Les petites stations de ski sont moins loin, moins hautes, moins chères. Les familles avec enfants les adorent, tout comme ceux qui fuient les foules. Mais pour les responsables de ces stations, c'est un combat permanent pour rester en piste. Exemple au Champ du Feu en Alsace.
La station du Champ du Feu est située à un peu plus de 1000 mètres d'altitude dans le Bas-Rhin. Elle s'étend sur les communes de Bellemont, Bellefosse, Breitenbach et celle du Hohwald.
Ses quatorze pistes font le bonheur des familles vosgiennes et alsaciennes depuis toujours, mais avec l'évolution du climat et la force de frappe des grandes stations mythiques, elle doit se battre plus que jamais. Cependant, elle tire son épingle du jeu.
Ski nordique, alpin, promenades en raquettes, randonnées, nuit dans un iglou, cours avec l'école de skis français, avec ses 14 pistes de ski alpin (5 vertes, 4 bleues, 5 rouges) un stade de compétitions homologué en 2010 par la Fédération Française de Ski, l'offre de la station du Champ du Feu s'étoffe avec les années.
S'adapter pour continuer à exister
Marie-Mathilde Morel, est la directrice du domaine skiable, en charge du développement. Elle observe attentivement l'évolution de la petite station depuis les trois années qu'elle est en poste. Sur le plan climatique, les conséquences ne vont surprendre personne. La station est à 1099 mètres d'altitude, la neige n'y tombe pas aussi tôt que dans les stations plus hautes, "mais ce qui est le plus dur à gérer désormais, ce sont les aléas climatiques." explique Marie-Mathilde Morel. "Cette année, la neige est tombée tôt, il a donc fallu mobiliser tout le monde en une semaine et tout organiser pour accueillir le public. L'année dernière on a ouvert un week-end et au bout de trois jours il a fallu refermer !"
Désormais, il faut gérer les variations brutales de températures. On ne sait pas si la neige va tenir et combien de temps.
Marie-Mathilde Morel, responsable développement Champ du Feu
Les aléas météorologiques ont bien sûr des conséquences économiques et les acteurs de la station doivent faire face pour continuer à exister. Les équipes d'encadrement doivent être flexibles, réactives et souples, mais ça vaut aussi pour les saisonniers. "Quand tout le domaine est ouvert, il nous faut une quarantaine de personnes pour assurer toutes les tâches, remontées mécaniques, location de matériel et vente de forfaits. Il faut une rotation pour rester ouvert 7 jours sur 7, de 9h à 17heures."
De nouvelles installations et pour toutes les saisons
Pour continuer à séduire le public, de nouveau champs de luge ont été ouverts. Une piste de luge tractée notamment, sur laquelle on prend un téléski pour monter la pente et on descend en luge. Depuis 2022, des pistes plus longues accueillent les amateurs.
Le domaine de ski nordique, quant à lui, est géré par la CEA (Collectivité européenne d'Alsace) qui délègue l'exploitation du domaine au groupement de ski du Bas-Rhin. C'est lui qui prépare, entretient et sécurise les pistes. Ensemble ils projettent la création d'un stade de biathlon. Mais celui-ci est encore en phase d'étude.
Le tubing continue toujours à remporter un franc succès. Il s'agit de descendre une piste aménagée, sur une grosse bouée, sorte de chambre à air de camion.
On n'attendait que ça, dès les premiers flocons de neige, on a tout préparé, ça fait du bien de revoir la station en activité.
responsable remontée mécanique
Cette petite station souffre-t-elle de la concurrence des autres stations des Vosges ou d'ailleurs ? "Non" répond sans hésiter la responsable développement, "Sur le massif des Vosges, les stations sont plutôt complémentaires, et dans les stations du Jura ou des Alpes, c'est une autre démarche. Nous avons une grosse clientèle d'excursionnistes, qui font une rotation sur le massif."
"Nous, on est la station la plus au nord de France, à une heure de Strasbourg. Nous sommes la station du dimanche. Nous avons surtout une clientèle de proximité. Le soir venu, vous avez eu droit à la carte postale, le décor, l'air frais, la neige, les premières glissades. Vous pouvez facilement faire découvrir le ski aux enfants. La magie opère."
Désormais, parce que l'hébergement fait partie de l'évasion, un hôtel avec spa et piscines (les jours où la météo n'est pas au rendez-vous) et un restaurant 4 étoiles sont ouverts depuis un an.
Restaurant et hôtel 4* ouvert toute l'année
À l'hôtel et spa Mont Champ du Feu, les réservations grimpent. "La fréquentation se compose essentiellement de familles" détaille la cheffe de réception, "mais nous avons aussi de nombreux couples qui viennent en amoureux et une très bonne clientèle professionnelle, grâce à une offre en espaces d'accueil pour séminaires."
Être précisément à l'écoute des demandes et besoins de la clientèle, c'est ce qui fait le succès de cette petite station du Champ du Feu. Être dans l'air du temps est la recette qui semble fonctionner pour elle, car il y a beaucoup de monde et de clients potentiels sur le massif toute l'année.
"On a la chance que l'engouement pour la neige et le ski reste intact chez les Bas-rhinois. On a des vrais mordus de ski qui viennent ici. Mais il nous faut aussi proposer des activités en toute saison. Yoga, shiatsu, randonnées, ski sur herbe, sont proposés avec des partenaires ou des skis clubs habilités pour encadrer, car la montagne est belle aussi quand elle est verte."
En effet, les étés très chauds des dernières années, nous l'ont appris, l'été il fait plus frais en montagne qu'en ville et l'air y est particulièrement respirable car moins pollué.
Mais pour l'heure, la neige est au rendez-vous. Les pistes de ski et de luge sont à nouveau ouvertes au Champ du Feu. Les pistes de ski nordiques y sont gratuites quand on a son matériel. Pour le ski alpin, il faut payer un forfait et le matériel si besoin.
Des navettes des neiges circulent à partir de Barr, Schirmeck, Sélestat et Strasbourg, du 23 décembre jusqu'au 24 mars 2024.