Maladie de Lyme : un protocole attendu, le diagnostic toujours en questions

Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire publie ce mardi les derniers chiffres des cas recensés de maladies de Lyme et la Haute autorité de santé doit publier ce mercredi un protocole d'actions et de soins concernant cette infection, un protocole très attendu par les praticiens et les patients.

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Les chiffres sont tout frais. Une étude menée par Santé Publique France et publiée par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire ce mardi fait part des toutes dernières données disponibles sur la borréliose de Lyme dite maladie de Lyme, principale infection transmise par les tiques en Europe et en France. Des chiffres plutôt stables entre 2009 et aujourd'hui avec tout de même un pic pour l'année 2016. En France en moyenne, 55 cas sont détectés pour 100.000 personnes contre 84 en 2016. L'Alsace reste l'une des régions les plus touchées par la maladie. 87 cas détectés pour 100.000 en 2014, 281 en 2016. Une augmentation forte du nombre de cas détectés mais pas des hospitalisations (1.3 cas pour 100.000), pour le bulletin épidémiologique hebdomadaire, l'explication pourrait être la communication auprès du grand public, mieux averti du coup.


Que disent les nouvelles données?

Si l'Alsace fait partie des régions les plus touchées, c'est sans doute liée au taux d'humidité, les tiques prolifèrent notamment quand il atteint 80%, ce qui explique pourquoi par exemple la région PACA est faiblement impactée. Cette étude fait un autre constat : l'incidence est plus élevée chez les 60-70 ans, peut-être la conséquence de la popularité de la randonnée chez les jeunes retraités. Les zones particulièrement sensibles sont évidemment les forêts (56% des cas détectés) mais aussi les jardins publics et privés (26%) et les prairies (17%).

Diagnostics et traitements : on en est où?

C'est toujours le flou. D'ailleurs, les chiffres publiés sortent dans un contexte particulier. D'ici un mois, la Haute autorité de la santé doit publier ce mercredi 20 juin un protocole national de diagnostic et de soins (PNDS) concernant justement la maladie de Lyme. Parce que depuis des années, le traitement de cette infection fait débat. Le diagnostic tout d'abord est jugé peu fiable par certains praticiens et patients. Les médecins ont recours à des examens sérologiques : le test elisa d'abord qui vérifie la présence d'anticorps dans l'organisme. Si ce test est positif, on recourt ensuite au test western-blot, une recherche par immuno-empreinte. S'il est positif des antibiotiques sont prescrits. Seulement encore une fois, la fiabilité de ces tests est remise en cause laissant de nombreux malades, non diagnostiqués et ballotés de service en service, désemparés. Certains patients font même le choix de se rendre en Allemagne où les tests sont réputés plus fiables. Une centaine de médecins avaient d'ailleurs lancé un cri d'alarme en 2016 pour alerter sur cette infection qui peut avoir des conséquences lourdes pour les malades : troubles neurologiques comme des atteintes du nerf faciale, arthrites et complications cardiaques. 


Un consensus autour du protocole?

Pas franchement. Pour rédiger ce fameux protocole national de diagnostic et de soins, le ministère de la santé a mis autour de la table un certain nombre de protagonistes, médecins et associations de patients, mêlant ceux qui mettent en doute l'existence d'une maladie de Lyme chronique et ceux qui affirment sa réalité, l'idée étant d'aboutir à un projet de protocole consensuel, le dernier datant de 2006. Seulement il y a quelques jours, la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) ainsi que le Centre National de Référence Borrelia (CNR) et onze sociétés savantes ont décidé de ne pas signer le projet. Le SPILF s'explique dans une lettre adressée à la Haute autorité de la santé : "il nous semble nécessaire d'apporter certains éclaircissements (...) , la stratégie diagnostique doit être mieux précisée". Autrement dit, la bataille autour des tests proposée (faut-il conserver les tests actuels ou les remettre en question?) en France continue. Le fameux PNDS doit être publié ce mercredi 20 juin donc et dans un climat qui s'annonce plus que compliqué.

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