Urgences: un nouveau droit d’alerte lancé face à la situation de l'hôpital universitaire de Strasbourg

Les nuits se suivent et se ressemblent aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg. Mercredi 17 août 2023, les urgences du NHC ont croulé sous les arrivées et les prises en charge de patients. Plus de 3 heures d’attente enregistrées, rien qu’à l’extérieur. Le syndicat FO lance une nouvelle alerte au ministre de la santé.

La situation est chronique. Des ambulances et des véhicules de pompiers, stationnés à la queue leu leu en attente de pouvoir accéder au graal, la porte des urgences, et de livrer au soin leurs patients. Une scène à peine croyable qui s’est à nouveau répétée mercredi 17 août au soir devant le Nouvel hôpital civil de Strasbourg.

"On avait déjà eu des prémices pendant le week-end. On nous avait contactés en nous disant qu’il y avait des véhicules qui attendaient dehors. Mercredi soir, on nous a dit que le personnel était sous l’eau, nous y sommes allés", raconte Christian Prud’homme, secrétaire général du syndicat Force ouvrière des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (Hus).

Sur place, lui et ses collègues ne sont pas surpris par ce qu’ils découvrent. "On s’est retrouvé face à dix véhicules dont deux VSAV (véhicule de secours et d'assistance aux victimes) en attente à l’extérieur. A l’intérieur, les zones de soin étaient saturées".

Selon le syndicaliste, ce soir-là, il y avait 57 patients pour 30 places dans le service. "Même la zone d’accueil était pleine. Il y avait des urgences dans le couloir avec des perfusions."

Des mots et des images ne cessent d’être posés sur ces débordements à répétition. En juin dernier, des secouristes priés de patienter plusieurs heures en pleine journée, avaient eux-mêmes dénoncés une situation "à risque". Photographiant et filmant leur attente.  

Des véhicules qui pendant ce temps-là ne peuvent pas intervenir ailleurs. Mercredi soir toujours, l’Eurométropole manquait justement de moyens de secours. De sources concordantes, 12 demandes de véhicules de secours n’auraient pas pu aboutir immédiatement.

Une alerte lancée

 

Pour Christian Prud’homme, ces tensions hospitalières entraînent "des risques qui peuvent être graves". "Ce n’est plus acceptable ni pour les patients ni pour les professionnels", martèle-t-il, depuis longtemps déjà.

Son syndicat a fait valoir son droit d’alerte hier. Il a écrit au nouveau ministre de la santé, Aurélien Rousseau en relatant les difficultés. "Même si sur le terrain ça ne va pas changer grand-chose, il faut remuer les consciences. Il faut dénoncer pour ne plus être complice". En en profitant au passage, pour demander l’ouverture d’une enquête confiée à l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) suite à plusieurs décès considérés comme "inattendus" enregistrés en 2022.

L’un d’eux concernait un patient de 81 ans découvert mort en septembre 2022 lors d’un changement d’équipe. "Malgré un droit d’alerte déposé par notre syndicat 36 heures avant ce drame, il n’y a eu aucune prise en compte de celui-ci et la situation de tension du service a perduré, entraînant pour nous, un lien de cause à effet probable entre cet évènement et la surcharge du service sans anticiper l’enquête judiciaire en cours", est-il écrit à l’attention du ministre.

La peur de commettre des erreurs, de "passer à côté" faute de moyens suffisants, Christian Prud’homme y voit aussi un impact considérable sur les effectifs. Les nouvelles recrues, notamment. "C’est déjà arrivé que certains nouveaux infirmiers quittent le service. Certains sont restés deux trois semaines seulement l’année dernière". Le serpent se mord la queue donc.

Une situation qui empire

Face aux multiples alertes, les personnels et leurs représentants se sentent bien seuls. Interrogé à propos des tensions aux urgences sur le plateau de France 3 Alsace lundi 14 août dernier, Michaël Galy, directeur général des Hôpitaux universitaires de Strasbourg pour quelques jours encore, avait alors tenu à rappeler "qu’à la différence de beaucoup d’établissements de santé les HUS n’ont jamais régulé leurs services d’urgences. C’est-à-dire que les patients n’ont pas nécessairement besoin de passer par l’appel au 15 pour s’y présenter", en convenant tout de même que "l’enjeu c’est de rouvrir des lits pour fluidifier les parcours". Avec quel plan d’action ? Affaire à suivre, sans lui donc.

En moyenne, les HUS accueillent aux urgences 120 000 personnes par an, 300 par jour. "C’est un hôpital conséquent et pour autant, on sait que ça dysfonctionne, que c’est compliqué et ça l’est encore plus aujourd’hui qu’il y a un an", avance de son côté Marc Noizet, président de Samu-Urgences de France et chef du service d'urgence du groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud-Alsace.

Pour lui, les choses vont de mal en pis. A Strasbourg, mais pas seulement. "L'été 2023 est plus compliqué que 2022" , fait-il d'abord remarquer, en énumérant : "le centre hospitalier de Haguenau est dans la difficulté, l’hôpital de Sélestat a eu plusieurs périodes compliquées cette année et on a des hôpitaux à Guebwiller et Saint-Louis qui ferment régulièrement leurs urgences faute de personnel. Sur l’Alsace on a une dégradation très claire en un an. Nous ne sommes pas en situation de grande insécurité comme ça peut être le cas ailleurs mais néanmoins, la situation reste tendue", conclut-il. En espérant lui aussi, être entendu, un jour, par les pouvoirs publics.

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