Plus de 200 malles et valises sont présentées au musée du Bagage de Haguenau. Une collection unique en Europe, rassemblée par deux passionnés.
Elles ont voyagé sur tous les continents, protégé des objets précieux ou renfermé des secrets de personnalités connues. Des malles et des valises de toutes tailles et toutes formes, des plus traditionnelles aux plus insolites, font rêver les visiteurs qui poussent la porte du musée du Bagage de Haguenau (Bas-Rhin).
Et parfois, elles les transportent parfois très loin. "Elles proviennent du monde entier, précise Marie-Antoinette Klein, guide bénévole du musée. Aussi bien du Japon que des Etats-Unis."
Chacun de ces objets raconte quelque chose de la vie de ses anciens propriétaires. Des innombrables mains d'anonymes qui l'ont manipulé, des vêtements, chaussures ou maints autres ustensiles qu'il a permis de déplacer. Mais aussi des moyens de transport (diligence, train, bateau, avion) dans lesquels il a pris place. Derrière chacun se cachent d'innombrables histoires humaines, qui ont tissé la grande Histoire.
"La collection est présentée sur 150 ans, entre 1800 et 1950, précise la guide bénévole. Et sur une longueur de 150 mètres, qui permet de parcourir toute l'histoire du bagage."
Parmi les pièces maîtresses du musée, "une malle-bureau. Elle a été commandée par Sir Arthur Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes. Mais malheureusement, il ne l'a jamais utilisée, car il est mort deux semaines avant sa livraison."
Un peu plus loin, Marie-Antoinette Klein désigne une drôle de couchette : "une malle-lit appelée 'lit Brazza' en référence à l’explorateur Savorgnan de Brazza, qui a donné son nom à Brazzaville au Congo, précise-t-elle. C’est un objet rare. Il n’en existe que 3 exemplaires en France."
Certes, question confort, il laisse probablement à désirer. "Néanmoins, il a été adopté par des aventurier partis en Afrique. Et quand on souhaite pouvoir dormir, c'est mieux que rien" sourit Marie-Antoinette Klein.
Une collection privée gérée par la Ville
Créé en 2016 dans l'ancien bâtiment de la Banque de France, ce musée du Bagage est l'un des trois musées municipaux de la cité de Barberousse, qui compte aussi son musée Historique et son musée Alsacien. Mais celui-ci a un caractère singulier, comme le précise Dimitri Mathiot, directeur des musées de Haguenau : "Il fait partie des trois musées gérés par la Ville, avec cette particularité d'être un musée municipal qui présente une collection entièrement privée, dans le cadre d'une convention originale."
En effet, cette collection permanente, unique en Europe, représente une partie des bagages rassemblés et restaurés par Marie et Jean-Philippe Rolland, deux artisans malletiers passionnés. A trois kilomètres de là, dans leur atelier, La Malle en coin, ils continuent à donner une nouvelle vie à des coffres de voyage souvent très abîmés.
Chaque objet nécessite plusieurs jours de soins, échelonnés sur plusieurs semaines. Et un immense savoir-faire. Car à leur arrivée, les malles sont souvent dans un piteux état. Il faut vraiment du doigté pour les toucher sans qu'elles se délitent. Et leur rendre, in fine, leur solidité et leur aspect d'antan. L'atelier des époux Rolland a d'ailleurs été récompensé par le label Entreprise du Patrimoine Vivant.
"Une fois que la malle est restaurée, on choisit : soit on l'emmène au musée, soit on la met en boutique pour la vendre" précise Marie Rolland. Parmi les dernières rescapées à avoir ainsi retrouvé une seconde jeunesse : une ancienne malle-cabine Vuitton, d’une hauteur très précise de 33 cm, conçue pour être placée sous le lit d’une cabine de paquebot.
Outre la restauration, le couple Rolland propose aussi d'expertiser les bagages anciens de particuliers. Et en crée lui-même, sous sa propre marque de luxe, "Aux Etats-Unis".
Le musée du Bagage, lui, est ouvert du mercredi au dimanche de 14h à 17h30. Chaque dimanche à 15h est proposée une visite guidée, dont certaines sont théâtralisées.