Une expérimentation sur la distribution réglementée de cannabis avec THC a débuté, le 30 janvier 2023, dans les pharmacies de Bâle, en Suisse. 374 personnes participent à cette étude qui doit déterminer les effets sur la santé d’une distribution légale du produit.
Fumer du cannabis contenant du THC, c’est désormais légalement possible de l’autre côté de la frontière française. À Bâle, en Suisse, une expérimentation est menée depuis le 30 janvier 2023 dans le cadre d’un projet pilote baptisé "Weed care". 374 personnes y participent et peuvent se procurer le produit dans neuf pharmacies de la ville.
Conduite par le département de la santé de Bâle et des cliniques psychiatriques, l’étude a pour objectif de comparer les effets sur la santé d’une distribution légale du produit, comparé au marché noir. En effet, un deuxième groupe de participants n’aura accès au cannabis légal qu’à partir de cet été. En parallèle, ils continueront à consommer les produits qu’ils se procurent illégalement. "Cela permettra d’avoir une base scientifique sur laquelle les élus pourront prendre des décisions sur la réglementation du marché", indique Adrian Gschwend, membre de l’office fédéral de la santé publique.
Les participants ont accès, sur présentation de leur carte d’identité, à six types de produits. L’un d’eux est composé de haschisch et les autres de fleurs de cannabis provenant d’un fabricant suisse, selon le département de la santé. Leur teneur maximale en THC, cette molécule aux effets psychotropes, est de 20%. Les prix sont compris entre 8 et 12 euros le gramme.
Dans les années 2000, la ville de Bâle comptait déjà plusieurs dizaines de boutiques vendant du cannabis. Pourtant, sa consommation était toujours illégale mais tolérée par les autorités locales. La vente du produit a toutefois été interdite après que de nombreux touristes, dont les Français, se soient rués en Suisse pour en consommer.
Vers une consommation plus raisonnée ?
Avec du cannabis de bien meilleure qualité, les consommateurs qui participent à l’expérimentation y voient de nombreux avantages. C’est le cas de Daniel, 30 ans : "Je consomme depuis très longtemps du cannabis. Je rentre à la maison, stressé par mon boulot, par le quotidien ou autre chose, je fume alors un joint. Cela me calme et me détend tout simplement".
Ce que j’espère, comme ce produit m’est accessible, c’est d’avoir moins envie de m’en procurer régulièrement
Daniel, consommateur régulier de cannabis
Il apprécie pouvoir consommer légalement du cannabis et de ne plus craindre la police, mais pense qu’à l’avenir, sa consommation sera plus raisonnée. "Ce que j’espère, comme ce produit m’est accessible, c’est d’avoir moins envie de m’en procurer régulièrement et d’en fumer", souhaite-t-il.
Le trentenaire doit néanmoins remplir un questionnaire sur internet pour indiquer l’évolution de sa consommation. L’étude, qui durera deux ans, donnera certainement une idée précise des risques de cette consommation légale sur la santé.
L’Allemagne veut légaliser le cannabis
De l’autre côté de la frontière, une nouvelle fois, c’est l’Allemagne qui devrait bientôt être concernée. La coalition au pouvoir veut légaliser le cannabis dès 2024, provoquant l’inquiétude de certains élus des zones frontalières, dont la maire EELV de Strasbourg Jeanne Barseghian qui a écrit une lettre, avec le maire de Kehl, Wolfram Britz, à destination du chancelier allemand Olaf Scholz à ce sujet.
Alors que la France est l’un des pays les plus répressifs en Europe pour le cannabis, la consommation y est pourtant très élevée. L’hexagone se place en tête des plus gros consommateurs sur le continent, avec 44,8% des Français de 15 à 64 ans qui déclarent avoir consommé au moins une fois du cannabis dans leur vie selon un rapport de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies.