TEMOIGNAGE. Déportée enfant vers les camps de concentration, Lili Leignel, 90 ans, sensibilise 400 élèves

Lili Leignel avait 11 ans en 1943, lorsqu'elle a été arrêtée par les Nazis avec sa famille et envoyée en camp de concentration. Elle a survécu, et depuis, rencontre beaucoup d'élèves pour leur transmettre l'histoire, son histoire. Ce vendredi 21 octobre, c'était à Charleville-Mézières (Ardennes).

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"Avions-nous été dénoncés ? C'est fort possible." Que l'horreur ne soit jamais oubliée, c'est le souhait de Lili Leignel, qui vient de fêter ses 90 ans. 

Lili Keller-Rosenberg, comme elle s'appelle alors, en a tout juste 11 quand, en pleine nuit, les Nazis débarquent dans sa maison. Pour venir l'arrêter, elle et sa famille. La petite fille est envoyée en prison (dans le Nord puis en Belgique), en camp de tri ensuite, avant d'atterrir à Ravensbrück puis à Bergen-Belsen (le camp d'Anne Frank).

Elle en rééchappera. Sa fratrie et sa mère aussi. Pas son père, fusillé à quelques jours de la libération du camp de Buchenwald : elle n'a jamais pu lui dire au revoir avant qu'ils ne soient séparés.

Transmettre aux générations futures

Le temps a passé. Mais pas le souvenir. Et Lili Leignel s'est attelée à transmettre l'histoire, son histoire (détaillée dans cet article du Monde), et à faire perdurer le devoir de mémoire. Ce vendredi 21 octobre 2022, quasiment 80 ans après sa déportation, la rescapée a raconté son histoire d'un ton clair et tranquille devant un parterre de 400 lycéennes et lycéens (de Chanzy notamment) au théâtre de Charleville-Mézières (Ardennes, voir la carte ci-dessous). 



Rencontrée par Sébastien Valente, journaliste à France 3 Champagne-Ardenne, elle raconte, déterminée, que "c'est indispensable de témoigner devant la jeune génération. J'y consacre ma vie. Parce que jamais il ne faut oublier ce qui fut." 

"Vous savez, les déportés, en rentrant des camps, nous disions : plus jamais ça. Mais vous voyez, les adultes n'en tiennent pas compte. Le mal est partout. Je veux que grâce à mes jeunes, il n'y ait plus de guerre. Qu'ils n'oublient pas, qu'ils fassent leur devoir de mémoire : j'ai confiance en eux."


"Je me dis que si les jeunes de toute l'Europe se donnent la main et font qu'il n'y ait plus de haine... C'est la haine qui apporte la guerre : c'est simple. Il suffit de lutter contre le racisme et l'antisémitisme." 

"Voilà : plus de haine, et nous aurons la paix un jour. Je suis persuadée qu'ils l'obtiendront. Je leur souhaite de tout coeur. Ces jeunes de Charleville étaient exceptionnels. Vous vous rendez compte ? Ils étaient si nombreux, mais on aurait entendu une mouche voler tant ils étaient à l'écoute, intéressés."


"À mon âge, c'est un peu fatiguant de constamment, constamment témoigner. Mais ça en vaut drôlement la peine. Quand je vois leur attitude, je suis rassurée. Je dis que je peux partir - je ne suis pas pressée - car la relève est assurée." 

Comme un pied-de-nez à ses ravisseurs, Lili Leignel, devenue autrice de mémoire, a écrit trois ouvrages : J'avais votre âge, Je suis encore là, Et nous sommes revenus

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