La ville de Monthermé est connue pour son histoire industrielle, la courbe parfaite que forme la Meuse et ses ardoisières. Autant de raisons qui font de la cité ardennaise un spot de randonnée incontournable.
"J’ai des yeux et des jambes. Quand je vois quelque chose de beau, j’aime que mes jambes m’y emmènent. L’avantage dans les Ardennes, par rapport à la montagne, c’est qu’on peut se rendre sur tout ce qui est beau." Guy Pleutin aurait pu être instituteur ou guide de haute montagne. L'auteur de plusieurs guides de randonnées dans les Ardennes, "aux genoux à 140.000 km", a opté pour le poste de directeur d'un centre pour enfants sourds et aveugles. "Je n'ai pas de regrets, mais la vie peut être bizarre parfois", lâche-t-il, évasif.Pas besoin d'être un marcheur de renom pour gravir quelque 200 m de dénivelé. Le parcours de quasiment 7 km de long est facilement réalisable en famille. "Attention toutefois aux tiques, prévient Guy Pleutin. On en est infesté."
Passé industriel dans la ville
Le parcours débute en ville. Dès le XIXème siècle, les métallurgistes de Monthermé s'unissent et créent des coopératives de consommation. Celle nommée la Ménagère, qui se trouve dans l'immeuble qui accueille aujourd'hui la maison de la presse, leur a servi de siège et de magasin d'alimentation jusqu'en 1972.La métallurgie occupe toujours une place importante dans l'économie de la ville. L'usine Sefac est toujours en activité et emploie une centaine de personnes. Et ça s'entend. "En semaine, on entend un 'bom' lointain, émis par le pilon", note l'ancien directeur de centre pour sourds et aveugles.
Une ardoisière à la sortie de Monthermé
Les bâtiments de la ville révèlent une autre richesse : les ardoisières et la pierre ferrugineuse, dont les alentours regorgent. La roche à sept heures et la longue roche sont deux carrières que l'on aperçoit depuis les bords de Meuse.A la sortie de la ville, Guy Pleutin conseille "un petit détour" par le trou Debry, du nom de son ancien propriétaire. Haute de plusieurs mètres, la carrière est impressionnante par sa taille et par ses nuances de mauve, vert et ocre.
La légende des quatre fils Aymon
"Que ce soit les ardoises, la métallurgie, ou encore les légendes, il y a toujours de l'humain", raconte Guy. Les quatre pics rocheux, qui émergent du massif des Ardennes, représentent les quatre fils du duc Aymon.Selon la légende, les valeureux chevaliers faisaient partie de la cour de Charlemagne. Un jour, une partie d'échecs tourne mal et l'un des fils blesse mortellement le neveu de Charlemagne. La fratrie est contrainte de fuir, sous peine de subir les foudres de l'empereur. Ils se réfugient dans la forêt ardennaise et bâtissent un château, à l'endroit des quatre pics, pris par Charlemagne. Finalement, ils errent durant trois années avant de repartir vers d'autres aventures.
Une montée semée de points de vue
Pour Guy, la randonnée doit avant-tout être synonyme de plaisir. Ses genoux sont venus à bout de la vallée des merveilles dans les Alpes et de nombreuses randonnées à travers le monde... Malgré toutes ces expériences, il affectionne toujours autant cette balade. Pour en profiter pleinement, il conseille de la faire à l'envers.Cela permet de profiter des points de vue durant la montée. Chaque spot est comme une récompense, ça permet de couper l'effort.
-Guy Pleutin, auteur de guides de randonnées des Ardennes.
Relâcher pendant la descente
Une fois la montée gravie, la descente se déroule à l'ombre des pins du massif. Les arbres ont été replantés à la suite de grands incendies survenus en 1976, où plus de 200 ha de forêt avaient été ravagés.Lors de la descente, les randonneurs empruntent une partie du chemin de Saint-Louis, encore utilisé par les ardoisiers il y a un siècle.
Les astuces de Guy Pleutin pour profiter à fond de la randonnée
Au départ de l'office du tourisme de Monthermé, les marcheurs peuvent se procurer le guide Chouettes balades de Meuse et Semoy, ainsi qu'une carte détaillée du parcours, toutes deux confectionnées par Guy Pleutin. Mais celle que présente l'Ardennais est disponible dans le guide de la Fédération française de randonnée, mieux balisée et plus grand public.- "Il faut la prendre à l'envers, conseille Guy. Sinon, la montée de départ est rude sans trop de points de vue. Il vaut mieux la prendre en descendant et se réserver les points de vue durant la montée, comme ça, on les prend un peu comme des récompenses."
- Privilégiez des chaussures montantes, à cause des tiques.
- Prévoir de la crème solaire et des lunettes de soleil s'il fait très beau. En revanche, n'hésitez pas à prendre de quoi vous couvrir s'il fait frais, car une grande partie de la balade se déroule à l'ombre des arbres.