A Chooz, dans les Ardennes, la Meuse est à nouveau sortie de son lit et a encerclé la maison de Séverine. Habituée aux crues du fleuve, l'Ardennaise, cloîtrée chez elle, relativise.
Depuis ce mercredi matin, Séverine, habitante de Chooz dans les Ardennes, s'initie à la vie insulaire. Car depuis plusieurs heures, sa maison bordant la Meuse, est devenue un petit îlot encerclé par les eaux du fleuve en crue.
"Je suis à environ une dizaine de mètres de la Meuse habituellement, raconte-t-elle, et là les eaux sont à deux mètres cinquante à peine de ma maison". Séverine est pourtant une habituée : "la Meuse, je commence à bien la connaître", sourit-elle. C'est même la 7e crue depuis son installation dans cette maison sur la voie verte il y a trois ans et demi. Pourtant, Séverine a bien été surprise par la brusque montée des eaux.
"Je suis allée au cinéma sur Givet hier soir, se souvient-elle, l'eau était déjà montée quand je suis revenue, mais je sais que j'ai habituellement une journée de délai pour évacuer ma voiture. Je me suis dit que je le ferai le lendemain matin, mais la Meuse était déjà là. Normalement, j'ai plus de marge que ça !"
Isolée de l'extérieur
La voiture de Séverine est donc bloquée dans le garage par les eaux. Impossible de quitter les lieux, la voilà prisonnière de sa propre maison. Pas de quoi l'inquiéter, bien au contraire.
J’ai choisi la maison en sachant qu’il y avait les crues et c'est le moment que je préfère. Je le trouve magique et extraordinaire de force. Je comprends que ça puisse impressionner, mais je le vis différemment car je suis une amoureuse de la Nature.
Séverine, habitante de Chooz
Pour Séverine, cet instant est "unique", car elle est "la seule à pouvoir le vivre". Si elle prend ce moment avec poésie et philosophie, ses proches, eux, s'inquiètent.
Séverine les rassure donc sur les réseaux sociaux : son fils de 11 ans est en sécurité chez son père, son congélateur est plein et sa maison n'est pour le moment pas inondée. "Au pire, le garage sera touché en premier et je vais peut-être devoir évacuer certaines pièces de la maison, mais j'irai à l'étage, qui ne peut pas être touché", relativise-t-elle.
Séverine travaille depuis chez elle, en tant que maman des fameux "Froutz", et ne compte pas dormir ailleurs, car elle souhaite rester auprès de ses animaux et surveiller la montée des eaux.
Elle souffre d'un cancer du sein, mais aucune chimiothérapie n'est programmée ces prochains jours. Et c'est justement la maladie qui lui permet de relativiser : "Moi je suis vivante, alors la Meuse peut monter, je le prends comme un cadeau".