Retenue en otage en Iran depuis mai 2022, Cécile Kohler a pu s'entretenir pour la première fois avec sa famille. Un appel en visio qui s'est fait sous la contrainte, pendant laquelle l'enseignante alsacienne était en pleurs.
Après plus de sept mois sans nouvelles de leur fille ou de leur sœur, les proches de Cécile Kohler ont pu directement s'entretenir avec elle le matin du 18 décembre 2022. Retenue en Iran avec son compagnon depuis le 7 mai, l'enseignante de 38 ans a rapidement échangé avec ses proches.
L'otage originaire de Soultz (Haut-Rhin) est apparue avec un voile sur la tête sur le téléphone de ses parents. Dans un communiqué, le comité de soutien "Liberté pour Cécile" précise que l'entretien n'était pas prévu, et qu'il a duré seulement quelques minutes : "Cécile n'a pu pas parler librement", continue le collectif.
"Elle n'était pas libre de ses propos, fait savoir à France 3 Alsace Thierry Moser, l'avocat de la famille. Le temps d'un 'bonjour, comment ça va?'. Forcément, Cécile disait qu'elle était bien traitée. Mais c'est parce que c'était un appel sous la contrainte."
La famille éprouve des sentiments entremêlés.
Thierry MoserAvocat "pro bono" de la famille
"Les parents ont décelé chez elle beaucoup de frayeur et de peur. Elle était en pleurs, et a pu leur dire que pour retrouver un peu de moral, elle avait besoin de livres. Mais ce n'est pour le moment pas possible de lui en envoyer", regrette l'avocat, qui intervient pro bono (à titre gracieux) auprès de la famille.
Me Moser continue : "La famille éprouve des sentiments entremêlés. Il y a un peu de bonheur de savoir Cécile vivante et d'avoir pu lui parler. Mais de la voir aussi éprouvée, ça leur procure une certaine souffrance."
Des conditions de détention inhumaines
Fin novembre, Cécile Kohler avait pu s'entretenir avec l'ambassadeur de France en Iran. Accusée d'être une espionne des services secrets français, l'enseignante est détenue dans la prison d'Evin, à Téhéran, en attente de son jugement : "Elle ne peut sortir de sa cellule exiguë que trois fois pas semaine. Le fondement de la détention est fallacieux, et les conditions inhumaines, barbares et innommables", dénonce l'avocat.
Thierry Moser et la famille tentent de médiatiser le plus possible le sort de celle qui se rendait en Iran en voyage avec son compagnon Jacques Paris : "On veut se battre sur le terrain diplomatique, mais nous laissons cela aux spécialistes et au Quai d'Orsay. Mais sur le plan médiatique, il faut parler de Cécile, pour qu'on ne l'oublie pas. Si elle apprend qu'en France, il y a des gens qui pensent à elle, ça peut l'aider à aller mieux..."
"Cécile est absolument innocente, il faut qu'elle soit libérée le plus vite possible", martèle Me Moser. Le mardi 20 décembre 2022, la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna a demandé à son homologue iranien "la libération des otages" français détenus en Iran. D'après les autorités françaises, ils sont au nombre de sept.