Créatrice de robes de mariées, Emeline Husson, installée près de Charleville-Mézières fait partie des "oubliés du covid". Suite à la crise sanitaire et aux confinements, elle affirme avoir perdu la moitié de son chiffre d'affaire en 2020.
Emeline Husson, couturière de 41 ans, est mère de trois enfants qu'elle élève seule, elle confectionne des robes de mariées et commence à perdre espoir pour son activité. La crise sanitaire a emporté la moitié de son chiffre d'affaire en 2020. Le second confinement a entamé sa confiance en l'avenir. Cette Ardennaise, installée près de Charleville-Mézières, fait partie d'un collectif national de créatrices de robe de mariée. Pour lancer un SOS au gouvernement. "Je me sens un peu seule, on est oublié par le gouvernement, puisqu’on a bénéficié d’aides mais très minimes, par rapport à nos besoins, moi je n’ai pas pu prétendre à toutes les aides".
En cette période de fin d'année, elle devrait "capter les prospects, on reçoit nos clientes dans nos ateliers et on leur propose des projets sur mesure. Mais là, on est confinés, donc sans clientes, pas de contrats. Et là, avec ce deuxième confinement, on ne se projette pas dans le mariage et donc pas de robe à créer. Moi, j’essaye de diversifier mon offre, je propose des robes de princesses pour Noël. Comme on travaille sur-mesure et qu’on ne peut recevoir de gens, j’ai proposé des visios, mais avec du sur-mesure, on a besoin du contacts humains". Prendre des mesures, c'est forcémment être proche de ses clientes. Or le confinement l'interdit.
Le manque à gagner est énorme, selon Emeline Husson. "Normalement j’en suis aux trois quarts de mon agenda rempli début décembre, là j’en ai un quart et j’ai déjà des futurs mariés qui me disent, on reporte en 2022". Elle travaille depuis 2014 dans son atelier, et compte sur le "bouche à oreille" pour se faire connaître, car elle travaille dans son atelier, seule. Elle crée tout de A à Z. Sans oublier la communication, la comptabilité. "Habituellement, on me contacte via les réseaux sociaux, je viens de faire une robe pour la Miss Champagne Ardenne, je lui ai fait une robe pour passer devant le jury de présélection des 12 dernières sélectionnées". Une visibilité qui n’est pas rémunérée. Cette robe de gala doit juste lui servir de vitrine commerciale. Mais cela ne suffit plus.
Collectif de créatrices
Le travail de couturière, avec le confinement tient de la prouesse technique. "J’avais reçu la miss chez moi, elle est venue après être une visio, j’ai créé la robe, et on a fait un essayage furtif pour valider mon patronage, et elle est revenue rapidement. J’ai choisi des matières qui pouvaient s’adapter".Un collectif de créatrice de robes s'est mis en place au niveau national. Avec une pétition signée par un millier de personnes. "On s’est dit, il faut écrire aux élus. L’initiative est venue de plusieurs créatrices. Je me suis sentie soutenue. Car on n’est pas considéré comme faisant partie de l’événementiel, on est des artisans non événementiels aux yeux de l’Etat".
Lettre ouverte des créatrices au gouvernement
Pour nourrir sa famille, son travail ne suffit plus, avec ses trois enfants qu'elle élève seule. "On a fait des courriers, quelques créatrices ont préparé une lettre ouverte, après avoir initié une pétition, depuis Bordeaux. On a été nombreuses à la signer, d’autres créatrices ont continué le travail, on expose nos soucis". Cette lettre, Emeline l'a envoyé 15 fois aux élus nationaux et locaux fin novembre, sans réponse, au 1er décembre. "En septembre, j’étais optimiste, mais le déconfinement, c’est la goutte d‘eau qui fait déborder le vase. Surtout dans la tête des mariés, ils se disent, 'jamais deux sans trois', ils ont peur de se marier l’été prochain, à 30 avec un masque, c’est pas décent par rapport à leurs envies".