A Saint-Germainmont, dans les Ardennes, la sucrerie devait disparaître. Elle a été sauvée par un entrepreneur marnais. Depuis 2019, Scorpe Technologies y fabrique des matériels de secours, pour les pompiers, notamment. Un espace pour l'entraînement du G.I.G.N. et du R.A.I.D. s'y prépare.
Il faut remonter à 1864, pour découvrir la sucrerie de Saint-Germainmont, à une vingtaine de kilomètres de Rethel, dans les Ardennes. C’est cette année-là, que les frères Jules et Désiré Linard ont créé l’entreprise. En 1981, on y produisait encore 60.000 tonnes de sucre, par an. Mais, en 2008, la sucrerie a été démantelée. Elle aurait dû être entièrement détruite, mais un ancien chef d’atelier l’a rachetée. Ensuite, il a souhaité la revendre, et a posté une annonce sur internet.
C’est là qu’intervient Sylvain Duménil. Ce Rémois de 53 ans importait du matériel pour les sapeurs-pompiers. Il avait créé sa société, à l’âge de 24 ans. Puis, il a décidé de se lancer dans la fabrication de matériels. Cela fait maintenant 15 ans qu’il produit et commercialise ses nombreux produits, en France pour moitié, le reste étant exporté. Avec le développement de l’activité, il a fallu très vite s’agrandir, trouver un entrepôt. "J’habite, depuis 20 ans, à trois kilomètres, de la sucrerie, et c’est sur internet que j’ai trouvé la petite annonce", raconte-t-il. Ne demandez pas à Sylvain Duménil, combien lui a coûté ce rachat, il indique seulement qu’il a investi trois millions d’euros dans l’affaire.
Les sites, pour s'implanter, ne sont pas faciles à trouver, et les prix sont élevés.
La technologie à la campagne
Pour concrétiser ses très nombreux projets, Sylvain Duménil, P.D.G. de Scorpe Technologies ne manque pas d’espace. Il dispose, en tout, de cinq hectares et demi. L’usine, qui a été rénovée, est implantée sur 5.000 m2, dont 1000 m2 de bureaux pour y accueillir des "start-up", et la vieille briqueterie s’étend sur 14.000 m2. Tout cet espace, à la campagne, n’est pas de trop, car le P.D.G. marnais ne manque pas d’idées.
La société, qui emploie trente personnes, et réalise huit millions de chiffre d’affaires par an, a, comme beaucoup d’autres, été impactée par la Covid 19. "Le marché asiatique a été touché, indique Sylvain Duménil. On souhaite élargir notre offre et, pour la faire connaître, nos locaux accueilleront dans deux mois un studio pour faire de la communication, à distance. Nous avons aussi intégré un garage, une société d’impression 3D, et une salle de 600 m2, avec bar, verra bientôt s’installer un traiteur de Vieux-les-Asfeld, le village tout proche". L’entrepreneur innove beaucoup, donc, dans un marché en développement.
Présent auprès des professionnels
Alors qu’actuellement, la vigilance orange, voire rouge est en place, dans plusieurs départements du sud-ouest touchés par d’importantes inondations, Sylvain Duménil indique qu’il occupe 90% du marché français des motopompes flottantes. "Nous sommes également leader sur le marché des capteurs utilisés en cas de séisme. Nous avons aussi un produit de découpe pour casser les voitures. D’ailleurs, Renault nous donne tous les ans 100 véhicules neufs à découper. Nous avons un partenariat avec le constructeur automobile et nous développons des produits pour casser des portes blindées, en cas d’attaque terroriste. Enfin, on va élargir notre catalogue avec l’aménagement de pick-up pour les pompiers".
On souhaite élargir notre offre, et pour la faire connaître, nos locaux accueilleront, dans deux mois, un studio, pour faire de la communication à distance.
A la fin de l’année, un espace d’entraînement, avec des murs qui bougent, permettra de former ceux qui interviennent an cas de séisme. C’est encore un projet d’activité sur le site que défend Sylvain Duménil. Il veut créer un labyrinthe, avec portes blindées, pour l’entraînement du R.AI.D. et du G.I.G.N., et organiser des formations, avec des pompiers consultants, sur le sauvetage et le déblaiement. Certaines réalisations seront inaugurées en novembre/décembre de cette année.
Une entreprise voulue différente
Chez Scorpe Technologies, les mails internes ont été supprimés. "On se retrouve autour de la machine à café, pour échanger. On apprend ainsi à se connaître", dit Sylvain Duménil. Dans l’entrepôt, un réfectoire et une salle de sport sont prévus pour les salariés. L’espace de l’ancienne sucrerie convenait parfaitement à l’entrepreneur, c’est pour cela qu’il s’est installé à Saint-Germainmont, dans les Ardennes. "Mais les sites pour s’implanter, ne sont pas faciles à trouver, et les prix sont élevés", précise-t-il. "Je pense que c’est mieux de rénover que de construire du neuf, qui est moins bon, sur le plan du bilan carbone".
Scorpe Technologies exporte vers l’Asie du sud-est et la Chine. "Ça nous oblige à innover, tout le temps, dès qu’on est copié", dit le P.D.G. Quand ses différents clients viendront, sur place, pour assister à la présentation des produits, Sylvain Duménil affirme que l’ancienne sucrerie sera ainsi devenue un centre international. Dans ce secteur du département des Ardennes, il n’en est pas peu fier.