Economie : après un essor fulgurant, les épiceries vrac se retrouvent en grande difficulté, faute de clients

Rund um. Les épiceries vrac comptent de moins en moins de clients, surtout depuis le déconfinement. Avec peu de trésorerie, beaucoup peinent à se maintenir. Si rien n'est fait, à l'échelle nationale, 40% des épiceries vrac pourraient définitivement fermer. En Alsace, c'est déjà le cas de six magasins.

Depuis un peu moins d'un an, Bernadette Willinger attend patiemment les clients. Ils sont de moins en moins nombreux dans son magasin, Wild Vrac, à Wissembourg. "C'est vraiment très calme", déplore-t-elle. Dans ses rayons : des bocaux remplis de féculents ou de céréales, mais aussi des produits d'entretien en vrac ou encore des cosmétiques... Le tout, le plus souvent bio et local. L'objectif étant que les personnes viennent avec leurs propres récipients pour se servir parmi les produits.

Ce calme, Bernadette ne s'y attendait pas du tout, après un très bon démarrage. "C'est plutôt au début que j'avais quelques appréhensions. J'ai ouvert en mai 2020, soit juste après le premier confinement, et il n'existait aucun magasin vrac dans les environs, je ne savais pas comment cela allait être reçu", confie la gérante. Mais les habitants ont répondu présent. "La première année, tout s'est très bien passé", confirme-t-elle.

D'autant plus que le projet lui tenait à cœur : "l'idée d'ouvrir mon magasin me trottait dans la tête depuis longtemps. Un jour, quand j'en ai eu assez dans mon travail, je me suis dit que c'était le moment". S'en sont suivis six mois de préparation jusqu'à l'ouverture. A présent, pour attirer à nouveau des clients, Bernadette Willinger s'efforce de dénicher des nouveautés, pour diversifier son offre. Elle totalise plus de 1.000 références.

Parmi les habitants, certains sont certes adeptes du vrac, mais regrettent l'organisation que cela implique ainsi que le prix. "C'est sûr que c'est plus facile et rapide d'aller dans un supermarché", explique Carmen Erbida. "J'aime le principe et le sens du vrac - l'écologie - mais je ne peux pas me permettre de faire toutes mes courses ici", poursuit-elle.

Entre le démarrage et maintenant, Bernadette Willinger a vu son chiffre d'affaires diminuer de 25%. Elle s'accroche et garde espoir. "Pour l'instant, ce n'est pas critique, je peux tenir comme ça. Mais à long terme, il faut que la situation s'améliore." Son souhait : terminer sa carrière dans son magasin.

D'autres épiceries, ont dû, elles, mettre la clé sous la porte. En Alsace, c'est le cas de six magasins. Une situation qui fait paradoxalement suite à un essor fulgurant en seulement quelques années. En 2015, la France comptait une quinzaine d'épiceries vrac, contre 920 actuellement. 70% des magasins ont moins de deux ans et ne disposent donc pas d'une trésorerie leur permettant de faire face à la baisse de fréquentation.

A Woerth, Anne-Sophie Hoch n'a jamais connu cette "folie du vrac", comme elle se plaît à le dire. Située dans la zone commerciale, en face d'un supermarché, elle bénéficie d'un large passage devant sa boutique, La cabane à vrac. Diététicienne de formation, elle a ouvert son magasin en octobre 2020 : "je voulais proposer quelque chose de sain à mes clients". Ici aussi, tout est majoritairement bio et produit localement. "Mes clients sont principalement des personnes âgées, qui ont connu le vrac dans leur enfance, et des jeunes familles".

C'est le cas d'Anne Holtzmann, qui vient accompagnée par Emile, 8 ans, et Madeleine, 4 ans. "A la maison, nous essayons de faire le plus attention possible. Les enfants sont sensibilisés à l'écologie. Nous venons chaque semaine ici pour faire nos courses et ainsi, éviter les suremballages", déclare-t-elle. "J'aime bien venir ici. J'aime beaucoup les nouilles et les céréales que l'on prend au petit-déjeuner", confirme son fils Emile. 

Anne-Sophie Hoch estime que la fréquentation de son magasin est relativement stable, avec une baisse lors du déconfinement. "Les gens avaient tout à coup moins le temps et c'est ce qu'ils me disaient aussi : "je dois à nouveau amener mes enfants aux activités, retourner travailler à Strasbourg...". Mais ces clients reviennent", assure-t-elle. Si rien n'est fait, 40% des épiceries vrac pourraient définitivement fermer, à l'échelle nationale, dans les six prochains mois.

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