La pandémie bouleverse la vie de tous. Finis les rassemblements, de personnes fragiles, notamment. Dans les Ardennes, l’association APF France Handicap n’a pas voulu renoncer au lien social que représente la galette des rois. La galette 2021 s’est partagée en ligne.
Déguster une galette des rois bien croustillante, ce n’est pas seulement céder à la gourmandise. C’est l’occasion de se réunir, de partager un peu de joie. A Charleville-Mézières, dans les Ardennes, où depuis 1994 est installée la délégation départementale de l’association APF France Handicap, on a toujours été fidèle à la tradition. Seulement, avec la persistance de la pandémie de Covid 19, il a fallu s’adapter. Pas question de renoncer à ce moment-clé, synonyme de convivialité. La galette 2021 est virtuelle. C’est une galette en ligne. Et pour célébrer la tradition, les membres de l’association APF France Handicap se sont donnés rendez-vous ce vendredi 22 janvier sur la plate-forme de communication Zoom.
"Ce moment de partage, en toute sécurité sanitaire, c'était important qu'il ait lieu".
Le lien social préservé
C’est Emmanuelle Pascal, à l’APF France Handicap des Ardennes, qui est chargée du développement d’actions associatives. "Dans les Ardennes", explique-t-elle, "nous regroupons une centaine d’adhérents, des personnes concernées par le handicap, mais aussi des aidants, des bénévoles. Nous organisons des sorties, au festival des marionnettes, par exemple, mais aussi des séances de gymnastique, des ateliers cuisine et, c’est important pour communiquer, désormais, un atelier de sensibilisation au numérique. Pour goûter à la e-galette, il fallait acquérir des compétences informatiques. Un projet de communauté numérique a été mis au point. Et grâce à la fondation E.D.F., des kits comprenant tablette, housse et stylet ont été distribués. Dix personnes en ont bénéficié, dans les Ardennes, et autant dans la Marne et la Meuse".
Ne restait plus qu’à croquer l’instant. Rendez-vous avait été donné à 15 heures ce vendredi. Le matin, on comptait déjà 12 inscrits. Devant leur écran, l’après-midi, ils étaient en fait 17, car des salariés de l’association les avaient rejoints. Toute première peut s’accompagner de quelques problèmes techniques, mais ensuite, les échanges ont pu commencer depuis la cuisine de Sylvaine, le salon de Franck et Monique…La santé, le mauvais temps, n’ont pas empêché Véronique, Dominique d’échanger leurs vœux pour la nouvelle année. "Une année un peu bizarre", reconnaissent-ils. Pendant que la galette réchauffait dans les fours, les discussions se sont poursuivies…autour de la reprise de la piscine avec handiclub, à Charleville-Mézières, ou la marche que certains pratiquent. On se renseigne sur la vaccination, et les délais d’attente. "On a le temps de le choper d’ici là"…dit l’une d’entre eux.
"Le confinement, c'est un véritable drame pour les personnes handicapées".
Trouver des alternatives
Pascale Charty est aidante familiale. "Mon ancien métier", dit-elle, "c’était gestionnaire de biens. Parfois, il faut prendre des mesures de protection pour les personnes handicapées, alors, ça m’aide. C’est une charge d’être aidant. On commence à s’intéresser à nous un peu plus. Avant, on était complètement dans l’ombre". Pascale Charly s’est réjouit de l’organisation de cette galette pas comme les autres. Sa fille Leslie, âgée de 38 ans, souffre d’un retard psychomoteur. Elle travaille en E.S.A.T., mais malade depuis quelques jours, elle a dû renoncer à la galette.
Ce moment de partage, en toute sécurité sanitaire, c’était important qu’il ait lieu", dit sa maman. "Ces temps de réunion, même à distance, sont essentiels pour les personnes handicapées qui sont souvent isolées. Ca les aide à sortir du quotidien, ça leur donne une ouverture sur la société.Ca compte également pour les aidants, car les moments de partage sont aussi un répit, l’occasion de se donner des astuces pour le quotidien. Le confinement, c’est un véritable drame pour les personnes handicapées. Il fallait trouver des alternatives, s’adapter. C’est bien qu’ainsi le lien ne soit pas rompu".
Le pire, c’est la dépendance
Alain Antoine était professeur d’agronomie. Depuis un accident sur la voie publique, en 1994, il est tétraplégique. Après son accident, il s’est investi dans la représentation de la délégation départementale d’APF France Handicap auprès de plusieurs instances. Il a plusieurs mandats. "Cette initiative est sympathique. C’est convivial et ça permet de se changer les idées. La solitude frappe souvent les personnes handicapées", dit-il, "mais le pire, c’est la dépendance, surtout quand on est actif. Cette galette, c’est une bonne chose. Il est important que les gens conservent des activités ludiques".
Bien plus qu’un gâteau, qu’une tradition, devant les écrans, la e-galette a réuni les membres de l’APF France Handicap, avec l’espoir, toutefois, que l’an prochain, ils seront tous autour d’une même table. "Vous nous manquez ", leur a confié Emmanuelle Pascal, chargée de déveopper les actions associatives, peu avant la fin de cette réunion de début d’année, pas comme les autres.