Ecologique, économique et sympathique, la communauté de commune Ardenne Métropole teste l'hippomobile pour ramasser les sacs de tri sélectif dans certains quartiers de Charleville-Mézières. Deux chevaux ardennais font la tournée de ramassage pour le plus grand plaisir des habitants.
Le jour se lève à peine dans les rues glacées du quartier de Mohon ce mardi 10 décembre 2019. La voix d'un homme et le claquement des sabots résonnent entre les maisons blanchies par les moins 2 degrés affichés. Dans le brouillard, l'image surréaliste d'un charretier conduisant un attelage de chevaux a de quoi surprendre les habitants.
Georges, cocher-charretier de métier, conduit de sa voix forte, ses deux énormes chevaux ardennais: Axel, 9 ans, une tonne sur la balance, et Upsy, 13 ans, deux cents kilos de plus. Leurs pas lourds entraînent sur les pavés verglacés de la rue principale l'hippomobile, cet étrange cortège, qui avec ces deux ripeurs accrochés à l'arrière en mode acrobates, a tout d'un camion poubelle, le moteur polluant en moins. Leur mission du matin: faire la tournée de ramassage des sacs de tri des déchets recyclables dans ce secteur de Charleville-Mézières.
Une "deux chevaux" à qui il faut parler
La consigne de départ est claire pour Georges le meneur de chevaux: "si vous voulez approcher Axel et Upsy sans les effrayer, il va falloir leurs donner quelques friandises, (qu'il nous tend), et surtout leur parler en les regardant." Les deux compères semblent vraiment d'accord pour cette formalité de présentation. Pour ces deux athlètes habitués aux gros travaux, l'hippo-benne tractée en remorque derrière eux n'est pas un problème, ils en ont sous le sabot. C'est parti pour cinq heures de travail et treize kilomètres de rues.
Georges nous rassure sur ses deux protégés :
Là, on a une masse de deux tonnes de chevaux, alors, sachant qu'un cheval peut tirer trois fois son poids en plein effort, on peut leurs accrocher six tonnes à l'arrière si on voulait.
- Georges villeval, cocher-charretier avec des chevaux ardennais à Charleville-Mézières
"L'hippo-benne, c'est une fabrication spécifique avec relevage hydraulique. On peut y mettre jusqu'à deux tonnes de chargement, mais là, (avec les sacs de tri de recyclage), c'est surtout du volume. Il n'y a que trois cents kilos dans la benne. Pour Axel et Upsy, habitués au marché de Noël, ce n'est rien à tirer."
Trier, collecter, transporter, le tiercé gagnant
A partir du 10 décembre 2019, on pourra donc croiser cet équipage bien singulier dans un des quatre secteurs de la ville. L'objectif d'Ardenne Métropole est simple: sensibiliser les usagers à la problématique du tri dans les endroits où ce n'est pas encore devenu une habitude. L'image du cheval tractant une benne peut même éventuellement inciter les personnes à réduire le poids de leurs ordures ménagères.En parallèle des camions de services qui continuent leurs tournées habituelles pour tous les autres déchets, l'utilisation de l'hippomobile véhicule une belle image de la nature préservée. Le bruit des sabots remplace ainsi le vrombissement des moteurs diesels, et leurs déplacements à pas feutrés redonnent du silence à la rue. De plus, la présence de chevaux ardennais au service du public fait naturellement la promotion de la race au quotidien.
Première collecte de déchets recyclables à cheval à Charleville-Mézières. L'expérimentation sera étendue à Sedan début 2020 https://t.co/VFCAv11VlV pic.twitter.com/txhOdnv0Ht
— Alex Blanc (@axelwhite) December 10, 2019
Entre deux changements de pas dans la rue Etienne Dolet, Georges stimule avec de grands gestes ses deux équidés. Des jets de vapeurs s'échappent de leurs naseaux, les effets de la pente se font sentir. Il reprend: "On va voir si on répond aux besoins du marché, on est en test en ce moment, mais les gens adorent nous voir passer".
On ne remplace pas la mécanique pour l'instant, on fonctionne sur " le dernier kilomètre" en quelques sortes, celui qui consomme le plus, celui qui pollue le plus.
- Georges Villeval, cocher-charretier à Charleville-Mézières
Le spectacle est dans ma rue
Les grands sacs plastiques transparents remplis de papiers et de cartons attendent, tous alignés sur le trottoir, leurs derniers tours de pistes. Betty et David ont déposé également les leurs devant chez eux, et attendent le passage de l'hippomobile.
La corvée du va et vient des poubelles est devenue une petite attraction bien sympathique. David salue les rippeurs au travail et nous livre son sentiment: "C'est la première fois qu'on voit ça. On avait eu un prospectus dans la boîte aux lettres nous expliquant que le ramassage allait se faire avec des chevaux. C'est sympa, ça change du camion".
Nous, on faisait déjà du tri depuis quelques années, mais si on peut voir les chevaux régulièrement, ça peut nous aider à continuer.
Ça pollue déjà moins que le camion diésel qui passe dans la rue, c'est marrant. Là, les enfants sont à l'école, mais ça pourra être sympa de leur montrer prochainement.
- David Léon, habitant de la Etienne Dolet à Charleville-Mézières
Pour le tri, une seule allure: le galop
Axel, Upsy, Georges et ses deux rippeurs, seront en expérimentation durant un mois à Charleville-Mézières et ensuite à Sedan. Si l'idée de les rencontrer un beau matin, vous trotte dans la tête, sachez qu'ils seront au travail:Le jeudi 12 décembre quartier Bois Fortant |
Le mardi 17 décembre quartier du Theux |
Le jeudi 19 décembre à Etion |
Le mardi 24 décembre à Mohon |
Le jeudi 26 décembre à Bois Fortant |
Le mardi 31 décembre au Theux |
Le jeudi 02 janvier 2020 à Etion |