A la fin de l’été 2019, onze poèmes d’Arthur Rimbaud décoreront les murs de Charleville-Mézières. Une manière d’honorer la mémoire de l'artiste mais aussi de rendre la poésie accessible à tous.
« On voulait ne pas laisser la poésie dans les livres », explique Claire Lignereux, animatrice de l’architecture et du patrimoine de Charleville-Mézières. Et c'est réussi, au total, à la fin de l’été 2019, onze poèmes d’Arthur Rimbaud seront inscrits en grand sur les murs de la ville natale du poète.
Les œuvres sont pluridisciplinaires puisqu’elles associent littérature et street art. Chaque poème s’inscrit dans une création artistique réalisée par un artiste contemporain. Elle rencontrent un franc succès, tant auprès des touristes que des habitants.On veut que les habitants puissent s'approprier les oeuvres,
Claire Lignereux, animatrice de l'architecture et du patrimoine de Charleville-Mézières
Démocratiser la poésie
L’objectif est d’inscrire la poésie dans la totalité de la ville : dans le centre mais aussi dans des zones périphériques pour qu’elles soit accessible à tous. « On veut que les habitants puissent s'approprier les oeuvres », explique Claire Lignereux.Durant la prochaine année scolaire, deux classes travailleront avec des artistes pour élaborer de nouvelles fresques. Pour des raisons de sécurité, ils ne pourront pas peindre eux-mêmes – ils ne peuvent pas monter sur l’échafaudage – mais ils auront leur mot à dire sur le choix du poème, le style, les couleurs de l’œuvre, etc.
Teinter la ville du souvenir d’Arthur Rimbaud
L’emplacement des fresques revêt souvent un caractère symbolique. Par exemple, celles qui sont en train d’être réalisées sur les bords de la Meuse ne sont pas placées au hasard. D'abord les gens aiment s’y promener mais l’endroit est également proche du collège où a étudié le poète. L'âge où il fréquentait cet établisssment est aussi celui où il a rencontré son professeur de français, figure très importante dans sa carrière d'artiste.Une autre fresque a été réalisée sur la route qui relie Charleville à Mézières. A l’époque d’Arthur Rimbaud, les deux communes étaient séparées. Les relier par un poème est donc « très symbolique » pour Claire Lignereux.
Il faut toutefois respecter quelques contraintes techniques : les murs doivent être visibles, la ville doit avoir l’autorisation des propriétaires et l’emplacement doit pouvoir s’inscrire dans l’itinéraire de la balade.
Les visiteurs peuvent déambuler à l’aide d’une brochure dans laquelle apparait la note d’intention des artistes mais la ville propose également des visites guidées. Elles coûtent cinq euros par personnes et sont gratuites lors de grands évènements comme le Printemps des poètes ou durant les journées du patrimoine.
Un projet en développement constant
« A l’époque, on n’avait pas l’idée d’en faire une série », se souvient Claire Lignereux. En 2015, la première fresque avait été élaborée sur l'un des murs de la médiathèque. Créée à partir de l'agrandissement du manuscrit du poème « Voyelle » - conservé à Charleville-Mézière - et d'un dessin de Luques datant de 1888, elle n'avait pas fait l'objet d'une création artistique.Puis en 2017, la ville a fait appel à un street artiste local: Mehdi Amghar du collectif Creative Color. Le projet s’est ensuite développé : « on a voulu varier et élargir », explique Claire Lignereux. Des appels à projet ont été lancés en 2018 et 2019. Cette année, la mairie a reçu une trentaine de candidatures notamment d’artistes étrangers. A chaque fresque son artiste.
Le parcours est porté et financé par la mairie. Chaque œuvre coûte environ 6.000 euros. Bien qu’il s’agisse de street art, la mairie se réjouit de n’avoir eu affaire qu’à très peu d’actes de vandalisme. « Il y a un respect des gens face à ces œuvre », conclut Claire Lignereux.