Le nombre de demandes de logements à Strasbourg continue d'augmenter après une année 2023 particulièrement pesante pour les étudiants. La ville concentre près de la moitié des recherches du Grand Est, créant une forte tension pour la rentrée.
Fin des cours ne rime pas forcément avec fin des problèmes. Pour une bonne partie des étudiants, l'été est synonyme de recherches de logement... et de casse-tête. À Strasbourg, la demande est en nette hausse depuis la pandémie.
Près de la moitié des recherches de logements étudiants dans le Grand Est concerne l'Eurométropole, selon Les Echos, qui citent une étude de la plateforme LocService.
Bien souvent, les étudiants priorisent les logements à moindre coût comme les colocations ou les habitations du Crous pour s'en sortir. Mais ces options peinent de plus en plus à satisfaire la demande.
Le Crous sollicité jusqu'en mars
L'année 2023/2024 aura été particulièrement chargée pour le Crous. En première ligne face à la précarité étudiante, l'antenne strasbourgeoise a reçu des demandes de logements jusqu'en mars. "Le nombre de demandeurs était vraiment important. Dès qu'une place se libérait au cours de l'année, elle partait dans la minute", raconte Nicolas Gsell, responsable de la division étudiante. Pour la rentrée 2024, le Crous a dû traiter 4 800 nouveaux dossiers, légèrement plus qu'il y a un an.
L'établissement observe notamment une hausse du nombre d'étudiants étrangers sans convention, les "freemoovers". Ces derniers sont les plus confrontés aux difficultés d'accès aux logements. "Ils sont souvent originaires d'Afrique ou d'Asie et ont un financement assez limité, voire inexistant. Ils tentent l’aventure en France et n'ont que le Crous pour se loger."
À l'échelle nationale, la demande a été telle que le Crous a dû reporter l'ouverture de sa phase complémentaire pour la rentrée 2024. L'antenne strasbourgeoise indique de son côté prévoir l'extension de son parc de logements. "On a un projet pour une résidence de 500 studios place d’Islande, annonce Nicolas Gsell. La dernière extension était il y a dix ans. Ça va permettre de donner de l’oxygène."
Le Crous reste une option mineure pour les étudiants strasbourgeois. Seuls 8 % d'entre eux sont logés par l'établissement public. La majorité doit se tourner vers des colocations.
Quand la coloc devient un luxe
Longtemps perçue comme une option bon marché, la colocation n'échappe pas aux conséquences de la crise du logement. "À Strasbourg, la demande est 1,7 fois supérieure à l'offre", confie Thibaut Ehrhart, cofondateur du site "La carte des colocs".
Cette tension du logement a une répercussion directe sur le prix des colocations. Un Strasbourgeois doit aujourd'hui débourser en moyenne 473 € charge comprise pour une chambre contre 410 € en 2020, selon la plateforme.
"C’est devenu tellement dur de trouver un logement que les gens acceptent la première coloc proposée, souvent en délaissant les critères géographiques ou esthétiques", constate Thibaut Ehrhart. En conséquence, l'étudiant est mis en concurrence avec des profils plus âgés. "L'âge moyen d'une colocation sur notre site est de 27 ans. Les jeunes actifs se rabattent de plus en plus sur cette option pour des raisons économiques."
Pour endiguer cette crise du logement, la Ville de Strasbourg a voté fin juin de nouvelles mesures dans l'encadrement des locations de courte durée, type airbnb. Ces dernières rentreront en vigueur à partir du 1ᵉʳ octobre 2024.