Quand les meublés destinés aux touristes explosent : "Il y a des communes qui commencent à perdre de la population, il faut rester vigilant"

C'est l'Alsace qui concentre la majorité des meublés de tourisme dans la région Grand Est. L'ADIL a publié mercredi 10 juillet une étude sur l'impact de ces logements sur l'offre locative. Un bilan contrasté. L'argent rapporté par le tourisme permet de financer la rénovation de nombreux logements, mais leur prolifération pèse sur le marché.

Riquewihr compte aujourd'hui excatement mille huit habitants. Dans ce village, l'une des perles de la route des vins d'Alsace, près du quart des logements sont transformés en meublés de tourisme. Une situation inquiétante, soulevée dans la dernière étude de l'ADIL, l'Association nationale de l'étude sur le logement. Cette tendance a un impact considérable sur le marché locatif. Dans la grande rue, par exemple, même si la mairie a fait disparaître la plupart des boîtes à clefs, il ne resterait que deux ou trois habitants permanents.

Alors pour lutter contre ce déséquilibre, la mairie a mis en place des mesures drastiques pour les propriétaires. " Cette situation a un impact sur beaucoup de choses, sur la vie associative, sur les commerces, sur ceux qui cherchent à se loger, explique Daniel Klack, le maire de Riquewihr. A un moment donné, il a bien fallu prendre une décision. En 2019, on a fait une demande auprès de la préfecture pour mettre en place le régime d'autorisation de changement d'usage. Il s'agit d'imposer des règles de compensation. Par exemple, lors de la rénovation d'un bien, pour la création d'un logement touristique de 50 m2, il faut obligatoirement créer aussi un autre logement de 50 m2."

Dans la zone qui va de Strasbourg à Colmar, et notamment le long de la route des vins, l'ADIL appelle les élus à faire attention à l'équilibre entre offre locative annuelle et meublés de tourisme. "Il y a des centaines de logement qui disparaissent du marché locatif, donc qui d'une certaine façon viennent augmenter la tension et qui rendent l'offre de logements plus rares pour les ménages qui cherchent à se loger à l'année, insiste Alexandre Probst, directeur de l'ADIL 68. Les élus ont désormais des outils et des données chiffrées. Il faut surtout que le nombre de résidences principales ne baisse pas trop dans une commune."

L'économie touristique fait partie de la vie d'un village 

La régulation semble difficile à estimer, d'autant que tout n'est pas négatif dans l'offre touristique: la forte rentablilité de ces logements a aussi un impact positif sur les investissements de rénovation de l'habitat ancien. "Ce qui fait la vie d'un village ce sont ses habitants. Mais l'économie touristique en fait partie, confirme le maire de Riquewihr, surtout dans un village comme le nôtre." Même son de cloche du côté de l'ADIL: "Ces meublés touristiques ont aussi permis de créer une dynamique de rénovation, les investisseurs se sont lancés dans les travaux dans beaucoup de villages. Un ou deux appartements, c'est bien... Simplement, lorsqu'ils rachèrent des immeubles entiers, cela peut poser problème." 

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