C'est la nouvelle tendance : des colis n'ont pas été livrés à leurs destinataires, et se retrouvent vendus au poids comme de simples légumes. Durant le week-end des 23 et 24 mars, c'est dans la galerie marchande de l'Intermarché de Charleville-Mézières (Ardennes) qu'ils se sont vendus... comme des petits pains.
Vous n'oublierez pas votre colis non réclamé en allant acheter votre bidon de lessive au supermarché. De quoi parle-t-on ? Mais de la vente de colis non livrés à leurs destinataires, qui n'ont ensuite pas remué ciel et terre pour enfin les avoir dans leur boîte aux lettres. Parfois, il y a eu un déménagement. D'autres fois, une erreur d'adresse. Ou encore la personne n'a pas répondu au livreur qui lui téléphonait...
Résultat, tous ces colis non réclamés s'entassent. Ou plutôt s'entassaient. Parce qu'après la vente des quelque 600 kilos de colis (à 30 euros le kilo), ces samedi 23 et dimanche 24 mars 2024, il ne reste plus grand-chose à acheter. Il faut dire que les gens ont fait la queue. On en a même vu remplir des caddies entiers. Autrefois, tout ceci était incinéré. Mais plus maintenant : depuis la promulgation de la loi anti-gaspillage, une véritable filière de revente s'est mise en place (ici via une petite société commerciale).
C'est un peu comme à la loterie
Alexandre Blanc et Ophélie Perroux, journalistes de France 3 Champagne-Ardenne, étaient sur place pour constater l'engouement - réel et manifeste - pour ce type d'opérations. Elles gagnent en intensité et en médiatisation. Celle-ci avait lieu au sein de la galerie marchande Intermarché de Charleville-Mézières (Ardennes, voir sur la carte ci-dessous).
Parfois, c'est directement La Poste qui se débarrasse de ses colis, sans passer par des grandes surfaces. Ici, cette vente au poids, un peu comme pour les patates, a attiré du monde. Quand bien même, on ne sait pas ce que l'on achète, puisque les emballages sont toujours présents : pas question d'ouvrir avant d'avoir acheté.
Tout le monde a son astuce. Tâter le colis pour jauger ce qui se trouve à l'intérieur : les vêtements attirent peu. Même si une dame repart ravie, avec une chouette veste blanche à moumoutte et strass, qui lui va comme un gant.
D'autres cherchent à s'emparer des colis les plus fins... car susceptibles de contenir des bijoux, jugés plus précieux. Même si pas toujours. Inspiré, notre reporter s'essaye à l'exercice. Pour six euros (l'équivalent de 200 grammes de colis), il récupère notamment quatre paires de boucles d'oreilles... en toc. Ainsi qu'un bracelet de petite qualité.
Il trouve aussi des cosmétiques qui n'inspirent pas confiance (pas de liste d'ingrédients), ou un banal étui pour téléphone. Chou blanc. Mais à côté de lui, un monsieur a carrément rempli deux caddies à ras-bord. Un investissement conséquent, mais qui lui rapporte deux montres dépassant chacune les 100 euros, une caméra et du matériel informatique.
"Ça a un petit côté addictif", explique ce dernier à France 3 Champagne-Ardenne. "Quand tu as acheté une fois, tu as envie d'y retourner." Ce qui finit par représenter une belle palanquée d'acheteurs et d'acheteuses. Peut-être en ferez-vous bientôt partie.