C'est au bord de la Meuse que le collectif nordiste est présent pour sa première participation au Festival mondial des théâtres de marionnettes. Au programme : des thématiques de société accessibles dès le plus jeune âge.
Sous le chapiteau rouge, Valentine fait partie du décor. La jeune femme, enfermée dans une commode fleurie, est moquée par les danseuses du cabaret, mais petit à petit, elle sort du meuble et ose danser devant un parterre d'enfants et de plus grands, ce dimanche 19 septembre.
Celle qui incarne Valentine est en fait Mélody, une des fondatrices du collectif Errances. Les Nordistes, bien connues dans la région Hauts-de-France, sont à l'origine de Tadam !, l'espace qui se situe au niveau du Mont-Olympe (voir carte ci-dessous), avec en son sein, une quinzaine de compagnies. Une variété de troupes artistiques pour créer différentes ambiances mais toujours avec le même fil conducteur : des spectacles accessibles dès le plus jeune âge (certaines représentations sont accessibles dès l'âge de six mois), qui proposent des réflexions sur notre société.
L'identité, l'écologie et l'engagement politique en question
Ce dimanche, c'est d'ailleurs la place des femmes et l'acceptation de leur corps qui est au coeur des représentations. A l'image du spectacle Moulin Fauve, où Valentine doit accepter son corps rondouillet au milieu de ceux très stéréotypés des danseuses de cabaret. "Elle va apprendre à oser à être elle-même, à danser malgré tout", explique Mélody.
Dans un tout autre genre, les trois comédiennes de la compagnie des Zanimos incarnent trois soeurs venues ranger la maison de leur grand-mère décédée. Au fil du tri de ses affaires, se dessine l'histoire familiale et les trois comparses découvrent peu à peu l'histoire de leur aïeule. "Parce que mamie n'a pas toujours été vieille", lance la plus jeune.
Les adultes de l'assemblée rient, surtout quand le trio tombe sur la collection de mouchoirs brodés de mamie. Autant de tissus que de conquêtes de la grand-mère, une manière cocasse de rappeler que mamie a été une femme avant de mittoner des petits plats.
Car l'objectif du collectif est de proposer des spectacles de marionnettes à tous les âges et d'éveiller les jeunes consciences sur des sujets de société, loin d'être anodins après un an de crise sanitaire. Sur l'identité comme ce dimanche, à travers des problématiques féministes (à travers les deux spectacles mentionnés et une table ronde autour de la place des femmes dans la création artistique). Mais pas seulement.
Retrouver son public après un an de pandémie
Tout au long du festival, les compagnies questionneront aussi la place des migrants, des personnes à la marge, ou encore la façon dont chacun prend sa place en société. Deux autres fils conducteurs seront au coeur des spectacles. Révolte et poésie, sur l'engagement politique aujourd'hui, et respirer, prendre son temps, qui pose la question du rapport de chacun à l'écologie et la nature. "Notre volonté, c'est d'être ensemble, de réfléchir et s'interroger sur notre société", détaille Marion du collectif.
Tadam !, c'est également le moyen pour les artistes de retrouver leur public et d'aborder ces thématiques sociétales avec humour. "Tadam ! car ça y est ! On y est ! On va enfin pouvoir faire des spectacles", s'enthousiasme Marion. "Ca fait du bien de jouer à nouveau face au public, se réjouit Mathilde, entre deux permanences à la buvette et à la billetterie. Depuis un an, on ne joue que face aux professionnels, ce qui est mieux que rien, mais ce n'est pas le coeur de notre métier. Ce qu'on aime, c'est retrouver les spectateurs et surtout les plus jeunes."
Un engouement partagé par Marion, qui a écrit une pièce pour les nourrissons âgés de six mois à trois ans. "Heureusement qu'on a pu tester notre spectacle dans des crèches et des maternelles, sourit-elle, car il y a pas mal d'idées qu'on pensait excellentes sur le papier qui l'étaient beaucoup moins en vrai."
Jusqu'à présent, les artistes de Tadam ! sont agréablement surpris. Pour une première au Festival mondial des théâtres de marionnettes, elles estiment avoir trouvé leur public. "On avait peur qu'en n'étant pas dans le centre-ville, les spectateurs ne nous trouvent pas, mais finalement, le bouche-à-oreilles fonctionne bien !", se réjouit Mathilde. En espérant qu'il continue de fonctionner jusqu'au 26 septembre.