Chaque année en France, plus de 100.000 élèves se retrouvent sans diplôme ou formation qualifiante. C’est pour pallier ce problème que "les accrocheurs" ont vu le jour à Mulhouse. Un dispositif unique en son genre, qui vise à remobiliser des jeunes sortis du système scolaire trop tôt avec, entre autres, de l'escalade...
"Les accrocheurs", le choix du nom de cette formation n’est pas anodin. Le dispositif vise à lutter contre le décrochage scolaire et "un abus de langage" stigmatisant, comme nous l’explique Quentin Boucansaud, responsable de la formation. Une des clés est de mettre en avant la pratique de l’escalade qui occupe une place centrale dans le programme de ces jeunes stagiaires.
Pour bénéficier de la formation, il faut remplir trois conditions : avoir moins de 26 ans, parler le français, avoir un projet professionnel et accessoirement… ne pas avoir le vertige.
L’escalade pour remonter la pente de la formation
L’escalade vient répondre à une question que se posait Guylaine Weiss, représentante de la région Grand Est : "comment mettre en mouvement ces jeunes qui parfois sont si statiques ?"
L’Institut régional formation adulte Grand Est (Irfa) auquel est rattaché l’initiative Les accrocheurs, a monté un partenariat avec le Climbing Mulhouse Center (CMC) qui détient le plus haut mur d’escalade d’intérieur en France, culminant à 25 mètres de haut. Son président, Bruce Coll, n’a pas hésité à adhérer au projet. Le CMC est selon lui "une démarche à caractère social, ayant pour but de permettre aux jeunes et aux moins jeunes de retrouver une confiance en d’autres personnes. Quand on vous assène qu’il faut avoir confiance en l'assureur, il faut avoir confiance en soi" raconte Bruce.
Kenzo a bénéficié de cette formation courte qui dure un peu moins de trois mois. Il a quitté les bancs de l’école à seulement 15 ans. Après avoir passé trois ans sans rien faire, le jeune de 19 ans est actuellement en formation qualifiante et prépare un titre professionnel d’agent de propreté et d’hygiène. Les accrocheurs lui ont permis de reprendre confiance en lui. "Je n’étais pas trop sûr de moi et en moins d’un an j’ai beaucoup appris, je sais ce que je veux pour plus tard", avance-t-il fièrement.
Raphaël a quant à lui été orienté vers une filière qui ne lui correspondait pas. Aujourd’hui, il a pour projet de créer un salon de jeu vidéo. En intégrant Les accrocheurs, il a peaufiné son projet, et a compris qu’il devait se former aux métiers de la vente pour atteindre son objectif. Pour l’heure, il travaille dans une grande enseigne de distribution et prépare un titre professionnel d’employé commercial en magasin. "J’étais au plus bas de l’échelle, maintenant je suis en train de monter un peu plus", confie-t-il.
Raviver la flamme
Alexandra Gonthier, est ce que l’on appelle une formatrice pilote. C’est la professeure référente. Elle accompagne les jeunes dès leur arrivée au centre, et continue de les suivre après leur formation. Les sessions accueillent une dizaine de stagiaires, ce qui lui permet de s’entretenir en profondeur avec chacun d’entre eux. Au terme de la formation, elle constate une évolution positive chez ses jeunes protégés. "À la fin de la formation ils sont remotivés, ils sont boostés. Ce sont des jeunes qui ont envie, parce qu’au départ ils sont éteints. On ravive la flamme" assure-t-elle.
Trois sessions de formation ont vu le jour jusqu’à présent, soit une trentaine de jeunes qui ont pu en bénéficier.
S’accrocher dans la vie pour ne pas tomber du mauvais côté de l’existence, ça demande du courage, et chez les accrocheurs on n’en manque pas. À l’issue de la formation, c’est une nouvelle version d’eux-mêmes qui se révèlera, sans cette fois, rester bloqué au pied du mur.