Football : relégué en National 2, le club de Sedan fait appel, son président "convaincu que le CSSA conservera sa place en National 1"

Ce mardi 6 juin, à Paris, au sein de la Ligue de football professionnel, la commission de la direction nationale du contrôle de gestion s'est réuni. Dans les débats : le CSSA et ses finances. Le club de football de Sedan affiche 900.000 euros de perte cette saison et a été relégué en National 2. Il fera appel de cette décision.

L'avenir du club de football de Sedan était entre les mains de la Ligue de Football Professionnel. Particulièrement de la commission indépendante de la Direction Nationale du contrôle de Gestion. La fameuse DNCG que tous les clubs de football professionnels redoutent. Convoqué ce mardi 6 juin en début d'après-midi, Marc Dubois, le président du club ardennais a entendu la sanction : le CSSA est relégué en National 2. 

Dans un communiqué publié quelques heures après cette annonce, le club "prend acte sans surprise de la décision de rétrogradation administrative du club en National 2. Le Président du CSSA Marc Dubois exposera demain la motivation du club à faire appel et sa conviction que le CSSA conservera sa place en National 1 chèrement acquise sur le terrain."

Une situation financière compliquée

Le CSSA est en difficulté en cette fin de saison 2022-2023. Non pas sportivement, 7e du championnat, l'équipe de National a plutôt bien géré sa saison. Alors que six équipes, en cette fin de championnat, descendent, il a fallu tirer son épingle du jeu. C'est ce qu'à réussi Olivier Saraglia l'entraîneur et son groupe. C'est bien financièrement que les choses vont mal. 900 000 euros manquent dans les caisses du club. 

Il n'y a pas de couperet ce soir quelque soit la décision qui sera prise. On aura encore quelques jours, au moins jusque fin juin pour représenter des comptes améliorés

Didier Herbillon, maire de Sedan

Contacté avant la décision de ce mardi 6 juin, le maire de Sedan, Didier Herbillon se voulait rassurant. "J'entretiens des relations quotidiennes depuis plusieurs semaines avec les dirigeants du club. Non je ne suis pas surpris. Je sais que la situation financière est fragile. Très honnêtement, aujourd'hui, il y a un certain nombre de partenaires qui se sont mis autour de la table et qui ont apporté leur soutien au CSSA. La situation s'est améliorée ces derniers jours. Est-ce que cela sufiira ? C'est ce que nous souhaitons. Si la seule sanction est l'encadrement de la masse salariale, tout ira bien et nous aurons un peu de temps pour construire un budget pour l'année prochaine. Si ça n'est pas le cas et si une rétrogradation est prononcée, on aurait de toute façon encore un peu de temps pour chercher d'autres partenariats ou d'autres entrants au capital. Pour moi, il n'y a pas de couperet ce soir (mardi 6 juin) quelque soit la décision qui sera prise. C'est clair. On aura encore quelques jours, au moins jusque fin juin pour représenter des comptes améliorés à la DNCG". 

Marc Dubois a déjà dépensé beaucoup de son argent personnel, plusieurs millions d'euros et aujourd'hui, il n'est plus tout seul à la tête des affaires de sa boite. Il a même d'ailleurs passé la main à son fils et son fils lui dit stop.

Didier Herbillon, maire de Sedan

Depuis quelques semaines, Marc Dubois, le président du CSSA et son équipe travaillent sur le sujet. Didier Herbillon aussi, véritable commercial du club !  "Depuis plusieurs jours, semaines même, mon téléphone chauffe pour faire en sorte d'organiser un tour de table général et cela va bientôt se faire, précise le maire de Sedan. Il faut un élan collectif autour du club qui ne s'est pas développé ces dernières années pour x, y raisons, mais je crois qu'il faut revenir à cela. Si demain, le club est porté par tout un environnement économique qui a évidemment besoin aussi de communiquer et bien je crois que l'on aura tout gagné"

D'ailleurs, la situation du CSSA s'est améliorée ces derniers jours. C'est ce qu'a sans doute défendu Marc Dubois devant la commission. 100 000 euros de subvention exceptionnelle ont été alloués par Ardenne Métropole. "On attend le département qui va se prononcer très bientôt, puis la Région qui va se prononcer également. Donc, j'imagine qu'il y aura quelques dizaines de milliers d'euros supplémentaires, reprend Didier Herbillon. Après, les collectivités ne pourront pas aller au-delà. La ville elle-même a participé à tout cela. Le football aujourd'hui n'est pas à portée des collectivités, et la loi d'ailleurs ne le permet pas vraiment. Y compris en Nationale 1. Les sommes en jeu sont considérables, d'ailleurs Sedan, n'est pas le seul club a connaître des difficultés. La moitié de toute la division est en difficulté. Je crois que le salut du CSSA ne peut venir que d'un soutien de l'environnement économique ardennais. Voire au-delà, parce qu'aujourd'hui, il y a des contacts avancés avec un certain nombre de sponsors potentiels en Belgique et au Luxembourg".

