Le Nutella est-il devenu un ingrédient de la pâtisserie comme les autres ? C'est l'idée que la marque véhicule en lançant un concours dans toute la France. Quatre apprentis du CFA de Charleville-Mézières participent, jeudi 2 juillet, au concours de la Nutella Academy. Le vainqueur ira en finale.
Ils sont quatre apprentis ardennais sur la ligne de départ. Nolwen, Nicolas, Emilien et Antoine vont se donner à fond. L'enjeu : une place en finale au salon du chocolat à Paris en octobre prochain.
Et puisque c'est la mode des concours culinaires, les centres d'apprentissage s'y mettent aussi. Au centre de formation des apprentis de Charleville-Mézières, ce sera un peu "Top Chef" ou plutôt "le meilleur pâtissier", références aux célèbres émissions de la chaîne M6. Mais cette fois, rien à voir avec la télévison, c'est une marque qui lance son propre concours. Du marketing. Du vrai pour une belle campagne de communication. Mais après tout, pourquoi pas ? Sauf qu'il s'agit d'un produit qui a longtemps fait polémique : le Nutella.
Bon, savoureux, gourmand mais d'un point de vue nutritionnel et écologique, le Nutella n'est peut-être pas irréprochable. Le groupe Ferrero est souvent critiqué sur son approvisionnement en huile de palme pour la fabrication de sa pâte à tartiner.
J'ai beaucoup lu. J'ai pris de nombreux renseignements un peu partout. Et j'ai vu que Nutella avait entrepris de nombreux efforts pour la sauvegarde de l'environnement. Comme j'aime bien connaître à fond mes dossiers avant de m'engager, je me suis documenté.
Le centre d'apprentissage ne s'est effectivement pas lancé dans l'aventure à la légère. Car "Ferrero fait des efforts depuis de nombreuses années", estime Arnaud Gauffier, co-directeur des programmes au WWF France. "On est capable de vérifier que toute l'huile de palme qui rentre dans leurs produits n'est pas issue de plantations qui ont contribué à la déforestation. C'est un engagement que l'on demande à l'ensemble du secteur privé en ce moment", expliquait-il dans une interview accordée à France Info. Ferrero avait même obtenu la note de 21,5 sur 22 sur la grille de notation annuelle élaborée par l’ONG. Pour WWF il s’agit d’un "signal encourageant pour le reste de l’industrie, qui prouve qu’une production d’huile de palme durable et sans déforestation est possible".
Le concours, jeudi 2 juillet
Le CFA interpro des Ardennes participe à l'opération. Quatre apprentis des Ardennes sont sélectionnés, ils concourront jeudi 2 juillet. Après quatre épreuves à Mont-Saint-Aignan (Normandie), Aurillac (Auvergne-Rhône-Alpes), La Rochelle (Charente-Maritime) et Chartres (Eure-et-Loir), c’est au CFA interprofessionnel des Ardennes à Charleville-Mézières que se tiendra la cinquième épreuve de sélection régionale du concours. Seul le vainqueur sera qualifié pour la finale qui se déroulera le 20 octrobre à Paris, à l'occasion du salon du chocolat. Le vainqueur recevra une bourse de 3.000 euros pour l'accompagner dans son projet professionnel.En tout, ce sont 7 établissements scolaires qui participent au concours. "Il n'y avait au départ que 6 écoles sélectionnées mais face à l'engouement de nos élèves, de nos formateurs et au sérieux de notre dossier, le groupe Ferrero a choisi de nous rajouter sur la liste", explique Franck Manière, le responsable pédagogique de l'école de cuisine ardennaise.
Nutella plus qu’un produit, un ingrédient de pâtisserie à part entière ?
"Au delà de l'argument marketing, il faut bien avouer que le Nutella devient un ingrédient de la patisserie actuelle," constate Franck Manière. "Ce sont les clients qui le réclame, alors nous préparons aussi nos élèves. Car il faut toujours avoir un coup d'avance," ajoute le formateur.Bûches de Noël, galettes, entremets, gâteaux. On trouve désormais toutes sortes de recettes à base de Nutella. "Nos élèves ont préparé avec leur maître d'apprentissage un Saint-Honoré ou encore un palais royal. Mais je ne dévoile pas tout ! Tout le monde a mis du coeur à l'ouvrage, aussi bien les apprentis que les professionnels qui les suivent tout au long de l'année aux quatre coins des Ardennes."
Au départ, c'est l’histoire d’une famille italienne, celle d’un chocolatier-pâtissier, Pietro Ferrero, qui a décidé de créer un produit gourmand et accessible à tous. En travaillant 7 ingrédients simples, il créa la pâte à tartiner, "un produit familial pour les goûters," est-il rappelé dans un communiqué de presse. "Mais il existe un attrait de plus en plus fort des consommateurs autour des recettes avec Nutella. Le partage de ces recettes explose sur les réseaux sociaux et on compte plus d’un million de requêtes sur le web en un an."
Les sept ingrédients qui composent le Nutella : 13% de noisettes, 7,4% de cacao, 8,7% de lait en poudre, 20% d'huile de palme, 50% de sucre, 0,02 de lécithine et 0,48% de vanilline.
"Nutella Academy"
C'est ainsi qu'est né le concept de la "Nutella Academy", construit avec le Chef Grégory Cohen, Ambassadeur de la marque Ferrero et ses marques depuis plus d’un an. Chef français moderne et engagé, il souhaite développer un concours pérenne qui a pour vocation de mettre la lumière sur les futurs talents qui feront la pâtisserie de demain. "Avec Nutella, nous souhaitons partager avec les apprentis l’excellence du savoir-faire et le plaisir de la dégustation qui nous guident et nous rassemblent. C’est pourquoi nous lançons un concours national et original pour stimuler leur créativité et leur audace, en revisitant les classiques de la pâtisserie française avec le Nutella comme ingrédient à part entière," explique Grégory Cohen.Le jour des épreuves de sélection, les candidats disposent de 90 minutes pour réaliser un classique de la pâtisserie française revisité avec le Nutella. Ils présenteront leur recette à un jury composé de professionnels, issues de la filière pâtisserie.
Mettre à l'honneur l'apprentissage
Ce concours, c'est aussi l'occasion de rappeler l'excellence de l'apprentissage en France et de relancer une campagne de recrutement aussi bien auprès des jeunes que des formateurs. "Ce n'est pas toujours facile de trouver des maîtres d'apprentissage." Mais surtout Franck Manière veut rendre hommage à la boulangerie-pâtisserie.Les quatre apprentis ardennais ont auront l'occasion de montrer jeudi 2 juillet leur savoir-faire. Le jury sera donc composé du chef Grégory Cohen, mais aussi d'un critique culinaire et des présidents de la chambre des métiers des Ardennes pour la pâtisserie et la boulangerie.Nos apprentis, les boulangers, les pâtissiers étaient au front pendant la crise du Covid-19. Ils n'ont pas arrêté de travailler pendant le confinement. Car les Ardennais comme les Français ont consommé comme d'habitude du pain, des viennoiseries et des gâteaux. Alors je voulais les mettre à l'honneur.