Covid : la lettre coup de gueule d'un médecin ardennais face aux comportements irresponsables

A Vireux-Molhain dans les Ardennes, le Dr Pascal Dubois est en colère. En pleine pandémie de Coronavirus, il constate que certains patients ne respectent pas toujours les gestes barrières. Dans une lettre écrite la semaine dernière, il fait appel à leur sens des responsabilités.

"Chers patients, je pense arrêter très prochainement la médecine, je suis épuisé." C'est ainsi que le Dr Pascal Dubois, médecin généraliste de 58 ans à Vireux-Molhain dans les Ardennes, commence sa lettre. Une phrase qui résume son désarroi et sa colère, face à certains patients peu soucieux du respect des gestes barrières.

"On a eu une grosse charge de travail depuis un bon mois. On n'arrête pas de répéter aux gens de se méfier, de se protéger, d'éviter les contacts rapprochés, et on s’aperçoit que certaines personnes pensent que la Covid, ça n'arrive qu’aux autres" déplore-t-il au téléphone.


Un confinement et des gestes barrières oubliés

Le Dr Pascal Dubois souffre des appels de détresse, devenus trop fréquents, de personnes positives à la Covid. "Comment des personnes âgées, prudentes, sont positives au coronavirus ?", s'interroge-t-il dans sa lettre. Selon lui, une seule réponse : l'insouciance des enfants, oncles, tantes, amis, venus boire un café ou discuter avec ces personnes fragiles, dans le mépris des gestes barrières et du confinement.
 

Que dois-je répondre à votre grand-père, grand-mère, père, mère, positif au coronavirus, quand il me demande "Docteur, est-ce que je vais mourir ?" ?

Lettre du Dr Pascal Dubois

Mauvais port du masque, petites réunions familiales ou entre amis pendant le confinement, lavage de main pas toujours automatiques : autant de petites choses qui ont de lourdes conséquences selon le médecin. Le virus circule, même en pleine campagne à Vireux-Molhain. Deux personnes sont décédées de la Covid pendant le deuxième confinement, dans cette petite commune de 2.000 habitants.


Une lettre partagée sur les réseaux sociaux

Cette lettre était au départ destinée à ses patients, dans son cabinet, et aux gens du coin. "Je ne suis pas du genre à râler, plaisante le Dr Pascal Dubois au téléphone. Alors je me suis dit que si même moi je râlais, les gens allaient finir par comprendre que la situation était grave." La lettre a ensuite été partagée sur les réseaux sociaux par des collègues infirmières.
 


Pour Séverine Fernandez-Quiles, infirmière à Vireux-Molhain, partager la lettre était une évidence : "Je suis entièrement d’accord avec lui. En faisant cette lettre, on savait très bien qu’il pensait à ses collègues. Il ne l’a pas fait que pour lui. Il l’a fait pour les infirmières avec lesquelles il travaille, les médecins, et tous les autres professionnels de santé."
 


"Les vétérinaires sont mieux placés que nous, parce qu'ils ne sont pas déçus par leurs patients"

L'infirmière Séverine Fernandez-Quiles et le Dr Pascal Dubois se disent las et en colère. "On fait notre métier du mieux qu’on peut et derrière certains individus vont tout casser, souffle le médecin. C’est du temps et de l’énergie de perdue."

Il tient toutefois à rassurer ses patients : non, il n'arrêtera pas vraiment la médecine. Il craint toutefois les fêtes de fin d'année, avec leurs réunions familiales. Elles pourraient bien saturer à nouveau des hôpitaux qui commencent pourtant à se vider peu à peu.
 
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