Charleville-Mézières : "Qui a envie de travailler dans des conditions pareilles ?", s'indignent les psys ardennais

Répondant à un appel national à la mobilisation, une trentaine de psychologues ardennais se sont réunis ce jeudi devant l’antenne carolo de l'Agence Régionale de Santé. Ils réclament une revalorisation de leur travail et davantage de concertation quant à l’évolution de leur profession.

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Ils et elles travaillent dans des hôpitaux, des cliniques, en entreprise, des établissements scolaires ou encore dans leur propre cabinet. Toutes et tous sont psychologues, et bien qu’ils aient des quotidiens professionnels très différents, ils sont tous réunis devant l'antenne carolo de l'Agence régionale de santé, ce jeudi 10 juin, pour dénoncer le "manque de considération" du gouvernement à leur égard.  

"On est quand même bien malmenés", nous explique simplement Anne-Lucile Guerrier, porte-parole des psychologues de Bélair et coordinatrice de la mobilisation dans le département. Pour elle, comme pour beaucoup de ses collègues, le premier problème est celui des conditions de travail, notamment dans le secteur public. "Dans les hôpitaux par exemple, on a le sentiment d’être laissés pour compte. On est complètement débordés, on n’a pas de moyens, c’est comme ça depuis des années et rien ne change. Ça empire même, puisqu’il n’y a pas d’embauches, et les départs en retraite ne sont pas toujours remplacés. Parfois faute de candidat ; qui a envie de travailler dans des conditions pareilles ?" La désertification des pôles psychologiques publics est en cours, et au sein de la profession, beaucoup ont l’impression que le gouvernement ne fait rien pour l’enrayer. "La grille salariale n’a pas connu la moindre revalorisation depuis 30 ans", illustre la psychologue Carolomacérienne.

"Des projets menés pour nous, mais sans nous"

Ils sont "les oubliés du Ségur de la santé" de l’été dernier, à l’occasion duquel le ministère ambitionnait de consulter les acteurs du système de soin français avant de le réformer. Pourquoi les oubliés ? Parce qu’ils ont été écartés des discussions avant même qu'elles ne débutent. "Un vrai manque de respect et de reconnaissance. Ce sont des projets menés pour nous, mais sans nous", s’étrangle un collègue d’Anne-Lucile Guerrier, présent à ses côtés lors de la mobilisation. "Avec la multiplication des détresses psychologiques dues au contexte sanitaire, ils commencent à mesurer l’importance de notre domaine. Mais ils préfèrent jouer d’effets d’annonce dans les médias que de réellement prendre des mesures qui nous tirent vers le haut", conclut-il, écœuré. 

Une impression renforcée plus récemment, quand les psychologues de l'Education nationale n'ont pas été conviés au Grenelle de l'Education nationale. Comme si leur rôle auprès des jeunes générations était dérisoire. Un nouveau signe de "mépris" estiment les différents syndicats dans leur "appel du 10 juin". Dans ce manifeste, les auteurs dénoncent même une précarisation de la profession, due notamment à une multiplication des recours aux CDD de courtes durées. "C’est à la fois inconfortable pour les professionnels de la santé, mais aussi néfaste pour les patients eux-mêmes, contraints de changer de thérapeutes en plein milieu du traitement", déplore Anne-Lucie Guerrier.

 

Un refus de la "paramédicalisation" de la psychologie 

"Il y a une volonté de la part du ministère de la Santé d’exercer un contrôle médical sur la psychologie", estime Patrick-Ange Raoult. C'est ainsi que le secrétaire général du Syndicat National des Psychologues (SNP), interrogé par Franceinfo, voit les projets de création d’un ordre des psychologues et de prescriptions médicales nécessaires à des remboursements de séance par la Sécurité sociale. Les auteurs de "l'appel" parlent même de "réglementations qui, sous couvert de préoccupation humaniste pour la santé mentale de nos concitoyens, dénigrent chaque fois davantage les psychologues et menacent de plus en plus leurs pratiques".

Un sentiment que partagent largement les psychologues ardennais. Abordant ces projets, la porte-parole évoque "des mesures qui disqualifient notre profession, dévalorisent notre travail, et risquent même de le dénaturer". Les médecins pourraient en effet prescrire des séances de thérapie, et recommander eux-mêmes aux psychologues les méthodes à utiliser. "Et en plus ce serait aux médecins de décider de reconduire les prescriptions, et donc de décider si le patient a besoin ou non de continuer sa thérapie. Alors même qu’il ne le côtoie pas en thérapie. C’est une véritable instrumentalisation de notre travail, et on refuse de laisser passer cette 'paramédicalisation' de notre profession", ajoute un de ses collègues. Une perte importante d'autonomie et d'indépendance qui font craindre à ces professionnels de santé une uniformisation des soins, et donc un effacement du pluralisme de méthode nécessaire face à la diversité des cas. 

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