Les réseaux sociaux interdits aux moins de 13 ans, une loi largement contournée par les enfants

Une étude réalisée par l'association Thémis montre la dépendance toujours plus grande des enfants envers les écrans. Leur utilisation intensive n'est pas vraiment une surprise, mais les chiffres permettent de mesurer l'ampleur du phénomène. Dès l'âge de 9 à 12 ans, plus de la moitié des enfants ont déjà un téléphone portable, et s'en servent notamment pour aller sur les réseaux sociaux.

L'enquête de la Thémis a été réalisée sur un pannel de 633 enfants de CM1 et CM2, scolarisés dans une trentaine de classes de l'Eurométropole de Strasbourg. Des établissements du centre ville, de zones prioritaires, et de communes plus rurales, afin de prendre en compte la diversité des situations. Il en résulte que partout, l'accès aux écrans et à l'internet est très facile. 

"Nous ne sommes pas un institut de statistiques, nous ne sommes pas outillés pour cela, mais nous avons pu échanger directement avec les enfants, dans leurs classes, en garantissant leur anonymat, et c'est ainsi qu'ils nous ont répondu en toute honnêteté", explique Valentin Glavasevic, éducateur à la citoyenneté à la Thémis

Les enfants interrogés ont donc parlé en toute franchise de leurs habitudes. Au CM1/CM2, aucun n'a l'âge légal pour aller sur les réseaux. Et pourtant, ils y sont massivement. Dans l'ordre de préférence : Youtube, puis Whatsapp, Snapchat, et enfin Tiktok. Alors comment font-ils pour s'inscrire? "C'est simple, il suffit de mentir sur notre âge" disent-ils. Il n'y a pas de contrôle, et parfois, les parents ne sont pas au courant. Depuis 2023, la loi dit pourtant que ces réseaux sont interdits avant l'âge de 13 ans, et qu'ils sont conditionnés à l'accord des parents entre 13 et 15 ans. Il y a la loi, et il y a la réalité. 

Du temps de cerveau disponible

"Les réseaux sociaux sont conçus pour générer de l'addiction", dit Valentin Glavasevic. C'est le cas pour les adultes, et plus encore pour les enfants qui deviennent des victimes". Il y a bien sur les risques d'exposition à des images ou des propos violents, du harcèlement, mais aussi l'impact sur la santé mentale : anxiété, dépression, problèmes cognitifs.

Selon l'études de la Thémis, un tiers des enfants déclare passer 3 heures par jour devant un écran les week-ends et durant les vacances. Et un enfant sur quatre reconnait s'endormir chaque soir avec sa tablette ou son téléphone. 

Les écrans sont devenus omniprésents. Autre chiffre éloquent : près d'un enfant sur deux affirme aller sur les réseaux par solitude ou par ennui. Or, l'ennui est nécessaire pour améliorer sa créativité et son autonomie, pour apprendre à se connaitre et à se faire confiance. Un développement qu'une sur-sollicitation des réseaux peut compromettre.

Comment reprendre la main?

Pour la Thémis, l'objectif est de cerner ces phénomènes afin de sensibiliser les parents. "Il y a ceux qui connaissent les réseaux sociaux et qui accompagnent leurs enfants avec plus ou moins de règles, et ceux qui sont totalement déconnectés, et ne savent pas", observe Valentin Glavasevic.

Mais que faire ?  "C'est facile d'engueuler un enfant, mais il faut comprendre qu'à cet âge-là, ils sont perméables à toutes ces tentations", remarque-t-il. D'ailleurs, les téléphones portables sont tellement ancrés dans le quotidien, y compris à l'école, que priver un enfant n'est pas forcément une solution. Certains arriveront à gérer, d'autres se sentiront exclus de leur groupe de camarades.

"Il faut créer un espace de dialogue, suggère Valentin Glavasevic. En tant que parent, on a souvent l'habitude d'interroger son enfant sur sa journée - Est-ce que tu as passé une bonne journée?- Et bien, il faudrait systématiquement poser une deuxième question - Comment s'est passée ta journée sur les écrans? - Cela permettrait d'ouvrir une fenêtre de discussion"  Parler pour éviter de se laisser enfermer dans un univers numérique toujours plus envahissant.

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