Les moustiques prolifèrent dans la bande rhénane. Une problématique pour laquelle les chauves-souris sont plus utiles que jamais en Alsace. Dévoreuses de moustiques, elle peuvent se réfugier dans d'anciens blockaus.
Un blockhaus, ça ressemble un peu à une grotte. On y retrouve les mêmes paramètres: une humidité qui peut monter jusqu'à 90%, une protection absolue contre le gel, puisque la température est stable, autour de dix degrés... et un calme certain. "C'est un lieu idéal pour que les chauves-souris y passent tranquillement l'hiver, explique Tristan Cornen, technicien environnemental au syndicat de lutte contre les moustiques du Bas-Rhin (SLM67). C'est vrai qu'elles sont exigeantes. Elles se mettent en mode léthargie pendant tout l'hiver. Et elle tiennent à leur tranquillité !"
Chaque année, les moustiques prolifèrent dans les zones marécageuses de la bande rhénane. Ce phénomène ne va pas en s'arrangeant et gène de plus en plus la population. Alors, en plus de certains traitements à base de bactéries, le SLM67 s'est lancé dans une méthode beaucoup plus naturelle: elle transforme d'anciens blockhaus en maisons pour les chauve-souris, afin de les protéger. Et ça marche ! Quand on sait que la pipistrelle avale 66.000 moustiques par an, on comprend mieux la démarche. Ces mammifères dévorent même jusqu'à un tiers de leur poids par nuit.
Pour qu'ils se sentent parfaitement à l'aise, des briques creuses ont été rajoutées à l'intérieur. Ces dernières permettent aux chauves-souris de s'accrocher. Une porte métallique évite même les intrusions. Depuis 2019, six blockhaus ont été ainsi aménagés sur la bande rhénane, de Lauterbourg à Gambsheim en passant par Dalhunden et Auenheim. Une action menée en partenariat avec le GEPMA, le groupe d'étude et de protection des mammifères d'Alsace.
Des nichoirs en bois également installés
Depuis fin 2020, à Gambsheim, un blockhaus de la Seconde Guerre mondiale sert de "gîte" aux souris volantes. "Nous sommes ici à côté d'une zone d'eau stagnante, précise Sébastien Cornu, conseiller municipal. Autant dire que les moustiques s'en donnent à cœur joie. C'est une zone évidemment propice à leur prolifération. C'est d'autant plus embêtant que nous sommes juste à côté d'un quartier récemment réaménagé. A Gambsheim, nous avons toujours été sensibles à la biodiversité. Alors cela nous a semblé tout naturel de mettre à disposition des chauves-souris ce type de maison !"
Attention, à Gambsheim, on ne rigole plus avec les moustiques. Car pour en venir à bout, ou tout du moins tenter d'en limiter la prolifération, on installe aussi des nichoirs en bois. Et ils ont tout pour plaire aux chauve-souris. Ils ont été fabriqués par des élèves de terminale du lycée Heinrich Nessel d'Haguenau. Un prototype d'abri: la boite-fusée, le projet menuiserie de l'année.
"Elles sont faites en mélèze, explique Clara Arnold, élève de terminale qui a participé au projet. C'est un bois très résistant. Du coup, il n'a pas besoin d'être traité. Ce qui serait très mauvais pour la santé des chauves-souris." Chacun s'est lancé dans l'aventure avec joie. " Dans la classe, nous sommes tous assez fiers d'avoir participé à la création des ces nichoirs-fusées, poursuit Gaëtan Fleischel. C'est un beau projet pour l'environnement. Et l'on se sent utile. "
35 nichoirs viennent également d'être réalisés par les élèves de l'école primaire de l'Ill au Rhin de Gambsheim. La sensibilisation aux questions environnementales n'a pas d'âge. Et si l'on en juge par le nombre de moustiques qui s'abattent sur les peaux délicates dès les premières soirées chaudes de printemps, il va falloir s'y prendre tôt.