Ardennes : une souscription lancée pour restaurer deux calèches anciennes à Launois-sur-Vence

Animer un relais de poste, du 17ème siècle, y faire vivre des chevaux, proposer des balades en calèches, c'est le but de l'association "Les Sabots du Relais". Elle a acquis deux calèches qui nécessitent une restauration. Une opération d'un coût de 30.000 euros. Une souscription est lancée.

Jocelyne Salles est originaire du Nord. Elle vient de la région de Valenciennes. Il y a six ans, elle est venue s'installer, dans le département des Ardennes, à Launois-sur-Vence. Dans cette commune, labellisée Village étape, et située au cœur des crêtes préardennaises, elle a tout de suite été séduite par le relais de poste. L'ensemble architecturale date du 17ème siècle. Construit en 1654, il a été classé Monument historique en 1994.

Des animations s'y déroulent régulièrement, comme le marché des antiquaires ou des produits locaux, mais Jocelyne Salles a souhaité revenir, en quelque sorte, aux fondamentaux, en y développant des activités autour des chevaux. Le 5 mars 2020, l'association "Les Sabots du Relais" est née. Elle regroupe aujourd'hui 35 adhérents, et c'est Jocelyne Salles qui la préside.

Sauver le cheval ardennais

Pour dynamiser le relais de poste, l'idée d'y proposer des balades en calèches s'est très vite imposée. Une occasion supplémentaire de faire découvrir le lieu et la campagne environnante, aux touristes notamment. Mais l'autre atout de l'opération, c'était de participer au sauvetage du cheval ardennais. "Le cheval ardennais part le plus souvent, en boucherie", raconte Jocelyne Salles. Une valorisation est nécessaire, alors pour cela nous proposons des stages d'éducation, aux éleveurs, pour le débourrage de leurs animaux".

Une fois éduqués, les chevaux, plutôt que de finir dans les assiettes, peuvent faire du débardage, du maraîchage, travailler dans les vignes ou participer au ramassage des ordures, comme c'est le cas dans le département de l'Aube. Et pour l'association,  bien sûr, ces animaux robustes sont idéaux pour l'attelage et les promenades. Mais pour organiser des balades, il faut des moyens de transport. L'association dispose actuellement de trois calèches, et pour offrir d'avantage d'opportunités de découvertes des crêtes pré-ardennaises, les adhérents des "Sabots du Relais" ont mis la main à la poche, et en ont acquis deux nouvelles. Seulement, elles ont besoin d'une restauration.

Le cheval ardennais part le plus souvent en boucherie. Une valorisation était nécessaire.

Jocelyne Salles, Présidente de l'association "Les Sabots du Relais".

Une restauration en Pologne

Fin décembre 2020, c'est dans les Ardennes que l'association a déniché les calèches, un coupé et un omnibus qui datent du 19ème siècle. Elles dormaient chez un particulier qui les avait trouvées, en achetant sa maison. "Elles prenaient la poussière, et risquaient de partir à l'étranger", explique Jocelyne Salles. En effet, en Belgique et en Allemagne, ces véhicules sont très recherchés. 3.000 euros ont donc été déboursés par les membres de l'association.

Si le coupé à ressorts a été fabriqué, dans des ateliers parisiens, et présenté lors de l'Exposition Universelle de 1878, à Paris, l'omnibus, lui, a été fabriqué à Sedan. Les deux véhicules, ayant subi l'usure du temps, devront, pour être restaurés à l'identique, prendre le chemin de la Pologne. "Il n'y a que là-bas que c'est possible, précise la présidente de l'association. Pour des calèches neuves, également, c'est vers ce pays qu'il faut se tourner". Mais d'abord, il faut réunir les 30.000 euros nécessaires à la concrétisation de l'opération, notamment au travers d'une cagnotte en ligne.

