Pour permettre aux très jeunes enfants autistes d’être scolarisés dans un environnement bénéfique, une nouvelle unité d’éducation a ouvert ses portes à La Walck . Six enfants de 3 à 6 ans y suivent des cours de maternelle avec comme objectif d'intégrer, plus tard, un CP ordinaire.
Les parents d’enfants autistes le savent : il est très difficile de trouver une école dans laquelle
l'enfant pourra se développer au mieux. Enjeu vital, pourtant. Pour répondre à ce besoin, une Unité d'enseignement maternelle pour enfants autistes (UEMA) a ouvert en septembre 2021 à La Walck (Bas-Rhin). Immersion.
Parmi les cinq classes de maternelle du groupe scolaire Pierre Pflimlin de La Walck, il y en a une qui est extraordinaire. Une classe de composée de six garçons (les troubles autistiques sont beaucoup plus fréquents chez les garçons) âgés de 3 à 6 ans. Des enfants, souvent dans leur bulle, qui ce seraient retrouvés sans solution d'apprentissage ou noyés dans des classes ordinaires si cette unité n'avait pas ouvert sur le territoire de Pfaffenhoffen .
Ici, Esteban, Timothé, Mathias et les autres apprennent à leur rythme, à parler, à écrire
et surtout à créer du lien social. Parler à autrui est très difficile pour ces enfants qui ne vont pas spontanément vers les autres. Sur le tapis de jeux comme ailleurs dans la classe des images qui permettent d'entrer en contact.
"Nous ne savons pas exactement ce que ces enfants comprennent et perçoivent. Nous utilisons ces images pour être sûres qu'eux et nous parlons des mêmes choses" explique Christelle Philipps, auxiliaire de puériculture. Faim, fatigue, douleurs, tout peut être dit à travers ces pictogrammes. "C’est un outil que les enfants emportent chez eux, à la maison. Les parents s'en servent aussi car ils rencontrent les mêmes difficultés que nous et n'arrivent pas toujours à comprendre leur enfant".
C'est ainsi, qu'au fil de la journée, ces enfants vont apprendre à bien grandir dans une classe bienveillante où chaque spécificité, chaque problème est traité au cas par cas. Les ateliers sont nombreux et variés. Tout y est hyper structuré afin que l'enfant ne se perde pas dans la compréhension de ce qu'il a à faire. Cinq professionnelles s'occupent tour à tour de leur enseigner la parole, l'écriture mais aussi et avant tout la sociabilisation.
L'objectif est l'intégration dans un CP ordinaire
"Au début de l'année, on a commencé en un par un : c'est-à-dire un adulte, un enfant car c'est ce dont ils avaient besoin. Aujourd'hui, on peut aller un peu plus loin en proposant des petits groupes pour qu'ils puissent entrer en communication et en interaction entre eux et avec les autres enfants de l'école" explique Madeline Schmitt, enseignante. Le but étant qu'ils intègrent, dans deux-trois ans, un CP ordinaire.
Début septembre Esteban ne parlait pas. Là, ça fait quelques mois qu'il fait des phrases courtes.
Nadia Nilles, maman d'Esteban
L’ouverture de cette unité répond à une demande des parents. Il n’existait aucune structure de ce type dans les Vosges du Nord. Elle a été créée par l'APH, Association pour le handicap. Pour offrir à leur enfant une chance d'apprendre dans de bonnes conditions, certains parents ont dû déménager, quitter leur emploi ou mettre en place un taxi subventionné pour l'amener tous les matins à l'école. Après un an, le bilan est plus que positif pour Nadia Nilles.
"Début septembre Esteban ne parlait pas. Là, ça fait quelques mois qu'il fait des phrases courtes" raconte Nadia Nilles, maman d'Esteban qui a 4 ans. "Sur le plan de la sociabilité ça se passe mieux" tout comme pour les gestes de la vie quotidienne " des choses qui paraissent simples, mais qui demandent beaucoup d'effort : manger, se coucher, se laver".
Il n'existe que cinq unités de ce type en Alsace, c'est dire à quel point le chemin reste long. Plus tôt ces enfants sont pris en charge, meilleur est leur développement.