Poser des questions au célèbre médecin et l'entendre nous répondre, c'est désormais possible à la maison Albert Schweitzer de Gunsbach, dans le Haut-Rhin. L'intelligence artificielle a fait son entrée dans le musée. L'avatar du prix Nobel 1952 a été développé par une entreprise strasbourgeoise.
Après Van Gogh au musée d'Orsay, Rimbaud à Charleville-Mézières, c'est désormais à la maison Albert Schweitzer de Gunsbach, dans le Haut-Rhin, que l'intelligence artificielle permet au public de discuter avec une célébrité. Un outil de médiation découvert avec joie par le public même si évidemment l'avatar du célèbre médecin ne remplace pas l'original.
"Pour quelle raison avez-vous reçu le Prix Nobel de la paix ?", demande un visiteur. Ce à quoi un Albert Schweitzer plutôt réactif répond, "Principalement pour mon travail médical en Afrique." Une réponse succincte mais juste et rapide. "On sent un peu l'intelligence artificielle derrière, car parfois il y a des répétitions dans les réponses, avoue ce visiteur. Mais sinon oui il a bien répondu !"
Depuis juin 2024, ce robot conversationnel échange avec les visiteurs dans le cadre d'une expérimentation. Le développement de cet avatar a nécessité près d'un an de travail. Il a été réalisé par Jumbo Mana, une start-up strasbourgeoise. Pour le créer, l'entreprise s'est plongée dans des dizaines de portraits, de photos, d'images, mais aussi et surtout dans les écrits d'Albert Schweitzer : une trentaine d'ouvrages, dix mille pages, essentiellement en allemand.
Pour Jenny Litzelmann, directrice de la maison Albert Schweitzer de Gunsbach, "On savait un peu quelle était sa personnalité. Dans cet avatar, pour échanger avec le public, il est poli, il ne réagit pas aux insultes, il est toujours courtois, il fait toujours des réponses simples, assez courtes, il n'y a pas de parti pris ni de critique."
Créer une interaction avec les visiteurs
Celui qui ne cessait de fustiger la dérive de la civilisation occidentale, de militer pour la paix et les droits de l'Homme, s'est vu attribuer le plus prestigieux des prix Nobel en 1952, pour récompenser son investissement à Lambaréné, un hôpital qu'il avait créé quarante ans plus tôt. Pour retracer son parcours, l'intelligence artificielle générative n'est pas parfaite. Elle apprend encore de ses erreurs,
Surtout, cette copie n'a pas l'accent de l'original. On l'entend dans cette interview de 1963 que l'on peut écouter au musée. Certes, l'original est loin de l'avatar mais ce dernier a le mérite de créer une interaction avec les visiteurs, qui peuvent poser toutes leurs questions. Cet alter ego virtuel devrait rester à Gunsbach jusqu'en 2025 pour les 150 ans de la naissance d'Albert Schweitzer.