Orange va progressivement débrancher son réseau téléphonique en cuivre partout en France. L'opérateur prépare ce chantier d'envergure en menant des expérimentations, dont une concerne quatre communes des Ardennes. Les anciens câbles sont retirés, la fibre optique prend le relais.
Le réseau téléphonique en cuivre, c'est bientôt de l'histoire ancienne. Avec le déploiement massif de la fibre optique, son extinction est programmée pour 2030 au niveau national.
Avant de passer à l'étape de la généralisation sur tout le territoire, des expérimentations sont menées. L'une d'elles concerne six communes, dont quatre situées dans les Ardennes. Il s'agit de Gernelle, Issancourt-et-Rumel, Vivier-au-Court et Vrigne-aux-Bois.
Les quatre communes ardennaises ont été choisies pour plusieurs raisons. "Nous avions mené une première expérimentation en Île-de-France, en zone urbaine pavillonnaire, détaille Patricia Lecocq, déléguée régionale d'Orange en Champagne-Ardenne, depuis le central téléphonique de Vrigne-aux-Bois ce 18 avril 2023.
"Nous souhaitions organiser une nouvelle expérimentation dans un périmètre différent, dans des zones plus rurales, avec d'autres profils de clients et sur un territoire déployé par un réseau d'initiative publique [pour la fibre]", ajoute-t-elle.
Fin mars 2023, les abonnés ont totalement basculé vers la fibre optique. Pour leurs usages, rien ne change. Ils ont toujours accès à Internet, à la télévision ou au téléphone fixe. Mais pour l'opérateur historique, de grands travaux commencent.
Dans ces quatre communes, le démantèlement physique du réseau cuivre a débuté. "On a coupé les premiers fils de jarretière la semaine dernière. Et on va petit à petit retirer tous les câbles", explique Patricia Lecocq.
Des kilomètres de câble à désinstaller
Une centaine de kilomètres de câbles vont être progressivement retirés. Une fois découpés, les câbles seront transportés jusqu'à une chaîne de recyclage pour en extraire le cuivre.
Après cette expérimentation, le projet d'arrêt du cuivre doit passer à la vitesse supérieure. Il faut donc s'assurer que tout se passe au mieux. Preuve de l'importance du dossier, une réunion préparatoire avait été organisée à l'été 2022 dans les Ardennes autour du préfet avec des représentants de chaque opérateur, les collectivités locales et la présidente de l'Arcep, l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse.
"Ce projet est un chantier industriel majeur pour le secteur des télécommunications. Mais c'est un chantier majeur aussi pour les citoyens", nous indiquait alors Laure de la Raudière, la présidente de l'Arcep.
En tant que gendarme du secteur des télécoms, l'Arcep s'assure que ce chantier se déroule dans de bonnes conditions. "Les conditions réglementaires que nous avons mises en place sont très simples. Il faut que le réseau fibre soit présent là où on va fermer le cuivre. La deuxième chose est qu'il faut qu'il y ait eu un délai de prévenance suffisant pour les autres opérateurs pour venir s'installer sur le réseau fibre et commercialiser leurs offres", ajoutait-elle.
160 communes vont suivre fin 2025
Orange a déjà dressé une première liste de communes qui seront débranchées du réseau cuivre au plus tard le 31 janvier 2025. Plus de 160 communes situées dans plusieurs régions sont concernées. Une carte est consultable sur le site de l'opérateur.
Dans le Grand Est, il s'agit uniquement de communes du département des Ardennes : Ballay, Briquenay, Givonne, Hauviné, Herbeuval, Illy, Landres-et-Saint-Georges, Margny, Mazerny, Quatre-Champs, Saint-Clément-à-Arnes, Saint-Étienne-à-Arnes, Saint-Pierre-à-Arnes, Sapogne-sur-Marche, Sapogne-et-Feuchères, Singly, Thénorgues, Toges et Villers-le-Tilleul. Les habitants seront informés pour faire la transition vers la fibre, si ce n'est pas encore le cas.
Ensuite, le projet d'arrêt du cuivre prendra un rythme plus élevé à compter de 2026, pour débrancher en quatre ans tout le pays. "Cette fin du cuivre est engagée et est inéluctable. Si on se projette un peu, il ne serait pas raisonnable de maintenir deux réseaux", nous indiquait en juillet dernier Muriel Germa, directrice du pilotage des infrastructures cuivre chez Orange.
"Économiquement, ce ne serait pas viable. Pour des raisons environnementales, ce ne serait pas non plus raisonnable. Le réseau fibre consomme moins d'énergie que le réseau cuivre. On voit aussi que les usages des Français sont en train d'évoluer", précisait la responsable.
En France, 34,4 millions de locaux étaient raccordables à la fibre, soit près de 80% des locaux, selon des données de l'Arcep de fin 2022. On comptait à la même date 31,9 millions d'abonnements fixes à internet dans le pays, dont 21,4 millions en très haut débit.