VIDEO. Il veut témoigner de la beauté du monde pour tenter de le sauver : Pierre Mann, une vie de combat en films

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Sujet Rund Um en alsacien sous-titré. ©France Télévisions

Cela fait plus de 50 ans que Pierre Mann parcourt la planète, caméra au poing. Du Pôle Nord, d'Afrique ou d'Indonésie, il a ramené des images d'un monde en disparition dont il veut être le témoin. Pour la première fois, le cinéaste aux plus de 40 documentaires sur des animaux en danger et des peuplades méprisées raconte son intimité dans une autobiographie.

"Le monde est magnifique si nous le regardons avec notre cœur". Tel est le mantra de Pierre Mann. Le fil conducteur de sa vie depuis plus de 50 ans. Il passe son temps à le regarder, ce monde. À le donner à voir également. Une marée de belles images, censées vous arriver aux yeux et au cœur aussi, justement. Car derrière le beau, le cinéaste veut montrer le noir. Agir comme un "lanceur d'alerte".

"Par mes documentaires, mes témoignages, je veux révéler avec humilité et rigueur l’univers menacé des animaux", écrit-il dans son autobiographie, Leçons d'humanité, parue en octobre 2023. Une plongée inédite dans son intimité.

Pour la première fois, Pierre Mann raconte son enfance, marquée par la guerre. Il avait six ans quand il a vécu le bombardement de Dresde en 1945, alors considérée comme la ville la plus sûre d'Allemagne. Il était parti s'y mettre en sécurité chez sa grand-mère. 

Mais plus que la période de conflit, c'est l'après-guerre qui l'a traumatisé : l'épuration dont ont été victimes ses parents, sa mère d'origine allemande et son père français. Son besoin de reconnaissance, sa sensibilité pour l’innocence, la nature et ses animaux...tout part de là, de cette injustice infligée par la guerre, a-t-il fini par réaliser. 

L'Afrique, le continent qu'il rêvait d'explorer

Pierre Mann était tout jeune quand il a acheté sa première caméra pour filmer les animaux de la forêt du Rhin et du Ried alsacien. Il dénonçait déjà la "déforestation, l’usage immodéré des pesticides, les pollutions et la raréfaction des espèces" dans son premier court-métrage, Les chemins du désert, en 1971.

"J'ai aussi écrit des articles, indique-t-il, en sortant de ses tiroirs de vieilles coupures de journaux. Celui-ci date de 1970 et a pour sous-titre : Y aura-t-il une nature en l'an 2000 ? C'est frappant, c'était il y a plus de 50 ans et ça ne va pas mieux. Au contraire, la situation est bien pire aujourd'hui".

Il pense bien sûr à la fonte de la banquise en Arctique et en Antarctique, et à ses conséquences sur les animaux privés de glace. Il a trop filmé les icebergs qui se détachent. Une nature en perdition, pourtant si belle, pleine de "miracles". Il en partage quelques-uns dans son autobiographie. La naissance des tortues luth en Afrique du Sud, par exemple, à l'endroit-même où étaient nées les mères. Des années plus tard, ces dernières parcourent des milliers de kilomètres pour déposer leurs œufs là où elles ont vu le jour.   

Ou encore l'intelligence des éléphants. "L’Etat sud-africain voulait éliminer une partie de la population de ces mammifères. Lawrence, un fermier local, les a sauvés et les éléphants l'ont compris. Ils sont repartis, loin, mais quand Lawrence est mort d'une crise cardiaque, ils sont revenus. Deux jours plus tard, ils étaient là et pendant 24 heures, ils ont encerclé sa maison, sans se nourrir. Depuis, chaque année, le jour de l’anniversaire du décès, ils reviennent", se souvient Pierre Mann.

Les grands animaux d'Afrique - le continent qu'il a toujours rêvé d'explorer et où il est allé des centaines de fois depuis 1973 - les régions polaires, les orangs-outans d'Indonésie... mais également les Bushmen, ce peuple d'Afrique australe qu'il a filmé pendant quatre ans. Le cinéaste est la voix des ethnies menacées que l'on n'entend jamais.

"De ces peuples autochtones, véritables îlots d'humanité, nous avons beaucoup à apprendre. Ils sont les vrais gardiens de la vie sur terre. J'aimerais que leur sagesse guide nos chemins. J'aimerais un avenir chaleureux pour un monde où l'altruisme serait la norme", confie-t-il encore dans "Leçons d'humanité".

Chevalier des Arts et des Lettres en reconnaissance de son combat

Au total, il a réalisé plus de 40 documentaires, sans compter les conférences qu'il continue de tenir et les émissions (Noctua, Breef üss Afrika...) qu'il a animées sur France 3 Alsace. Pierre Mann entend jouer son rôle de témoin tant qu'il le pourra. En novembre 2023, il se rendra en Inde pour filmer des tigres. Puis, en janvier, dans le parc national de Yellowstone, aux Etats-Unis, où vivent des loups. Avec sa compagne et photographe Sabine Trensz, qui est sa partenaire de voyages.

"Nous sommes face à une catastrophe, conclut-il. Je pense souvent à nos enfants, quel monde allons-nous leur laisser ? Ça me rend triste. Mais malgré tout, je continue, évidemment.... Je ne peux pas rester assis passivement devant ma télé. Ce n’est pas possible", promet-il, combattif.

En octobre 2023, Pierre Mann a été fait chevalier des Arts et des Lettres pour son immense carrière et ses combats.

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