Les deux plus grands vendeurs de glaces à emporter de Charleville-Mézières, la maison Roland et la maison Martinez, sont en duel sympathique depuis 30 ans, l’un en face de l’autre, dans le centre-ville pour le bonheur des gourmands. Les fortes chaleurs du moment n'augmentent pas les ventes.
C’est un véritable "western torride" qui se joue chaque jour à l’entrée de la rue de la République dans le centre-ville de Charleville-Mézières (Ardennes). Si les camionnettes des deux vendeurs de cornets sont de la même couleur, de la même forme et prétendent proposer toutes les deux les meilleures glaces de tout l’ouest de la cité, ce sont bien deux rivaux qui s’observent à cinq mètres de distance depuis plus de trente ans, la maison Roland et la maison Martinez.
Cette cohabitation de trottoir ne jette pas un froid pour autant : les deux vendeuses se connaissent de longues dates et ont chacune le même pistolet à glace dans la main droite.
On a les boules des deux cotés
Le piège gourmand est infaillible lorsqu'on descend la longue rue piétonne du centre-ville pour rejoindre la belle place Ducale, on ne peut éviter de passer entre les deux vendeuses de glaces. A droite, Maria, fidèle de la première heure chez Arden Glaces, la famille Roland qui vend des cornets glacés de grand père à petit-fils depuis 1892. Ils en produisent 420.000 litres par an et proposent 130 parfums différents. Autant dire que Maria a des munitions face à Annie, sa voisine de la maison Martinez.Chez ces derniers, les Martinez, on est sur le terrain depuis la fin de la guerre de 40, eux aussi cartonnent depuis des décennies le cornet à la main. Pourtant, il faut faire la différence pour attirer le public et aguicher l'oeil. Alors Monsieur Roland a eu l’idée d’utiliser de véritables Tubes Citroën des années 60 en guise de camionnettes à glaces pour faire ses tournées dans les Ardennes. En face, chez Martinez, et bien, on a eu la même idée : les vieux Citroën parcourent eux-aussi la campagne.
Alors ce ne sont pas les deux petites remorques identiques, face à face place Ducale qui peuvent aider à faire un choix.
Coté Martinez, on joue la transparence totale avec de belles vitrines sur les bacs à glaces, histoire d’harponner un peu plus encore le gourmand hésitant. Coté Roland, on a les mêmes. C’était déjà pas facile de choisir entre : vanille-fraise et triple boules, pistache, melon, cassis. Voilà qu’il faut choisir maintenant son camp.
Trop chaud : les recettes fondent
Des journées de fortes chaleurs, une canicule qui s’installe et un soleil de plomb ne sont pas synonymes de grosses ventes de cornets glacés pour les commerçants du secteur. Le thermomètre reste le juge de paix en saison estivale pour les vendeurs de glaces.On dit qu’il faut de la chaleur, mais pour nous une grosse chaleur comme on va avoir prochainement, ça va être de trop. Ce n’est pas bon.
-Roland Gizzi, directeur Arden Glace, Charleville-Mézières
"La bonne température pour les Ardennes c’est 28 degrés, car pour la vente ça peut aller du simple au double ou au triple sachant que les gens vont rester chez eux, ils ne vont pas sortir s’il fait trop chaud. A la vente, on peut très bien faire juste une journée moyenne un jour de canicule".
La saison est lancée. Dans chacun des véhicules, 300 à 500 glaces seront vendues chaque jour, les promeneurs de la cité de Rimbaud vont encore pouvoir hésiter longtemps entre les bonnes glaces de chez Roland et Martinez sur la place Ducale.