Loïc Weinhard, 33 ans, a mis au point son propre potager-composteur. En bois ou en inox, son module assure une complémentarité entre les nutriments du compost et les plantes qui y puisent directement leur force.
L'idée du potager-composteur est venue à Loïc Weinhard au plus fort de l'épidémie de covid. "Je voyais tous ces gens dans les files d'attente au supermarché et je me suis demandé ce que je pouvais faire pour améliorer leur quotidien, leur apporter quelque chose qui leur ferait du bien."
Son envie de permettre aux citadins, en manque de nature à ce moment-là, de jardiner un peu sur leur balcon, leur terrasse, voire un petit jardin, lui a donné l'idée d'inventer ses "Jardisy" et ses "Balcony." De quoi faire pousser des légumes, des petits fruits et des fleurs dans un espace restreint.
Le principe est différent des bacs de plantation que l'on connait déjà. Dans le potager-composteur, il y a deux compartiments. Un pour le terreau, où poussent les plantations et un autre pour le compost, qui se crée grâce aux épluchures de légumes et de fruits, au marc de café et aux coquilles d'oeufs que l'on y dépose, avec un peu de sciure de bois.
Pour une décomposition accélérée, on peut introduire de fins vers rouges de fumier (fournis par l'inventeur) dans ce compost. Ils se nourrissent des déchets naturels et les transforment en bon terreau. Ces vers sont beaucoup plus petits que les vers de terre, qui eux se nourrissent de terre.
Dans le plus grand de ses potagers-composteurs en inox, poussent des choux raves géants. Gourmands en nutriments, ils se sont développés ici sans aucun produit chimique, rien que des épluchures consommées et transformés par les lombrics. Pas de produits chimiques, les vers font le job.
Parmi les dix premiers utilisateurs, un Strasbourgeois, qui a un tout petit jardin, mais l'envie de connecter ses enfants à la terre. "On ne voulait pas perdre de surface de jardin avec un compost, alors quand Monsieur Weinhard a sonné à notre porte, lors de son étude de marché, on a compris que c'était ce qu'il nous fallait, car jusque-là on jetait tout à la poubelle."
Composter tout en se servant de la surface utilisée par le compostage, pour cultiver et planter, voilà qui a séduit ce citadin et sa famille qui se lancent dans l'aventure.
Made in Alsace de A à Z
C'est dans son garage, que tout a commencé. Loïc y a fait ses recherches et fabriqué ses premiers prototypes. "Ce n'est qu'en passant à la construction réelle, en 3 dimensions, que l'on voit si tout ce qu'on a imaginé ou dessiné sur son ordinateur est faisable. C'est là qu'on modifie et adapte son produit."
Ses potagers sont soit en Douglas, un bois naturellement durable et originaire des forêts vosgiennes, ou en inox, (un ou deux modules superposables) afin qu'ils ne rouillent pas.
Toute la production est faite en Alsace. Les kits en bois sont fabriqués à l'Esat du Sonnenhof à Bischwiller et c'est une entreprise d'Offendorf qui assure le découpage, le pliage et la soudure de l'inox. Le responsable d'activités a été surpris de voir le jeune homme débarquer dans leur entreprise qui fabrique de la grande tuyauterie pour l'industrie.
"En quinze ans de métier, c'est peut-être la deuxième fois qu'un particulier vient avec un projet aussi bien réfléchi et ficelé" reconnait Arnaud Kapfer, responsable d'activité chez Alcyon. "Là, où nous on a pu intervenir, c'est dans le développement du produit en lui-même et dans la réalisation des premiers prototypes, qui ont déjà bien évolué et sont quasiment prêts à être commercialisés."
Un projet qui s'inscrit aussi dans la tendance actuelle, une envie générale de retour à la nature, de jardinage, de respect de l'environnement en créant moins de déchets.
Après des études dans le traitement des déchets, Loïc travaille aujourd'hui dans une PME de traitement d’eau à Strasbourg. Pour l'instant, personne ne sait où cela le mènera. Mais son souhait de combiner le plaisir du jardinage avec celui du compostage et la valorisation des biodéchets tout en nourrissant des plantes semble en bonne voie. Ses différentes versions de potagers-composteurs et les lieux où il les présente au public, sont indiqués sur son site internet.
Pour améliorer encore son produit, il recherche 25 clients testeurs, qui achèteront les potagers-composteurs, mais se verront offrir la terre et un lot de vers gratuit, en échange d'un retour d'expérience régulier. Sa boutique de vente en ligne ouvrira mi-avril.