Voyage entre l'Alsace et les États-Unis. Direction, Castroville, petit village texan où se sont installés de nombreux Haut-Rhinois au milieu du 19ᵉ siècle. Aujourd'hui, les nouvelles générations souhaitent y apprendre l'alsacien. Elles ont pour cela demandé à des spécialistes en Alsace d'élaborer une méthode d'apprentissage.
Scène peu ordinaire ce vendredi après-midi là dans le salon de Thierry Kranzer. Lui, l'alsacien d'origine et fervent défenseur de notre dialecte, était en grande discussion sur grand écran avec Joshua Kempf, Texan habitant Castroville. "Salut Joshua, comment vas-tu ?", demande Thierry Kranzer en anglais. "Et toi comment ça va ?" répond Josuha Kempf ... en alsacien.
Descendant d'immigrés Haut-Rhinois qui se sont installés à Castroville en 1840, Joshua Kempf est membre d'une association qui œuvre pour la préservation de la langue alsacienne et du patrimoine en général. Une association qui organise chaque semaine des cours d'alsacien pour les habitants de Castroville, la "petite Alsace". L'objectif étant que les quelques locuteurs qui maîtrisent encore notre dialecte puissent le transmettre aux jeunes générations.
Et pour apprendre correctement l'alsacien, les Texans ont demandé l'aide de Thierry Kranzer pour élaborer une méthode d'apprentissage afin de lire et écrire le dialecte. " Nous sommes l'une des dernières communautés françaises du Texas, mais aussi la seule communauté dialectophone des États-Unis. C'est notre héritage, il fait partie de notre identité. Et pour les jeunes générations, ce serait une tragédie de le perdre" explique Joshua Kempf.
Notre méthode Orthal comme base de travail
Pour élaborer la méthode, Thierry Kranzer travaille avec Edgar Zeidler, linguiste et coauteur de notre méthode Orthal. "Cette initiative est géniale. Nous pouvons soutenir leur démarche grâce aux connaissances que nous avons regroupées dans notre méthode Orthal qui date de 2008. Elle a déjà quelques années ! Nous pourrons leur être d'une grande aide."
Avant toute chose, il va devoir écouter parler les habitants de Castroville pour comprendre comment fonctionne leur alsacien. Trouver les similitudes et les différences pour proposer une base solide d'apprentissage. "De cette façon, nous pourrons entendre quelles voyelles ils utilisent, quelles consonnes, quelles diphtongues." C'est pourquoi les Texans ont entrepris un travail colossal d'enregistrement de petites phrases comme on peut l'entendre dans la vidéo ci-dessous. Une vidéo de l'association Castro Colonies Heritage.
Durant les prochains mois, tous vont travailler main dans la main. L'objectif étant d'avoir une vraie méthode d'ici l'année prochaine. À savoir qu'Edgar Zeidler travaille également sur un projet similaire avec des Japonais qui souhaitent apprendre l'alsacien.