Kenny Tanovan est une figure emblématique du quartier du Neuhof à Strasbourg. Réputée comme étant une zone sensible de la ville, cela n’a pas empêché Kenny de s’y épanouir. Et d’emmener, grâce au sport et l’esprit d’équipe, toute une population derrière lui.
Il y est né, y travaille, et y vit toujours. "Parce que l’on vient du Neuhof, c’est tout de suite catalogué, tout de suite des clichés. Mais en fait pas du tout, il faut venir ici pour comprendre. Il y a une bonne ambiance."
"Je suis un pur produit du Neuhof !" lance-t-il. Le jeune homme est également président du Neuhof futsal depuis sept ans. Le futsal est un sport de plus en plus populaire. Du football en intérieur qui se joue à 5 contre 5, sur un terrain dédié habituellement au handball, avec ses propres règles et son championnat.
Alors âgé de 21 ans, cet ancien gardien de foot décide en 2016 de reprendre le club, qui a fermé un an plus tôt. Un pari gagnant, puisque le club surprend en se hissant en tête du championnat d’Alsace, et finit premier du championnat régional au bout d’un an. La formation a depuis rejoint la D2, en se maintenant dans le milieu du tableau.... Un exploit !
Les températures frôlent les 40 degrés le jour de notre rencontre, le quartier est en ébullition et les habitants, jeunes et moins jeunes, sont en partance pour les piscines qui se trouvent de l’autre côté du Rhin. "C’est une tradition au Neuhof, dès qu’il y a un soleil, c’est piscine, barbecue", s’amuse Kenny.
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Un seul but : donner une bonne image du quartier
Parmi toutes les activités de Kenny, la ligne de conduite reste la même : essayer de véhiculer une bonne image du quartier, et montrer le bon exemple. Son lieu de travail se niche en plein milieu du Neuhof. En tant qu’animateur jeunesse au centre social et culturel de l’espace Ziegel, le Strasbourgeois se dit être en "mission". Pour lui, c’est une vocation qui vise à rendre ce qu’il a reçu de ses animateurs du temps où il fréquentait lui-même la structure. Il prépare actuellement un séjour à Barcelone avec les jeunes.
Jamila Haddoum, responsable jeunesse du centre, se souvient de Kenny adolescent, à l’époque où elle était encore animatrice. Elle l’a vu évoluer. Ce qu’elle retient de lui c’est que : "Tout est possible si on s’en donne les moyens." Jamila a de l’admiration pour celui qui est devenu son collègue qui fait vivre le quartier aussi bien en tant qu’animateur qu’en tant que président du club. "Il arrive à réunir des familles entières, il a su mettre tout un quartier dans une sorte d’euphorie devant un match", avant de poursuivre, "et ça c’est génial, c’est une animation à lui tout seul !"
À chaque rencontre à domicile, plus de 300 supporters du Neuhof mais aussi d’autres quartiers de la ville, se déplacent. "À tous les matchs, c’est rempli au gymnase", assure Kenny. Montrer le meilleur comportement même sur le terrain est quelque chose qui lui est cher. "Ce n’est pas parce que l’on est un club de quartier que l’on doit tout casser. Là, on veut vraiment véhiculer une bonne image du Neuhof, et franchement on fait ce qu’il y a à faire", insiste-t-il.
Une ligne de vêtements pour “exporter” le Neuhof partout en France
Strasbourg, capitale de l’Europe, n’est pas encore rentrée dans le calendrier de la fashion-week, mais Kenny, lui, n’a pas attendu pour créer sa marque de maillots de foot personnalisables, Panenka football wear. Un clin d’œil au célèbre geste technique connu dans le monde du football. On se souvient de la Panenka de Zinédine Zidane en 2006, lors de la finale de la coupe du monde, qui opposait la France face à l’Italie.
Kenny commercialisait déjà des maillots estampillés "Neuhof futsal" quand lui est venue l’idée d’ouvrir plus largement sa gamme. Il ne s’attendait pas à un tel succès. Aujourd’hui, les commandes affluent de tout l’hexagone.
Ses premiers clients restent les Neuhofois, et particulièrement ses amis d’enfance. À l’image de Youssef, le chef des supporters, qui décrit Kenny comme "une personne importante qui tire le quartier vers le haut".
Animateur adulé, président du club de futsal et entrepreneur, sans sortir de son quartier, Kenny est la preuve qu’il est possible de réussir en valorisant le milieu dont on est issu. Son quartier est sa force, pas sa faiblesse.