Un couple passionné de photographie, "pour montrer aux gens les merveilles de la nature"

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Sujet Rund Um en alsacien sous-titré. ©France Télévisions

L'un affectionne les paysages et les monuments, l'autre s'extasie devant l'univers du minuscule. Marc Geiller et Katia Kopf sont tous deux photographes, par passion. Malgré des approches différentes, ils partagent le même bonheur de transmettre leur émerveillement devant les beautés de la nature.

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Mettre le réveil à 3 heures du matin, passer la nuit entière dehors, ou patienter des heures durant, pour obtenir LE cliché souhaité. Ce sont les joies des photographes passionnés. Parmi eux, un couple qui vit en Alsace du Nord, Katia Kopf et Marc Geiller.

Elle tient viscéralement à sa liberté, lui réfléchit à se professionnaliser. Chacun part régulièrement faire des photos de son côté. Mais le plaisir indicible de pouvoir s'émerveiller face aux splendeurs de la nature, de les cadrer derrière l'objectif, et de les fixer pour en garder trace, ils le partagent et se le transmettent.

Et leurs plus beaux moments restent ceux où ils peuvent partir ensemble. A la découverte, souvent à deux pas de chez eux. Car il n'est pas besoin d'aller loin pour changer de regard sur le monde.

Katia Kopf, l'amour du tout-petit

Dès que Katia Kopf a un instant de libre, elle saisit son appareil photo, son sac à dos avec ses différents objectifs, et part se promener. Généralement à quelques minutes en voiture de chez elle. Un coin de forêt, un pré, un plan d'eau, lui suffisent pour s'immerger dans un monde méconnu.

Ouverte à toutes les surprises, elle marche lentement, attentive à tout ce qui l'entoure. Et très souvent se penche, s'agenouille. Pour se mettre au niveau de tout ce qui se présente à elle. "Les libellules et les papillons. Ou les lézards, lorsqu'il y a du soleil et que la terre est chaude. Des mantes religieuses. Des escargots. Je photographie simplement ce qui me plaît, et ce qui passe devant mon objectif" explique-t-elle sobrement.

Elle s'intéresse aussi aux plantes. "Au printemps, je photographie les orchidées sauvages, ou les fleurs d'amandiers, les perce-neige. Les jeunes fougères. Ou, en forêt, les champignons d'automne. Tout ce qui surgit devant mon appareil." 

Des trésors qui se révèlent à elle, car elle sait observer. Et se donne les moyens de les trouver. Elle connaît aussi les moments propices. "A l'aube, quand il fait encore humide, avant le lever du soleil. L'hiver, c'est plus dur, parce qu'il fait froid. Mais l'été, ça peut être à 3 heures du matin. Ou le soir, avant que le soleil se couche. Ce sont des moments privilégiés."

Et ces trésors, elle sait les magnifier, avec respect, sans artifice. Même si l'immortalisation d'un instant ne la satisfait pas toujours. "Les photos réussissent… ou pas. Ça dépend. Mais souvent, très tôt, quand la lumière est belle et l'ambiance bonne, ça donne un bon résultat." 

Professionnellement, Katia Kopf est éducatrice dans un foyer pour jeunes enfants. "Faire des photos m'aide à évacuer la tension liée à mon travail, ça me donne un équilibre", assure-t-elle. Sa profonde connexion à la nature est pour elle un véritable atout. "Déjà toute petite, j'allais promener mon chien, je faisais des balades avec mes parents. Je suis une campagnarde, pas une citadine."

Aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle a toujours tenu un appareil photo. Elle a commencé par photographier ses chiens, à l'époque où elle avait un élevage. Puis sa route a croisé celle de Marc Geiller, et ce loisir "a pris une autre dimension". Aujourd'hui, elle fait aussi "des paysages, des photos nocturnes…" Mais sa préférence reste indéniablement "la macro, le petit."

"Il faut savoir se baisser, et s'en approcher, pour voir ce monde minuscule. Ne pas se contenter de ce qu'on appréhende d'emblée à l'œil nu." Un message qu'elle s'efforce de communiquer, par le biais de ses clichés. "C'est une forme de transmission, pour faire découvrir le microcosme autour de nous. Un partage. Pour montrer aux gens tout ce qui existe en tout petit. Car on vit dans le même univers. On est pareils à tous les autres animaux."

Marc Geiller, le jeu avec le soleil

Marc Geiller, lui, est davantage attiré par des sujets plus grands, plus immédiats. Arbres, rochers, monuments, paysages. Mais il ne se contente pas de reproduire ce que chacun pourrait voir. "J'aime jouer avec le soleil, reconnaît-il. Je guette toujours une belle ambiance. Ce n'est pas juste faire des photos, mais créer une atmosphère." Il choisit des instants inédits, une lumière rare, un ciel exceptionnel. Des moments du jour où, souvent, il n'y a personne, car la plupart des gens sont déjà rentrés, ou pas encore levés.

Mais sa démarche est souvent à l'opposé de celle de sa compagne. Car pour lui, pas question de partir au débotté. Une photo réussie, ça ne s'improvise pas, mais se prépare avec soin. "Il faut consulter la météo, voir l'orientation du soleil, où il va se coucher, où il va se lever. Et vérifier s'il y aura du brouillard, de la brume ou des nuages…"

En fonction de tous ces paramètres, il porte ensuite son choix sur le lieu adéquat. "Selon la météo, je sais que j'irai à tel ou tel endroit. J'ai toujours une idée préconçue de ce que je veux faire. Et alors j'y vais, pour la réaliser." Mais le plus souvent, une séance unique ne lui suffit pas. "Parfois j'y vais une, deux, trois fois, voire plus. Jusqu'à obtenir le bon résultat", avoue-t-il.

Son amour de la photo remonte à son enfance. "Mon père en a toujours fait. Quand j'étais petit, on faisait régulièrement des balades dans les Vosges et j'ai toujours aimé ça." Depuis peu, il propose aussi des sorties pédagogiques à des petits groupes de photographes amateurs. "Les gens me disent toujours : 'On n'avait jamais vu les choses comme ça.' C'est vraiment un plaisir de les emmener sur le terrain, et de leur montrer ce qu'on peut faire."

Des photos pratiquement sans retouches

Lorsque leur agenda le leur permet, Katia Kopf et Marc Geiller partent ensemble, appareils en bandoulière. Même si le plus souvent, arrivés sur place, ils se séparent. Elle traquant les coccinelles ou les colchiques au ras du sol, lui magnifiant les arbres ou les rochers.

S'ils partent en vacances, bien entendu, ils emportent tout leur attirail. Mais ils ne font pas de grands déplacements juste pour le plaisir des photos. "On a suffisamment de belles choses par ici, inutile d'aller très loin", sourit Katia.

Tous deux gardent un souvenir particulièrement vif et ému d'une certaine nuit, en mai dernier, passée à traquer les aurores boréales qui s'étaient manifestées jusqu'en Alsace du Nord. "C'était à partir de 22 heures, jusqu'à 4 heures du matin. On a arpenté tout le secteur, du Fleckenstein à Elsasshausen (près de Froeschwiller) et au plan d'eau de Reichshoffen", liste Marc Geiller.

"Et à chaque fois qu'on voulait ranger le matériel, c'était encore plus beau. Ça n'arrêtait plus", renchérit Katia. "Une telle nuit, c’est génial. C'est unique dans une vie."

Souvent, ils se retrouvent aussi pour le travail devant l'ordinateur. Marc Geiller fait parfois quelques retouches, de-ci, de-là, "pour ajouter un peu de couleur, retraduire la véritable ambiance, ajouter un peu de contraste, ou éclaircir les ombres." Mais pas question de retravailler ses clichés. "Je ne veux pas faire du photoshop, avec de faux ciels. Tout doit rester naturel."

Katia, elle, "n’ajoute aucun effet. Plutôt que de corriger une photo, je la jette, assure-t-elle. Celles qui ne me satisfont pas, je les élimine."

Amateur ou professionnel 

Pour Marc Geiller, après une exposition récente à Obersteinbach, et la vente de plusieurs tirages, ainsi que quelques commandes de particuliers et de collectivités, la question s'est posée d'une professionnalisation. Et il vient de franchir le pas. "J'aime faire des expositions pour que les gens voient la nature et ses beautés. Et aussi pour pouvoir vendre quelques tirages", explique-t-il.   

Katia, elle, adopte délibérément l'attitude inverse. "Pour garder ma liberté. Je ne veux pas devoir faire de photos sur commande, martèle-t-elle. Je veux pouvoir continuer à sortir et prendre ce qui vient. Je ne veux pas faire de série, ou un livre. Et je n'aime pas les expositions, il y a trop de monde. Rester enfermée toute la journée, c'est trop dur pour moi."

Pour profiter de ses créations, il faut donc la suivre sur les réseaux sociaux, où elle publie ses plus beaux clichés. Et pour le reste ? "Ce sont mes images, et je les garde pour moi", sourit-elle. 

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