Des difficultés financières récurrentes

Jouer en National, c'est jouer dans "une division batarde, si je puis me permettre cette expression, précise encore le maire de Sedan. C'est une division où les coûts sont élevés, où il y a peu de montées, où il n'y a pas de droits télévision, et où la visibilité de la division n'est pas terrible. Le sponsoring se dirige plutôt vers la Ligue 2 et la Ligue 1. Contrairement à d'autres pays européens où il y a une véritable Ligue 3 professionnelle, en France ce n'est pas le cas. Ce n'est quasiment pas viable pour un club de vivre longtemps en Nationale 1."

C'est une terre de football Sedan. Ce n'est pas juste le club du coin. Je crois que pratiquement tous les Sedannais voire Ardennais ont une histoire avec le CSSA. C'est un club identitaire. Souvent je dis qu'il fait partie de l'ADN de la ville.

Didier Herbillon, maire de Sedan

Le budget du CSSA : entre 3 et 4 millions d'euros par saison. Cette année, tout comme les saisons précédentes, les caisses sont vides et le déficit plus que sensible. 900 000 euros à trouver pour renflouer les caisses, ce fut plus ou moins le même déficit sur les 7-8 dernières années. Alors pourquoi en 2023, la gestion du club est-elle pointée du doigt par les instances ?

"La différence avec les autres saisons...Marc Dubois a déjà dépensé beaucoup de son argent personnel, plusieurs millions d'euros et aujourd'hui, il n'est plus tout seul à la tête des affaires de sa boite. Il a même d'ailleurs passé la main à son fils et son fils lui dit stop, c'est l'argent familial finalement, c'est l'argent de la société et tout cela n'est plus raisonnable, explique encore Didier Herbillon. C'est certain que lorsque l'on ne parvient pas à rejoindre la Ligue 2, plus fiable économiquement, mettre au bout tous les ans plusieurs millions d'euros, je comprends que cela ne soit plus supportable. C'est pour cela qu'il faut qu'il y ait un environnement économique autour du club, plus puissant, plus collectif, pour qu'il puisse redevenir, demain, ce qu'il était."

Revoir le CSSA au plus haut niveau

L'histoire du club de football sedanais s'écrit depuis plus de 100 ans. Et son palmarès continue à rendre fier toute une ville voire tout un département. Champion de France lors de la saison 1949-1950, vainqueur de la coupe de France à deux reprises et finaliste trois fois, la dernière fois lors de la saison 2004-2005, le club a toujours l'ambition de retrouver le haut niveau du football français.

"C'est un club mythique le CSSA, il y a un stade de 23 000 places, il y a un centre de formation, il y a un public hors norme avec parfois des pics de fréquentation à 10 000 personnes pour des matchs importants, s'enthousiasme le maire sedanais. C'est une terre de football Sedan. Ce n'est pas juste le club du coin. Moi j'y tiens et ce n'est pas seulement parce que je suis maire de la ville, j'y ai moi-même joué pendant plusieurs années, j'y ai entrainé les jeunes. Je crois que pratiquement tous les Sedannais voire Ardennais ont une histoire avec le CSSA. C'est un club identitaire. Souvent je dis qu'il fait partie de l'ADN de la ville. Les Sedanais ont le moral au beau fixe quand le club gagne le week-end. Dans les bistrots le lundi matin, c'est plus sympa". 

Le stade Dugauguez, inauguré en 2000, n'est-il pas aujourd'hui source de dépenses trop lourdes pour un club de National ? Des charges qui pourraient grever le budget d'un club ? Rien à voir avec les difficultés financières actuelles, précise encore le premier magistrat de Sedan. "L'entretien du stade est pris en charge par la ville de Sedan, via sa contribution de 600 000 euros par an à Ardenne Métropole. C'est Ardenne Métropole qui gère mais c'est la ville de Sedan qui paye, il ne faut jamais l'oublier. Quand on transfère un équipement à une collectivité comme l'agglomération, on tranfert aussi l'argent nécessaire à son entretien. Le stade, en soi, n'est pas un handicap pour le club. Au contraire, il devrait être un objet de développement économique."

Fort de l'amélioration de ces derniers jours et l'arrivée de nouvelles subventions, le CSSA fera sans doute appel de la décision de la commission qui relègue le club en Nationale 2. 

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