur le registre d’une même famille. "L’orthographe dépend surtout du scribe."
Cette variété orthographique, présente pour de nombreux noms alsaciens, peut aussi s’expliquer par la francisation et la germanisation successive de certains patronymes au gré du contexte historique. "Il y a des noms de familles qui ont été traduits ou transformés", rappelle Christian Wolff.
Un classement stable
A noter que cette tête de classement se maintient dans le temps, à quelques variations près, si on ne prend en compte que les naissances entre 1961 et 2000 ou même 1981 et 2000. Sur cette dernière période, on voit toutefois l’installation dans le classement de noms issus de migrations plus récentes, comme Nguyen (47 e place), Da Silva (68 e place) ou encore Garcia (94 e place).
A l’inverse, certains noms ont vu les naissances se tarir ces dernières décennies. Entre 1961 et 2000, six patronymes ne comportent plus aucune entrée en Alsace : Hienly, Ditz, Moeller, Muench, Emmendoerfer, Rabolt. Il s’agit, logiquement, de noms déjà assez rares et qui comportent des variantes orthographiques toujours bien présentes (Emmendoerffer, Munch, Dietz).
Pour savoir combien de personnes sont nées avec votre nom de famille en Alsace, vous pouvez vous reporter au tableau ci-dessous. Entrez le patronyme dans la barre de recherche à gauche. Chaque colonne correspond à une décennie. Les trois dernières donnent le total de naissances entre les années 1941 et 2000, 1981 et 2000 ou sur l’ensemble de la période considérée.
Article initialement publié en 2019