Plusieurs caméras de vidéosurveillance ont été vandalisées et découpées dans le quartier Manchester dimanche 30 mai à Charleville-Mézières. Trois jeunes d'une vingtaine d'années étaient présentés au tribunal lors d'une comparution immédiate, 3 jours après les faits.
Le quartier de Manchester à Charleville-Mézières a connu dimanche 30 mai et lundi 31 mai deux épisodes de violence. Plusieurs caméras de vidéosurveillance ont été découpées par une bande de jeunes dissumulés derrière leur capuche. Les poteaux sur lesquels étaient installées les caméras ont été sciés à l'aide d'une disqueuse, et des poubelles ont été brûlées, rue des Mésanges et du 11 novembre.
Cinq interpellations mais seulement trois individus à la barre
Cinq individus avaient été interpellés, mais seuls, trois d'entre-eux étaient convoqués devant la justice ce mercredi après-midi en comparution immédiate pour "des dégradations aggravées" par deux circonstances. Un 4ème auteur a été arrêté. Il est mineur et a été présenté à ce titre au juge des enfants. Des mesures éducatives devraient être prononcées à son encontre. Un cinquième individu, interpellé lundi à 14 heures en même temps que les autres, a été mis hors de cause.
Les deux prévenus, Erik et Roy, sont nés en 2001. Le troisième, Sullivan, est né en 2002. Ils sont également jugés pour association de malfaiteurs. Ils encourent jusqu'à 7 ans d'emprisonnement.
Selon le procureur, leur action était préparée. Ils avaient prévu des tenues de rechange, ils ont laissé leur véhicule et leurs effets personnels de côté pour ne pas être identifiables et pour faciliter leur fuite. Ils portaient des casquettes et des capuches pour ne pas être reconnus. Ils n'avaient sur eux, ni carte identité, ni téléphone, ni sacoche pour ne pas être identifié lors de la commission des faits. Leur voiture étaient garée plus loin avec à bord leurs effets personnels mais aussi des tenues de rechange.
En ce qui concerne les 3 majeurs présents à l'audience : deux d’entre-eux ont déjà été condamnés par le passé notamment à la suite de feux de poubelle, également des refus d’obtempérer ou encore conduites sans permis et remise illicite d’objets à des détenus.
Les jeunes se rejettent la responsabilité des dégradations
Ils se seraient pris en photo et/ou vidéo lors de la commission des faits. Ce qui fait dire au procureur, Laurent De Caigny : « Moi je fais des photos de vacances, eux font des photos de délinquance »
Le président tente de savoir d'où est venue l'idée de cette escapade ! « La question est de savoir qui est à l’origine de la commission des faits... Comment vous est venue cette drôle d’idée ? »
Roy répond : « c’est Sullivan »
Procureur : « Mais ça sert à quoi de faire ça ? Ça vous dérange les mâts ? La disqueuse, elle vient d’où ? »
« Je ne sais pas... » ajoute-t-il.
Sullivan : « c’est faux, ça vient pas de moi. Roy sait qui c’est mais il ne veut pas le dire... »
Roy (à propos des deux autres) : « ils m’ont menacé dans ma cellule. »
Son avocat : « est-ce que vous avez peur ? »
Roy : « oui »
Avocat : « de quoi ? »
Roy : « des représailles... »
Condamnés à du travail d'intérêt général
« Quand on essaye de passer inaperçu, ce n'est vraiment pas intelligent de prendre une voiture aussi repérable... » s'emporte le procureur. La Ford Focus possède une ancienne plaque d’immatriculation de la fin 20ème siècle. « On a ici trois pieds nickelés »
Et le procureur d'ajouter : « Si le commanditaire n’est pas dans cette salle, ils vont prendre pour tous les autres ... » Le Parquet tente de mettre la pression sur les trois prévenus, il semble penser que les mâts de caméra ont été sciés pour laisser libre cours aux trafics de stupéfiants dans ces deux quartiers de Manchester et Ronde Couture.
Finalement, le tribunal a déclaré les trois jeunes prévenus coupables de l’ensemble des infractions qui leur étaient reprochées, à savoir les dégradations aggravées et la participation à une association de malfaiteurs. En conséquence, ils ont été condamnés à 210 heures de travail d’intérêt général à effectuer en 18 mois, ce qu'avait requis le procureur. Si ce TIG n’est pas effectué, ils écoperont de 6 mois d’emprisonnement.
Toujours la colère du maire
Contacté, lundi 31 mai le maire (LR) Boris Ravignon, de Charleville-Mézières fulminait contre ces actes. "Cela n'a rien de classique, c'est un scandale. Des équipes cagoulées ont découpé quatre dispositifs en plein jour avec des disqueuses, de manière successive, des caméras principales du quartier. Il s'agit d'un défi lancé à la loi républicaine. Le message c'est : on ne veut plus que vous sachiez ce qui se passe. C’est inacceptable, on va s’organiser et essayer de regagner ce terrain et affirmer la loi"expliquait-il.
"On va continuer à essayer d’empêcher les trafiquants de drogue. On peut penser que la présence de caméras devenait gênante, elle compromet le business. Nous cherchons à éradiquer le trafic. Ce quartier de Manchester a été tranquille et il est aujourd'hui sous la coupe de trafiquants. On va réinstaller les caméras dès qu’on pourra. On va surveiller malgré tout. Et augmenter la présence humaine, je vais également demander plus de police nationale", avait ajouté Boris Ravignon.
Demande entendue puisque dès le lendemain, le préfet des Ardennes a fait savoir que des patrouilles viendraient renforcer les effectifs déjà présents sur place, il a demandé le renfort de CRS et de patrouilles mobiles.