Le soutien de la Fondation du Patrimoine

"C'est un super beau patrimoine à remettre en état", plaide Jocelyne Salles. En fait, elle n'a pas eu beaucoup de difficulté à convaincre la Fondation du Patrimoine, de soutenir l'appel à souscription, et une convention vient d'être signée. Elle officialise l'opération, permet une défiscalisation des dons à 66% et, si l'objectif est atteint, une subvention supplémentaire pourra être accordée à l'association.

Christian Thullier est le délégué départemental de la Fondation du Patrimoine, dans les Ardennes. "Nous ne faisons pas d'assistanat", déclare le délégué. "Les gens doivent s'impliquer, et on regarde la faisabilité du projet. Pour cette remise en état de deux calèches, on est très confiant. Pendant des années, on s'est intéressé à la restauration d'églises, de vieux bâtiments, désormais on va se diversifier avec du petit patrimoine, comme des fontaines, des abreuvoirs, ou ces calèches. Stéphane Bern a popularisé la protection du patrimoine. Sa Mission met en valeur des projets importants. Pour notre part, nous irons vers des opérations plus modestes".

L'aide d'entreprises espérée

Le lancement de la souscription a eu lieu il y a quelques jours. Les dons sont encore peu nombreux, mais Jocelyne Salles a l'espoir de voir la restauration sponsorisée par de grosses entreprises du département. Elle a déjà déposé des demandes de subventions pour "Les Sabots du relais", mais jusqu'à présent, seule la mairie de Launois-sur-Vence, y a donné une suite favorable. La Communauté de Communes des Crêtes Préardennaises leur a également alloué des locaux, dans le relais de poste. L'association dispose donc de deux grandes écuries, avec box individuel et d'un entrepôt pour le matériel. Une carrière a également été aménagée pour faire travailler les chevaux.

Le succès est au rendez-vous. Entre juin et décembre 2020, plus de 500 personnes ont effectué des balades, de quoi dégager un petit bénéfice, payer les charges et assurer le salaire de Stéphanie, qui est salariée à mi-temps, par l'association. Pour le reste, cinq bénévoles sont mobilisés, à temps plein pour la bonne marche des "Sabots du Relais". Et ça marche, on vient de loin pour se balader en calèche.

Pendant des années, on s'est intéressé à la restauration d'églises, de vieux bâtiments. Désormais, on va se diversifier avec du petit patrimoine, des fontaines, des abreuvoirs, ou des calèches.

Christian Thullier, Délégué départemental de la Fondation du Patrimoine, dans les Ardennes.

Une offre diversifiée

Quand les restrictions découlant de la crise sanitaire ne viennent pas perturber les déplacements, on vient des Ardennes, bien sûr, mais aussi de Belgique et des Pays-Bas, pour découvrir le secteur de Launois-sur-Vence, comme autrefois, à l'ancienne. L'association peut mettre en place des prestations spécifiques, pour les mariages ou les anniversaires, par exemple. Les propositions sont nombreuses. Les balades peuvent durer deux heures et prendre même toute la journée. On visite le patrimoine local. En demi-journée, on s'arrête chez les producteurs locaux, pour y déguster les produits du terroir, comme le jus de pommes. Les circuits comportent aussi des balades à thème.

Jocelyne Salles conseille de venir à plusieurs, et ainsi de réserver une calèche entière. Pleine, celle-ci revient alors à 112 euros, pour une visite à la ferme. Pour une balade de la journée, toute entière, jusqu'au domaine forestier de Guignicourt-sur-Vence, il en coûtera 430 euros, à cinq. Une dépense qui inclut le pique-nique et le goûter. Lors de cette sortie, l'association reverse 10 euros, au domaine, pour replanter cinq arbres.

Le dynamisme de cette association n'est plus à démontrer, mais elle a donc besoin d'un coup de pouce, pour faire procéder à la restauration de deux calèches, qui en ont bien besoin. Selon les dons, en contre-partie, on peut recevoir une carte postale, un mug, un set de table ou se voir offrir une promenade. Les travaux sur les calèches devraient s'achever en septembre prochain. Ensuite, il sera possible de les réserver pour une balade, en compagnie de superbes chevaux de trait, pour une paisible découverte de la campagne ardennaise.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité