Lectures pour les petits, concerts, théâtre pour les grands, de plus en plus de communes alsaciennes organisent des semaines destinées à mettre la culture et le dialecte sur le devant de la scène. Et ça marche.
Du nord au sud de l'Alsace, les initiatives sont de plus en plus nombreuses. Spectacles pour jeunes, soirées théâtrales, concerts rock... Le tout en langue régionale. Les semaines alsaciennes se multiplient à l'image des événements organisés ces prochains jours dans plusieurs villages de la communauté de communes Sauer-Pechelbronn.
À Lembach (Bas-Rhin), Charles Schlosser nous emmène sur le sentier des poètes, Dìchter Weij en alsacien. Cinq kilomètres, 28 étapes à travers champs et village, pour nous faire découvrir des poèmes d'auteurs alsaciens : Sylvie Reff, Nathan Katz, André Weckmann et bien d'autres. Au détour d'une rue, l'initiateur du sentier s'arrête devant un panneau et lit un poème de Conrad Winter : "Taille ton Alsace dans un arc-en-ciel. Sculpte-toi une chaise dans du bois de chêne. Sculpte-toi une âme dans la fierté paysanne. Sculpte-toi une langue dans la justice. Sculpte-toi un monde dans l'unité"
Pour cet amoureux de la langue alsacienne, il était important de "donner un peu de poids à travers des poèmes. Nous avons de merveilleux sentiers à Lembach, nous avons des poètes, d'où l'idée du sentier. Ce qui est important, c'est que les textes illustrent les différentes variantes de l'alsacien : le francique, le bas-alémanique et le haut-alémanique. On voit à quel point notre dialecte est riche." Dans le cadre de la "semaine alsacienne",
rendez-vous le 3 octobre pour une visite guidée.
La scène, lieu où l'alsacien se parle le plus
Évidemment qui dit dialecte, dit théâtre. À Durrenbach (Bas-Rhin), la troupe de théâtre alsacien est en pleine répétition. Fondée il y a 40 ans par le pasteur du village pour occuper les jeunes, la troupe est encore très active, car la scène est le lieu où l'alsacien se parle le plus. "En français, les mots n'ont pas la même saveur qu'en alsacien. En alsacien, il est plus facile de faire rire le public qu'en français" estime l'un des acteurs, Paul Steiner.
Sur scène, nous retrouvons aussi Stéphane Jost et Serge Rieger, défenseurs de la langue
qui aimeraient autant que possible la développer : "on n'en fait jamais trop. Une semaine entière destinée à la culture et la langue, c'est une première ici." Et à Stéphane Jost de poursuivre : Si ça ne tenait qu'à moi, c'est chaque mois qu'on remettrait ça !" Ils préparent un spectacle pour enfants. Chansons originales avec des mots simples pour intéresser les petits et lectures courtes ponctuent l'animation.