Une famille albanaise sous la menace d'une expulsion dans les Ardennes

Mardi dernier, un Albanais de 42 ans était arrêté devant une école élémentaire de Charleville-Mézières. Depuis, lui et sa famille sont toujours sous la menace d'une expulsion.

C'était un mardi comme les autres. Marjana et Bilbil, deux Albanais arrivés en France en 2015, allaient chercher leur fils de 8 ans à l'école élémentaire Franck-Mozart de Charleville-Mézières. Une fois arrivés dans la voiture à moins de 50 m de l'école, Marjana et son fils s'installent, quand un policier présente sa plaque.

Il s'adresse alors à Bilbil et lui demande de sortir de la voiture. L'homme de 42 ans est alors menotté et envoyé au commissariat.

"Je leur ai dit : 'Mais je suis seule avec un enfant et je ne sais pas conduire !' Ils n'ont rien écouté et m'ont laissé là, dans la voiture", se souvient Marjana, encore sous le choc.

Cette arrestation a suscité une vive émotion à l'école carolo. De son côté, la préfecture ardennaise reconnaît que le choix du lieu d'arrestation n'était pas approprié. Cependant, Frédéric Clowez, le secrétaire général, souligne :

Il y a l'humain et le réglementaire. Ces personnes ne sont pas dans la légalité sur le sol français. Frédéric Clowez, secrétaire général de la préfecture des Ardennes.


Une demande d'asile et un recours rejetés​


Depuis leur arrivée en France en 2015, la vie de famille de Bilbil et Marjana est devenue un calvaire. Leur fils de 15 ans, Ceril*, est soigné par un psychiatre à cause des menaces que lui et sa famille ont subi lorsqu'ils étaient en Albanie. Un suivi qui leur a permis de monter un dossier de protection d'enfant malade. Dossier jugé "incomplet" par la préfecture.


Après une demande d'asile et un recours, tous deux rejetés, Marjana, Bilbil, Ceril* et Admir* se trouvent sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français.

C'est de l'acharnement, s'indigne Pascale Adrian. Cette famille a rempli tous les papiers comme il le fallait. Admir est le premier de sa classe.
 

Sauvés de l'expulsion car la famille n'est pas au complet


Le 7 mars dernier, alors que Bilbil est assigné à résidence depuis le mois de février, Marjana et son époux se rendent au commissariat pour signer leur assignation. Ils sont alors arrêtés, sans en comprendre la raison. La police va chercher le petit Admir*, âgé de 8 ans, alors qu'il est au centre aéré et recherche aussi son frère Ceril*. Introuvable, les forces de l'ordre sont dans l'incapacité de réunir la famille, ce qui rend impossible son expulsion.

On ne peut pas laisser un mineur à la charge du département, explique la bénévole du Secours Catholique. Donc le risque aujourd'hui, c'est que la famille soit réunie. Si tel est le cas, elle sera reconduite à la frontière.


Le juge des libertés de Strasbourg a jugé le cas de Bilbil ce vendredi. Il a estimé que l'internement en centre de rétention administrative n'était pas justifié. L'Albanais est désormais libre, mais il est inscrit sur le fichier des personnes recherchées. Accompagné par des associations, il tente de rentrer à Charleville auprès de Marjana, menacée elle aussi d'expulsion ce jeudi. Elle a déposé un recours.

"J'étais venue en France dans l'espoir d'une vie meilleure. Ce que je souhaite aujourd'hui, c'est de pouvoir y rester et continuer la vie que nous menions jusqu'à ces derniers mois", espère-t-elle, la gorge nouée.

*Les prénoms ont été modifiés
La famille de Bilbil et Marjana sous le coup de la loi du Kanun en Albanie
En Albanie, la famille de Marjana vivait tranquillement. Jusqu'au jour où son époux a été impliqué dans un accident de la route, dans lequel un homme a perdu la vie.
Même s'il n'a pas été jugé responsable par la justice albanaise, Bilbil est menacé de mort par la famille de la victime. Ces menaces le concernent lui et sa famille.

"Cette famille est sous la loi du Kanun. C'est une vendetta qui sévit en Albanie et qui décide que lorsqu'un membre de la famille est atteint, l'autre famille doit payer par le sang. Aujourd'hui, si cette famille est reconduite en Albanie, elle risque sa vie", détaille Pascale Adrian, bénévole au Secours catholique de Charleville-Mézières.
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